Point de vue | Un trompe-l’œil !
Chaâbani à l’EST, Saïbi au CA, Ben Younes à l’Etoile, Nabil Kouki au CSS, Mohamed Kouki à l’USM, Hammadi Daou au ST, Khaled Ben Yahia à l’ASM et la liste est encore longue des Tunisiens qui vont diriger des clubs avant le début du championnat. L’écrasante majorité de nos clubs ont décidé de «consommer» local, une tendance qui se confirme de plus en plus depuis des saisons. Les clubs tunisiens tendent de moins en moins vers les entraîneurs étrangers. Il y avait une époque où les favoris n’optaient que pour ces derniers. On avait l’école française, brésilienne, polonaise, ex-yougouslave, mais beaucoup moins l’école tunisienne pour «coacher» un favori au titre. Les temps ont donc changé, les entraîneurs tunisiens sont désormais adulés, valorisés et tiennent leur rang. Mais s’agit-il là d’un choix réfléchi, d’une option stratégique de la part de nos clubs ?
Il est clair en tout cas que l’entraîneur tunisien a l’avantage de bien connaître le football tunisien et ses rouages. Ensuite (et c’est là le facteur clef), l’entraîneur tunisien coûte toujours moins cher qu’un entraîneur étranger. On pense bien que le facteur économique demeure un argument-clef dans la ruée vers les entraîneurs tunisiens. Les grands noms étrangers, même ceux de moindre calibre, sont tentés par le Golfe, le Maroc, l’Egypte qui payent plus qu’ici. Nos dirigeants savent aussi que la résiliation du contrat d’un entraîneur est une opération plus compliquée (parce que plus réglementée) que celle d’un entraîneur tunisien. Même les grands clubs huppés ne veulent plus investir pour ramener un grand technicien étranger non seulement parce que ça coûte cher (dépréciation du dinar), mais aussi parce qu’un grand nom étranger ne va pas être docile et obéissant. Ce sont des entraîneurs confirmés, à la personnalité forte et qui ne veulent pas qu’on interfère dans leur travail. Les nôtres savent bien qu’aujourd’hui, les clubs tunisiens ne sont plus comme auparavant. Il y a des enjeux économiques si alléchants (transferts et commissions, salaires assez élevés) qui font que les dirigeants s’impliquent et influencent les choix d’un entraîneur. Nos entraîneurs sont malicieux dans ce sens. Ils marquent leur territoire et «acceptent» les interférences à degrés différents. Morale de l’histoire, la prédominance des entraîneurs tunisiens ne serait pas un indicateur de performance, mais plutôt une «obligation» économique et sportive. Un championnat crédible et fort, ça doit attirer des entraîneurs étrangers de qualité représentant différentes «cultures footballistiques». On n’a jamais réussi avec un championnat clos et réservé uniquement aux entraîneurs tunisiens. On doit surtout laisser tomber ce «chauvinisme» aveugle quand on parle d’entraîneurs tunisiens. C’est la compétence qui doit primer et non la nationalité, et qu’on n’oublie pas que nos entraîneurs ont été acceptés sur les championnats arabes. On a besoin de noms étrangers de qualité pour élever le niveau de tous.
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