Politique sociale : Les retraités se sentent abandonnés
Les retraités occupent de nouveau le devant de la scène et montent au créneau pour exprimer leur colère. Il y a cinq jours, ils ont organisé un mouvement de protestation à Tunis pour revendiquer le réajustement des pensions de retraite et l’amélioration de leurs conditions de vie. Dans une logique d’escalade, semble-t-il, ils annoncent une nouvelle journée de mobilisation prévue le 2 mars prochain. Ils sont indignés et le font savoir. Témoignages.
Le secrétaire général de la Fédération générale des retraités, Abdelkader Nasri, a tenu, dans des déclarations accordées aux médias de la place, à dévoiler devant l’opinion la situation des retraités qui se détériore de plus en plus. Bon nombre de retraités touchent de l’ordre de 180 dinars. Une misère !
Pire. Sur un total de près de 1 million 250 mille retraités, plus de 500 mille perçoivent une pension mensuelle inférieure au salaire minimum garanti (Smig). Sachant que suite au vieillissement de la population qui a fortement progressé, durant ces dernières années, il est devenu urgent de penser à prendre des mesures efficaces dans un esprit d’équité sociale.
Selon les études effectuées, ledit vieillissement de la population tunisienne s’accélère. Des mesures sont prises en vue de garantir l’équilibre financier des caisses sociales ainsi que les dépenses en matière de couverture sanitaire. Car il est logique que les maladies chroniques accompagnent inévitablement les âges avancés.
Bon à savoir. Le nombre d’actifs, travaillant pour un retraité diminue inexorablement et constitue un phénomène irréversible. D’où la nécessité de mettre en place une stratégie fiable et viable, car il est à craindre d’enregistrer une baisse continue du pouvoir d’achat des retraités, ce qui explique la «révolte» actuelle de cette catégorie sociale.
Se contenter de la retraite
On soulignera, à ce propos, que le retraité est obligé de se contenter de sa pension, puisque par la force de la loi, nº 87-8 du 6 mars 1987, il lui est interdit de cumuler entre une pension de retraite et un revenu sous forme de salaire ou traitement dans le secteur privé.
Et même s’il existe certaines dérogations, elles sont tellement restrictives que pratiquement, cela revient à une interdiction de facto, pour la majorité écrasante des retraités, à moins qu’ils acceptent de renoncer à leur pension de retraite jusqu’à l’arrêt total de leur activité.
D’autre part, par manque de communication, les retraités ne savent pas avec exactitude le montant et la périodicité des éventuelles augmentations.
Interrogé à ce propos, un retraité de la Fonction publique assure ignorer tout ou presque de ces augmentations, ce qui l’empêche de planifier son budget sur le long terme. «Je suis obligé de me rabattre sur les statuts Facebook d’autres retraités pour en savoir plus sur la question, sans oublier que ces renseignements ne sont jamais précis, ni les mêmes, d’où le flou qui règne sur une question vitale qui nous concerne directement et au plus haut niveau…» se plaint-il.
Faire les calculs nous-mêmes
Un autre retraité du secteur privé assure qu’il «n’a jamais su exactement le montant de l’augmentation de la pension, puisqu’on est appelé à faire les calculs nous-mêmes à partir des augmentations salariales et du Smig. Et d’ajouter que, sincèrement, lesdites majorations sont tellement dérisoires qu’on n’arrive pas à percevoir le changement intervenu dans le montant mensuel de la pension».
Le même témoin précise, encore avec lassitude, «qu’il est regrettable de se sentir en marge de la société. On ne vit plus, mais on vivote. Une sensation vécue, tous les jours et à tous les niveaux», regrette-t-il avec amertume.
En tout état de cause, il est nécessaire que les autorités compétentes communiquent sur ces aspects qui touchent les retraités et, par ricochet, les membres de leurs familles, soit entre 3 et 4 millions de personnes, si l’on sait qu’en moyenne, chaque retraité a entre 3 et 4 personnes à sa charge.
Il y va de la dignité d’une catégorie sociale qui a servi la patrie des décennies durant.
La moindre des choses est qu’on leur garantisse des conditions de vie décentes, dans le respect matériel et moral.
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