PMA et crise climatique : Comment les banques centrales peuvent-elles intervenir ?
Les Pays les moins avancés (PMA) sont frappés de plein fouet par des obstacles multiples. Au cœur de cette complexité, les banques centrales des PMA se voient attribuer un rôle central, oscillant entre stabilité financière, mandats de développement et, de plus en plus, la nécessité de s’adapter aux défis climatiques émergents.
La pandémie du Covid-19 et ses répercussions économiques ont exacerbé les défis déjà colossaux auxquels font face les Pays les moins avancés (PMA). Et dans un contexte de ralentissement de la croissance, d’inflation, de tensions géopolitiques et d’une dette en constante augmentation, ces PMA sont confrontés à des déficits de financement vertigineux. La pandémie du Covid-19 et ses répercussions économiques ont exacerbé les défis déjà colossaux auxquels font face les Pays les moins avancés (PMA). Et dans un contexte de ralentissement de la croissance, d’inflation, de tensions géopolitiques et d’une dette en constante augmentation, ces PMA sont confrontés à des déficits de financement vertigineux. Le Rapport 2023 sur les PMA, publié récemment par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), met en lumière la complexité de la situation, soulignant notamment le rôle crucial des banques centrales dans ces pays.
Adaptation financière aux PMA
Selon l’analyse de la Cnuced, les 46 PMA, à travers leurs banques centrales, visent principalement la stabilité des prix, financière et monétaire, dans leurs politiques monétaires. Pour la plupart, ces banques centrales sont également sollicitées pour soutenir le développement économique, soit explicitement (32 sur 46 PMA), soit implicitement. Cependant, dans 20 PMA, la stabilité financière est également un co-objectif, souvent subordonné à celui de la stabilité des prix ou de la stabilité monétaire.
Le rapport souligne qu’à l’exception de Djibouti, aucune banque centrale des PMA n’a un mandat explicite en faveur de la durabilité. Seules deux d’entre elles (en Ethiopie et au Népal) font référence au développement durable dans leurs mandats, et trois (au Bangladesh, en République démocratique populaire lao, et à Sao Tomé-et-Principe) semblent avoir des mandats permettant d’exercer un pouvoir discrétionnaire. Bien que six banques centrales aient potentiellement la capacité d’instaurer une banque centrale climatique, le rapport suggère que toutes les banques centrales dotées d’un mandat de développement pourraient, en principe, soutenir la durabilité.
Les banques centrales peuvent aussi intégrer des outils climatiques dans leurs politiques
Les systèmes financiers des PMA, principalement axés sur les banques, rencontrent des défis en matière d’accès au crédit, avec des taux d’intérêt élevés dans certains cas, notamment pour les ménages pauvres et les petites entreprises. La popularité croissante des systèmes de paiement par téléphone mobile offre une évolution intéressante, bien que leur réglementation puisse être insuffisante, créant des risques pour la stabilité financière. La pandémie du Covid-19 a exercé des pressions significatives sur les systèmes financiers des PMA, entraînant une augmentation des prêts non performants. Les interventions gouvernementales et des actions des banques centrales ont été nécessaires pour stabiliser ces systèmes financiers, mais la capacité d’intervention était limitée en raison d’un espace politique restreint et de la superficie des systèmes financiers. Cette situation a engendré des défis pratiques de la mise en œuvre de la politique monétaire dans les PMA. Le rapport souligne que l’augmentation de la dette publique et privée crée des défis pour les banques centrales, qui doivent maintenir des taux d’intérêt bas tout en évitant les dévaluations de la monnaie, particulièrement lorsque la dette est libellée en devises étrangères. Les régulations financières reposent souvent sur des cadres microprudentiels plutôt que macroprudentiels, et bien que les PMA ne soient pas membres du Comité de Bâle sur la surveillance bancaire, ils adoptent souvent des réglementations liées à Bâle pour signaler la stabilité de leurs systèmes financiers.
Interactions entre les mandats des banques centrales et les outils climatiques
Les banques centrales des PMA peuvent tirer parti de leurs mandats existants pour identifier des outils climatiques potentiels. Les mandats explicites de 32 PMA incluent la promotion du développement, tandis que 15 ont à la fois un mandat de développement et de durabilité financière.
Dans le même sillage, le document ajoute que la coordination entre les politiques fiscales, monétaires et financières est cruciale pour aborder les défis climatiques, et les outils d’atténuation et d’adaptation climatique doivent être conçus de manière à ne pas compromettre les objectifs primaires des banques centrales.
En ce qui concerne la classification des outils recommandés de la banque centrale climatique, la Cnuced affirme que trois catégories d’outils sont suggérées pour les banques centrales des PMA : les outils analytiques ajustés au climat, les outils d’exposition au risque climatique et les outils d’atténuation et d’adaptation climatique. Des projections macroéconomiques ajustées au climat, des tests de résistance climatique, des exigences de capital ajustées aux risques climatiques sont parmi les exemples d’outils recommandés.
En guise de conclusion, le rapport souligne l’importance pour les PMA d’intégrer des outils climatiques dans leurs politiques monétaires pour relever les défis économiques actuels. La coordination entre les différentes politiques et la conception prudente des outils sont nécessaires pour garantir une approche holistique et efficace face aux enjeux climatiques.
L’article PMA et crise climatique : Comment les banques centrales peuvent-elles intervenir ? est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.
lien sur site officiel