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Pour la première fois dans l’histoire: Le sport tunisien va avoir son propre plan

Conférence nationale sur la stratégie du sport à l’horizon 2035, les 19 et 20 juillet 2024. Ces dates entreront-elles dans l’histoire du sport national ?

Tout d’abord et avant tout, il faudrait prendre en compte ce que représente cet intervalle. Elle représente trois olympiades et des dizaines de  « mondiaux », toutes disciplines confondues.

C’est ensuite une reconnaissance éloquente, reconnue, sans détour de la situation que vit le  sport national. C’est la première fois qu’un  ministre de la Jeunesse et des Sports l’avoue, franchement et sans complexe en présence de tous les représentants des ministères et autres autorités que compte le pays  : «Le modèle sportif adopté par l’Etat tunisien depuis plus de quarante ans a donné lieu à de nombreux résultats impressionnants et distingués aux niveaux continental et international et a fait naître de nombreux champions dans diverses disciplines,  mais ce modèle a atteint ses limites, d’où la nécessité de le réviser afin que nos réalisations sportives ne soient pas perdues à cause de cette usure inévitable et naturelle».

C’est encore un engagement ferme de l’Etat d’apporter collaboration, aide et soutien au sport national, en tenant compte de l’évolution de ce secteur devenu stratégique à plus d’un titre. Le ministre n’a pas manqué de relever que  « le sport n’est plus un luxe ni une pratique pour occuper notre temps libre, mais désormais  une activité qui s’adresse à toute la population,  un style de vie, une expression des peuples et un signe de progrès et de prospérité ».

Généraliser la pratique sportive à toutes les tranches d’âge, insuffler ce besoin vital  à toutes les régions de la République, mettre en place des réseaux permanents pour  la détection des jeunes talents et soutenir l’élite en instaurant  l’égalité des chances, dans le respect de l’éthique sportive deviennent des priorités.

Il est vrai qu’on n’a pas beaucoup parlé des ressources, mais nous savons que l’on a toujours un moyen de s’en tirer  en cas de besoin. Une fois ce secteur pris à bras-le-corps, la budgétisation devient dans l’ordre des choses et il n’y aura plus d’éléments d’élite abandonnés sur le pavé.

Elle est importante aussi, et surtout, pour ce qu’elle représente au niveau moral et psychologique. En effet, ceux qui sont directement impliqués, dirigeants, membres fédéraux, athlètes bien sûr, savent qu’il y a dorénavant sur qui compter. Et c’est important. L’État s’engage. C’est énorme. L’athlète d’élite est motivé et c’est l’essentiel, dans un milieu qui exige sacrifices et don de soi.

Bien entendu, à l’issue de cette conférence, où tout a été minutieusement préparé, tant au niveau technique avec une argumentation soigneusement élaborée et qui a mis à contribution toutes les régions du pays, qu’à celui de la réflexion, il y a eu un grand brassage d’idées. Au point de se demander de  quelle manière pourra-t-on les concrétiser.

Ce ne sera pas facile. Il y a des contraintes, des résistances, de la mauvaise foi de la part de ceux qui n’ont été là, que pour nuire ou pour protéger leur nid de roitelet. Il y aussi ceux qui se dévouent, croient, se battent pour leurs idées, pour leur idéal, pour soutenir leurs protégés contre vents et marées.

La réalité du sport tunisien, ses insuffisances et ses lacunes, tous ces problèmes auxquels il est confronté, dont l’infrastructure, le manque de financement, la mauvaise gouvernance, la frilosité des dirigeants parachutés et qui finissent par abandonner leurs clubs en route , ployant sous les dettes, exposés aux sanctions et menacés dans leur existence, sont des élément à prendre en considération.

D’où l’importance de la loi devant régir les associations, qui se fait attendre et dont la promulgation permettra de corriger une situation intenable, qui bloque tout projet de relance et de mise à niveau.

Conséquence de cette mauvaise gouvernance, cette absence de poigne et d’autorité, la chute libre de nos sports collectifs. La réapparition du phénomène croissant, de la violence dans les stades et les salles de sport, nécessitent une réflexion sérieuse et plus approfondie. C’est en effet à ce niveau que se situe le nœud gordien du sport national. Ces disciplines sportives qui exigent des moyens financiers conséquents  sont l’objet de tiraillements sans fin, qui interviennent dans leur gestion. Nos clubs sont endettés, menacés par les instances internationales qui ont eu à intervenir pour mettre de l’ordre au sein de la fédération de football par exemple.

Un camouflet pour un pays pionnier, qui a été à l’origine de l’essor du sport scolaire et universitaire maghrébin, qui a lancé sur le continent les écoles de sports qui a été à la base de la création de toutes les confédérations continentales, qui fournit des techniciens de valeur  qui ont imposé leur cachet un peu partout. C’est dire que nous possédons les moyens de notre future politique et que nos cadres sont en mesure de relever ce grand challenge. A condition bien entendu que la logistique suive et que les décisions répondent aux besoins de la situation.

Le sport tunisien, ne l’oublions pas, a toujours été la bouée de sauvetage des confédérations africaines et arabes, pour l’organisation de toutes les compétitions qui exigeaient une infrastructure à jour, des moyens de communications à niveau et des lieux d’hébergement disponibles en toute saison. Nous avons perdu cette aura et il s’agit de redorer ce blason, en abritant de nouveau les plus grands événements sportifs continentaux et internationaux.

Voilà les premières impressions laissées par  cette conférence nationale sur la stratégie du sport à l’horizon 2035.

L’assistance a été appelée à mettre en place un  plan d’action, pour faire évoluer notre sport. Nous souhaitons pour notre part, par respect à ceux qui ne sont plus là, préciser que les responsables actuels ont le devoir de remettre en selle un sport qui a été désarçonné par ceux qui sont passés ces dernières années, qui ont endossé des responsabilités qui les dépassent, favorisés par des circonstances politiques  qui ont tout bouleversé.

Se remettre sur le bon chemin est la voie  à suivre, parce que c’est la voix de la sagesse.

Ce que nous avons vu, entendu et ce qui a été noté, retenu, fermement promis, ont été des motifs de satisfaction.

Rendez-vous est pris pour… 2036, en vue de faire le bilan, tout en espérant que d’ici cette date butoir, il y aura du suivi, des séances de questionnement, de mise au point et à niveau pour éviter la baisse d’intérêt et le relâchement.

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