Economie tunisie

Pénurie des produits de base : Le chantier des réformes toujours pas entamé !

En Tunisie, la pénurie des produits de base est le résultat de multiples facteurs, notamment l’instabilité politique, la dépendance aux importations, la dépréciation de la monnaie et la gestion inefficace. Pour résoudre cette crise et améliorer la vie des Tunisiens, des réformes économiques et politiques sont nécessaires pour garantir une distribution équitable des produits de première nécessité et stimuler la croissance économique.

Alors que la Tunisie s’efforce de faire face à un ensemble de défis économiques et sociaux, une crise préoccupante prend de l’ampleur depuis un bon moment : la pénurie des produits de base.

Dans les quatre coins du pays, les étagères des supermarchés qui se vident rapidement, les hausses de prix incessantes et les files d’attente pour obtenir des produits de première nécessité sont devenus le quotidien des Tunisiens.

Cette situation met en lumière les pressions grandissantes auxquelles est confronté le pays et suscite des préoccupations quant à la stabilité économique et sociale. Certes, la pandémie liée au Covid-19 et le conflit russo-ukrainien étaient la goutte d’eau qui a fait déborder le vase avec la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, mais cette crise aiguë ne se limite pas à ces aspects économiques flagrants, elle touche aussi à d’autres questions plus complexes.

Instabilité politique, dépendance aux importations…

En effet, la Tunisie, comme de nombreux autres pays, a été confrontée à une pénurie croissante de produits de base au cours des dernières années. Cette crise a des implications profondes pour la population tunisienne, tant sur le plan économique que social et plusieurs facteurs ont contribué à cette situation préoccupante.

En tête de liste, on cite la crise et l’instabilité politique qui a régné dans le pays depuis la révolution de 2011. De nos jours, la Tunisie ne cesse de traverser une période d’instabilité politique, marquée par des changements fréquents de gouvernement et des tensions politiques persistantes. Cette instabilité a entravé la mise en œuvre de politiques économiques cohérentes et a découragé les investissements étrangers.

Il y a aussi la dépendance aux importations. Depuis des siècles, la Tunisie dépend fortement des importations pour de nombreux produits de base, y compris les céréales, le pétrole et le gaz. Au fil des années, les fluctuations des prix mondiaux des matières premières ont un impact direct sur les coûts de ces importations, ce qui peut entraîner des hausses de prix sur le marché intérieur.

À cet ensemble, on ajoute un autre facteur étroitement lié à son prédécesseur et qui ne peut pas passer inaperçu, à savoir la dépréciation de la monnaie.

Le constat est là, et on ne peut pas le nier ! La dépréciation du dinar tunisien par rapport aux principales devises étrangères (notamment l’euro et le dollar) a, également, contribué à la hausse des prix des produits importés. Cela a eu un impact sur le pouvoir d’achat des Tunisiens et a augmenté la pression sur les produits de première nécessité.

Par ailleurs, des études internationales n’ont pas manqué de pointer du doigt les subventions gouvernementales inefficaces. En effet, depuis des années, le gouvernement tunisien a maintenu des subventions sur certains produits de base pour atténuer l’impact sur les consommateurs. Cependant, ces subventions se sont souvent révélées «inefficaces» et «coûteuses», car elles profitent à des groupes privilégiés plutôt qu’aux plus démunis.

Ceci sans oublier la corruption et la gestion inefficace au sein des organismes gouvernementaux chargés de la distribution des produits de base qui ont contribué à des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. À maintes reprises, des cas de détournement de produits subventionnés ont été signalés, ce qui a alimenté la crise.

Besoin de réformes structurelles

Certes, la résolution du problème de la pénurie des produits de base en Tunisie est un défi complexe qui nécessite une approche à la fois globale et coordonnée. De l’avis de plusieurs experts, pour résoudre la crise de la pénurie des produits de base de manière durable, la Tunisie doit envisager des réformes structurelles. Cela pourrait inclure une révision des subventions, des mesures visant à stimuler la production locale et à réduire la dépendance aux importations, ainsi que des efforts pour lutter contre la corruption. Tout d’abord, il est indispensable de diversifier les sources d’approvisionnement en produits de base essentiels, ce qui va réduire sa dépendance à l’égard de quelques fournisseurs. Cela pourrait impliquer la recherche de nouveaux partenaires commerciaux et la promotion de l’agriculture locale pour augmenter la production nationale.

La réforme peut, aussi, inclure l’amélioration de l’infrastructure logistique, car investir dans l’infrastructure de transport et de logistique peut contribuer à réduire les coûts de distribution et à garantir un approvisionnement plus stable des produits de base.

Par ailleurs, il est plus que temps de créer des réserves stratégiques de produits de base—comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays—pour pouvoir faire face aux perturbations temporaires de l’approvisionnement. Ces réserves peuvent être gérées par le gouvernement ou par des acteurs privés sous réglementation.

Et comme l’agriculture est le socle de l’économie tunisienne, il faut promouvoir ce secteur étant donné que le renforcement de l’agriculture locale et la promotion de la production alimentaire nationale peuvent réduire la dépendance aux importations. Cela implique des investissements dans les technologies agricoles, la formation des agriculteurs, le soutien aux petites exploitations…

Dans ce même cadre, il faut encourager la diversification de l’économie tunisienne pour pouvoir réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs. Cela signifie investir dans des secteurs autres que l’agriculture pour créer des emplois et stimuler la croissance économique.

La Tunisie devrait aussi élaborer des politiques économiques visant à renforcer sa résilience aux chocs économiques et financiers (notamment en développant des mécanismes d’assurance adéquats), collaborer avec des partenaires internationaux pour garantir un approvisionnement continu en cas de crise (cela peut inclure des accords bilatéraux ou régionaux sur les produits de base), investir dans la recherche et le développement agricole, ce qui peut améliorer la productivité et la résistance aux chocs climatiques, contribuant ainsi à une production alimentaire plus stable…

Finalement et non moins important, une gestion efficace des subventions. Si des subventions sont utilisées pour maintenir des prix stables, il est essentiel de les gérer de manière efficace et transparente pour éviter les abus et le gaspillage. Mais en parallèle avec cette mesure, il faut aussi sensibiliser la population à la gestion des ressources alimentaires, à la réduction du gaspillage alimentaire et à l’importance de la sécurité alimentaire, ce qui peut contribuer à une meilleure utilisation des produits de base.

Certes, ces mesures nécessitent une planification à long terme, une coordination gouvernementale et des ressources financières adéquates qui doivent être intégrées dans une vision stratégique de développement économique.

Ce chantier de réforme peut, aussi, aider à atténuer le problème de la pénurie des produits de base en Tunisie, mais il exige un engagement soutenu et des efforts continus de la part du gouvernement, du secteur privé et de la société civile ainsi qu’une gestion transparente et responsable des ressources.

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