Polémique sur la discrimination à l’égard des migrants en Tunisie : La Tunisie, un pays d’accueil ou de transit ?
Pour mieux comprendre, l’on se rappelle très bien la crise libyenne et les centaines de milliers de migrants, toutes nationalités confondues, qui avaient débarqué, en 2011, sur nos côtes, où des camps leur ont été dressés. Et un bon nombre parmi eux avait trouvé refuge dans des foyers, au sud du pays
Le discours qu’avait récemment prononcé le Président de la République, Kaïs Saïed, à propos de l’afflux massif des migrants subsahariens irréguliers vers la Tunisie a fait du bruit et divisé l’opinion publique entre opposants et sympathisants. Partout et sur les réseaux sociaux, un débat houleux s’est, largement, instauré, sur fond d’invectives et d’altercations à n’en plus finir. Un débat qui a fait remonter à la surface la polémique sur la question: la Tunisie est-elle un pays d’accueil ou de transit ? Nul n’est catégorique. Alors que certains ne le voient pas ainsi dans les deux cas.
Morale de l’histoire
Pour mieux comprendre, l’on se rappelle très bien la crise libyenne et les centaines de milliers de migrants, toutes nationalités confondues, qui avaient débarqué, en 2011, sur nos côtes, où des camps leur étaient aussi dressés. Et un bon nombre parmi eux avait trouvé refuge dans des foyers, au sud du pays. L’accueil si chaleureux et généreux fit, alors, un écho fort apprécié. Depuis, la Tunisie n’a jamais failli à ses valeurs d’hospitalité et du vivre-ensemble, ouvrant grande la porte à tous les migrants. En si peu du temps, leur nombre est exponentiellement monté, devenu encore illimité. Sans pouvoir même les recenser : 700 mille, un million, beaucoup moins ou plus, on n’en sait rien. Mais, le constat est sans appel, faisant état d’une forte concentration migratoire en situation irrégulière. D’origine subsaharienne, cette diaspora africaine s’est trouvée coincée dans l’illégalité et quasiment livrée à elle-même. Avec l’état de désordre et d’anarchie qui en découlait, au fil des jours et des mois. A Tunis, à l’Ariana ou à Sfax, censés être leur quartier général, ces migrants vivant en communauté ont osé tout faire pour défendre leur territoire. Même aux dépens de l’ordre public. Personne n’est au-dessus de la loi ! Tout se passait au vu et au su des organisations onusiennes basées sous nos cieux, auxquelles est mandatée la gestion de la question des migrations. Ce que l’OIM et l’Unhcr, deux grandes instances chargées de la protection et la prise en charge des migrants, n’ont pas pu, semble-t-il, juguler. De même, nos garde-côtes sont souvent pris à défaut. A cet égard, la manière de traiter cette question s’est, uniquement, limitée à des solutions sécuritaires. Une approche multiforme, loin s’en faut. Cette politique n’a pas réussi à contenir un tel phénomène aussi complexe. Et pourtant, l’on continue à s’en servir pêle-mêle.
Nul n’est au-dessus de la loi
Par ailleurs, certaines associations s’autoproclamant gardiens du temple n’ont rien apporté pour gérer ces flux migratoires. Faute de quoi, l’on assiste à des scènes de surexploitation, de violences et d’agressions contre des migrants. Ce climat discriminatoire avait plombé leurs conditions de vie déjà précaires.
L’on a signalé, ces dernières années, autant de crimes et de tentatives de crimes prémédités à leur encontre. Mais, il y avait eu, tout de même, certains migrants subsahariens qui ont été pris en flagrant délit d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Vivre-ensemble exige le respect de la loi. C’est aussi accepter l’autre dans toutes ses différences. Certes, il y a des exceptions, mais qui n’ont jamais été la règle. Et par conséquent, dire le contraire, sur fond d’accusations racistes, semble un peu excessif et n’a rien à voir avec la réalité. A ce propos, tout le bruit qui court n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Et encore loin de la « théorie du grand remplacement » à tendance dite complotiste, a priori inventée en France par l’extrême droite, « et qui est fondée plus sur des impressions que sur des données démographiques réelles, biaisée par une défiance de nature xénophobe et raciste ». En Tunisie, on est loin de là. Durant son histoire trois fois millénaire, aucun risque du changement de sa composition démographique n’a jamais existé. Le brassage des civilisations qu’avait connu le pays n’est, en fait, qu’une richesse culturelle.
Dans un discours beaucoup plus rassurant, le Président Saïed a précisé que la Tunisie qui avait, jadis, donné son nom « Ifriqiya » à l’Afrique à laquelle elle appartient, ne peut pas, par définition, le stigmatiser de la sorte. Et encore moins d’exercer, à son encontre, une telle discrimination raciale. Et de justifier que son appel à l’urgence de mettre fin aux flux des migrants subsahariens en Tunisie a été récupéré par « des imposteurs et malintentionnés » en utilisant la carte de la discrimination raciale. Or, depuis 2011, on n’a pas cessé de plaider pour l’application stricte de la loi sur le statut des étrangers établis sous nos cieux et sur le franchissement illégal de nos frontières. Aujourd’hui, ces mêmes plaideurs se contredisent, tournant en dérision leurs principes d’antan. On les voit marcher en plein centre-ville contre la discrimination à l’égard des migrants.
Auparavant, ces prétendus militants des droits de l’homme ont été réduits au silence, à moins qu’ils ne se targuent de militer encore pour le grand bonheur des migrants. Ils marchent, protestent, agissent tous azimuts, mais sans passer à l’action. On ne les a jamais entendus parler de vrais projets de soutien ou d’initiatives salutaires favorisant l’intégration socioéconomique des Subsahariens. Pourquoi, aujourd’hui, hausse-t-on ainsi le ton ? D’autant plus que la lutte contre tout franchissement illégal de nos frontières s’avère, alors, de bonne guerre. Ici comme ailleurs, l’application de la loi n’est pas une exception. En l’état, elle doit également s’appliquer à tous les citoyens vivant sur le sol tunisien. Y compris ces migrants subsahariens qui tentaient, à chaque fois, de faire leur loi. Statut régulier, nos amis et frères subsahariens n’ont pas de quoi s’inquiéter.
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