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Place des femmes dans l’agriculture: Les ouvrières agricoles risquent d’abandonner le métier

Un premier congrès national sur les ouvrières agricoles a été organisé les 10 et 11 mars dernier, au cours duquel les participants ont appelé à réviser les législations du Code du travail, dans le but de garantir aux ouvrières agricoles les droits à la couverture sociale, à un transport conforme aux normes de sécurité et à une rémunération plus juste

Une des principales spécificités caractérisant le secteur agricole en Tunisie réside dans la nature de la main-d’œuvre — majoritairement féminine — assurant la bonne marche des activités et de la production. D’où la nécessité d’accorder à cette catégorie professionnelle et sociale tout l’intérêt requis afin de permettre aux femmes agricoles de travailler et de vivre dans la dignité.

Avant de passer aux diverses propositions et autres programmes devant fournir les solutions adéquates à cette problématique, il est utile de procéder à la présentation d’un tableau de leur situation actuelle.

Pas moins de 67 accidents graves entraînant 54 décès et 787 blessés ont eu lieu depuis 2015 jusqu’au 24 septembre 2023. Un bilan officieux présenté par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes). Sachant que le bilan s’est alourdi à partir de 2019, avec 31 accidents, 14 morts et 274 blessés.

Et pas plus tard que ce 3 octobre, une ouvrière est morte et 8 autres ont été blessées dans un grave accident de la circulation survenu dans la délégation de Sidi Ali Ben Aoun, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Un autre accident a eu lieu dimanche 24 septembre dans la région de Bir El Hfay (Sidi Bouzid), entraînant 22 blessées, outre le chauffeur du camion.

La majorité écrasante de ces accidents se produisent dans les gouvernorats du nord-ouest et du centre-ouest, avec une triste palme pour le gouvernorat de Sidi Bouzid et un taux qui avoisine les 30%.

Couverture sociale et transport aux normes

On souligne que la série d’accidents relatifs au transport non réglementé des ouvrières agricoles se poursuit, même après la promulgation de la loi n°52 de l’année 2019, comme l’a mentionné récemment un communiqué du Ftdes.

Face à cette calamité, autorités et société civile s’activent à trouver des solutions qui, pour l’heure, n’ont pas grand effet.

Un premier congrès national sur les ouvrières agricoles a été organisé les 10 et 11 mars dernier, au cours duquel les participants ont appelé à réviser les législations du Code du travail, dans le but de garantir aux ouvrières agricoles les droits à la couverture sociale, à un transport conforme aux normes de sécurité et à une rémunération plus juste.

Des spécialistes et des experts universitaires, cadres sociaux et médicaux ont défendu avec force le principe de la promulgation de deux lois consistant, d’un côté, à garantir la couverture sociale des ouvriers et ouvrières agricoles et, de l’autre, à régir les modalités de leur transport dans des conditions de sécurisation optimale.

La question des rémunérations a été également évoquée. Puisqu’une ouvrière agricole a un salaire beaucoup moins élevé que celui d’un homme et des chances très réduites d’accéder aux mécanismes de protection sociale.

A cet effet, et parmi les recommandations du congrès, la révision des grilles du salaire minimum agricole garanti (Smag). Tout en mettant l’accent sur l’impératif d’activer les mécanismes de contrôle et d’inspection relatif au secteur.

Rareté de la main-d’œuvre

La situation sociale et la stabilité de l’emploi ont été également évoqués.

D’où la proposition de doter les ouvrières agricoles de cartes professionnelles pour protéger leurs droits et leur conférer un sentiment de tranquillité. Des programmes d’autonomisation économique des ouvrières désireuses de lancer des projets agricoles devraient être mis en place.

En leur facilitant les procédures de création et de financement des projets.

A cet effet, un nouveau programme d’autonomisation économique des femmes travaillant dans le secteur agricole a été finalement lancé par le ministère de la Famille. Il devra cibler dans un premier temps les gouvernorats de Kairouan et de Sidi Bouzid. Un fonds de près d’un million de dinars a été levé.

Les femmes agricoles représentent, mine de rien, près de 80% de la main-d’œuvre du secteur. Paradoxalement, elles jouissent d’un degré minimum des droits sociaux et économiques.

Or, sans une amélioration notable de leurs conditions de travail et de vie, les femmes agricoles risquent de quitter le métier, dans un secteur qui souffre déjà de la rareté de la main-d’œuvre.

>>Lire aussi: Femme rurale: La cheville ouvrière de la société

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