Plongée dans une crise grave depuis des années : Pourquoi faut-il sauver Snipe-La Presse ?
A quelques jours de son anniversaire, où La Presse soufflera le 12 mars prochain sa 87e bougie, les employés de Snipe-La Presse demeurent sans salaires, sans primes, sans couverture sociale et sanitaire. Mais le plus grave est que ce journal risque de disparaître des kiosques dans quelques semaines si rien n’est fait et dans l’urgence. Sinon ce serait rompre une vieille histoire d’amour entre La Presse et ses lecteurs qui dure depuis plus de 87 ans encore.
Snipe-La Presse, l’entreprise publique éditrice des journaux La Presse et Assahafa, sous tutelle de la présidence du gouvernement, vit depuis 2011 une crise qui s’est amplifiée avec les années suivantes sans que l’Etat ne daigne lui trouver les solutions qui s’imposent pour la réformer et lui baliser la voie de la prospérité et de la croissance. C’est un journal auquel on a souhaité la mort douce et la cessation d’activité depuis le gouvernement Hammadi Jebali qui a décidé un désabonnement public, en passant par les gouvernements successifs qui ont laissé pourrir sa situation financière jusqu’à son récent étranglement à coups de saisie sur les comptes par les services des impôts qui absorbent de façon récurrente toutes ses recettes financières issues de la vente et de la publicité.
A maintes reprises, le Chef de l’Etat Kaïs Saïed avait souligné la nécessité de préserver La Presse, la Cheffe du gouvernement, Mme Najla Bouden, a aussi exprimé la volonté du gouvernement de conserver Snipe-La Presse en tant que média public. Pourtant, dans les faits, au niveau des départements ministériels, on continue à tirer à boulets rouges et à enrayer tous les projets de réforme présentés au gouvernement par l’entreprise. La sonnette d’alarme a été à maintes reprises tirée par le syndicat de base de Snipe-La Presse ainsi que par le Syndicat national des journalistes tunisiens sur la situation critique de l’entreprise. Tout le monde sait que la pandémie de Covid et l’envolée des prix des intrants pour l’impression des journaux ont porté un coup dur aux médias écrits dans le monde et en Tunisie. Mais le soutien de l’Etat est demeuré inadéquat pour sauver cette entreprise historique qui a joué un grand rôle en tant que média public.
A quelques jours de son anniversaire où La Presse soufflera le 12 mars prochain sa 87e bougie, les employés de Snipe-La Presse, demeurent sans salaires, sans primes, sans couverture sociale et sanitaire.
En effet, tout au long de son histoire, La Presse s’est imposé comme un acteur phare de la vie médiatique en Tunisie. D’ailleurs, malgré la crise de la presse écrite, le journal garde encore le taux d’audience le plus élevé dans le paysage de la presse francophone dans le pays. Et pour cause, c’est le journal le plus ancien de Tunisie qui paraît sans interruption, ou presque, depuis le 12 mars 1936. Son parcours est fortement scellé à celui du pays. Il porte dans ses colonnes l’histoire de la Tunisie et des Tunisiens. Journal de référence, il a survécu aux tumultes et aux soubresauts qu’a connus le pays depuis le siècle dernier. Il a été témoin de tous les clivages, de toutes les tentations et des dérives de tous les courants politiques.
Il a pu, tour à tour, résister aux injonctions de la colonisation et aux sommations de la Seconde Guerre mondiale. Mis au pas dès l’indépendance, ce journal fut mis en coupe réglée par les régimes successifs. Il retrouvera sa liberté à l’aube de la Révolution du 14 janvier 2011.
Depuis, il entame une ère nouvelle. Celle où il prospère en tant que bastion de la liberté de penser, de la diversité des opinions et de la démocratie citoyenne.
Une noble mission qu’il s’attache à accomplir contre vents et marées. Ce qui a procuré rapidement au journal le rayonnement qu’on sait, et fait de lui un acquis majeur du processus de réformes en Tunisie.
Bien qu’ils aient été souvent en indélicatesse avec les différents pouvoirs et gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier, ses journalistes ont accompli leur devoir avec engagement et volontarisme. Au prix de plusieurs tracasseries et menaces parfois. Ils n’avaient, cependant, jamais rompu le dialogue ni avec les autorités ni avec la société. Ce qui a permis au journal de réaliser, parfois, de grandes avancées. Géré par des professionnels de l’information, ce médias public a toujours aspiré à être un bon régulateur de l’information en Tunisie et une bonne adresse où se ressourcent les médias étrangers.
A l’instar du peuple tunisien, La Presse est fortement opposée à l’extrémisme et au jusqu’au boutisme, et prône le dialogue et l’ouverture.
Aujourd’hui, La Presse se veut un journal qui tire sa force morale du dévouement de ses journalistes, de ses lecteurs, hommes et femmes, et de ses dirigeants.
Consciente des défis de l’étape de la transition actuelle, son équipe tente d’aborder tous les sujets avec professionnalisme afin de poser haut et fort les problèmes et les préoccupations des Tunisiens, avec la certitude qu’ils tombent dans des oreilles attentives et habilitées à leur donner l’écho positif qu’ils méritent.
Journalistes, techniciens et employés, l’ensemble de l’équipe œuvre à baliser la voie à une croissance qui positionne La Presse comme un titre leader de la presse francophone en Tunisie. Et ce, par le biais d’une progression forte et durable qui gagne de nouveaux lecteurs à chaque édition et en se donnant comme priorité de toucher un lectorat de plus en plus jeune.
Certes, l’évolution des goûts du public, la multiplication de l’offre audiovisuelle et la qualité de la concurrence nous obligent à réfléchir sur les moyens d’améliorer le produit pour maintenir nos positions et renforcer le positionnement de ce média.
Pour cela, toute l’équipe œuvre à enrichir d’une palette de nouveaux services, les colonnes du journal, afin de mieux toucher un lectorat extraordinairement diversifié.
De toute évidence, la mise en relation intelligente de l’actualité avec les archives du journal apporte une réelle valeur ajoutée. Grâce à la somme de ses années de parution, La Presse sait que tout l’art du journalisme est de savoir mélanger le chaud et le froid. Il est indéniablement parmi les rares supports à pouvoir proposer à la fois des informations fraîches et des archives consistantes.
Fidèle à son identité, La Presse se doit aujourd’hui de demeurer un journal de référence. Pour cela, le Chef de l’Etat et la Cheffe du gouvernement sont appelés à venir à sa rescousse en soutenant financièrement l’entreprise et en accélérant la mise en œuvre des réformes soumises.
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