Economie tunisie

Politiques actives de l’emploi : Un bilan mitigé et des réformes urgentes

Face à l’inefficacité persistante des politiques d’emploi en Tunisie, le gouvernement a annoncé une réforme ambitieuse de la stratégie nationale pour l’emploi. Alors que les dispositifs existants peinent à répondre aux besoins du marché du travail, cette réforme vise à réorganiser la gouvernance de l’emploi et à renforcer l’employabilité des jeunes.

Instaurée dans les années 80 pour freiner la progression du chômage en Tunisie, la politique active du marché du travail (Pamt) s’est avérée peu efficace. Si elle a, durant ces quarante dernières années, permis à des centaines de milliers de jeunes de s’initier à la vie professionnelle, elle a en revanche échoué dans sa mission principale : faciliter leur insertion durable sur le marché du travail. 

À vrai dire, faire porter le chapeau uniquement aux politiques d’emploi serait une erreur, car la question du chômage est complexe et trouve son origine dans plusieurs facteurs, notamment macroéconomiques. 

Mais les politiques d’emploi et les interventions de l’Etat sur le marché du travail jouent un rôle essentiel dans son rééquilibrage, d’autant plus que celui-ci est néanmoins marqué par une dichotomie persistante : d’un côté, une croissance continue du nombre de postes non pourvus ; de l’autre, un taux de chômage élevé.

Refonte de la gouvernance de l’emploi

En effet, plusieurs rapports, qui ont été réalisés à ce sujet, soulignent l’inefficacité des programmes actifs du marché du travail en Tunisie et recommandent une refonte de la gouvernance de l’emploi d’une manière générale afin d’optimiser ces interventions et d’en améliorer l’impact. 

Il faut avouer que le problème n’est pas d’ordre financier : les dépenses consacrées à ces programmes représentent environ 0,8 % du PIB et 2 % des dépenses de l’Etat, un taux supérieur à la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (0,5 % du PIB). Bien que certaines études mettent l’accent sur la nécessité d’augmenter ces dépenses, jugées insuffisantes pour faire face aux enjeux du chômage en Tunisie. 

Mais c’est plutôt au niveau de la coordination et de l’évaluation de l’impact que le bât blesse, comme le souligne un rapport de la Banque mondiale. Fragmentée entre plusieurs ministères, départements, agences et une banque publique, la gouvernance dispersée de ces programmes nuit à leur efficacité. Pour rappel, la politique active de l’emploi en Tunisie s’articule autour de deux objectifs principaux : d’une part, rapprocher l’offre et la demande de travail via l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (Aneti) et la formation ; d’autre part, stimuler la création d’emplois à travers des mesures comme les subventions à l’emploi et l’encouragement au travail indépendant. 

Or, l’évaluation des programmes mis en place pour atteindre ces objectifs révèle leur efficacité limitée. 

Des dispositifs insuffisants

C’est, en tout cas, ce qu’a mis en évidence un récent rapport de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives sur la politique active de l’emploi en Tunisie. Entre des bureaux d’emploi techniquement inefficaces, l’absence de données sur l’impact des programmes de formation — pourtant prisés par les jeunes bénéficiaires —, et une subvention à l’emploi peu efficace pour réduire le chômage (notamment les Sivp), la politique active de l’emploi a encore du chemin à parcourir pour pallier l’insuffisance de ces dispositifs. 

Les dysfonctionnements qui ont été révélés concernant l’Aneti, un des principaux instruments de l’Etat dans ce domaine, soulignent la nécessité de sa réforme pour une meilleure couverture du marché du travail dans les régions (le taux ne dépasse pas les 50 %) mais aussi pour un meilleur encadrement des demandeurs d’emploi.  

Par ailleurs, l’absence de programmes de reconversion professionnelle constitue un véritable gâchis dans un contexte marqué par une forte inadéquation entre la formation académique des jeunes diplômés et les compétences recherchées par les entreprises.

Pallier les déséquilibres structurels

Quoi qu’il en soit, la révision de la stratégie nationale pour l’emploi et la réforme de sa gouvernance sont bel et bien engagées. C’est ce qu’indique un communiqué récent de la présidence du gouvernement, publié récemment à l’issue d’un conseil ministériel consacré à l’examen de la stratégie nationale de l’emploi et aux réformes adoptées dans ce secteur. «Le renforcement de l’employabilité des demandeurs d’emploi et la diversification des programmes disponibles sont essentiels pour créer des opportunités d’insertion et garantir des conditions de travail décentes», souligne le communiqué. 

Ainsi, cette révision survient à un moment crucial, s’inscrivant dans le cadre du vaste chantier des réformes menées par l’Etat. Un chantier qui devrait permettre de redresser un marché du travail encore trop marqué par des déséquilibres structurels et de rétablir l’efficacité des politiques publiques en matière d’emploi.

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