Pascal Tessaud, réalisateur français de « Dans la Peau » à la Presse : « Le film est le résultat d’une œuvre collective »

Son travail est le résultat d’une œuvre collective de trois cents personnes. Plusieurs associations l’ont soutenu dans son initiative. L’objectif consiste à faire émerger un cinéma d’auteur indépendant qui est le désir des habitants de Marseille.
Pascal Tessaud, réalisateur français, était présent à la 14e édition du Fifej (8-12 avril 2025) pour présenter « Dans la Peau », son deuxième long métrage, un thriller amoureux, proposé à la compétition. Le film a été tourné dans le quartier nord de Marseille et raconte l’histoire de Kaleem, ouvrier dans le bâtiment, passionné de sport qui tombe amoureux de Marie, architecte dans les beaux quartiers. Une relation amoureuse un peu compliquée qui raconte Marseille de l’intérieur.
« Je suis très sensible à la jeunesse et au talent. J’ai fait un atelier durant cinq ans dans le quartier nord de Marseille dans une association qui donne des cours gratuitement à une centaine de jeunes en les initiant aux techniques de jeux. J’ai accompagné beaucoup de jeunes et c’est en faisant ces ateliers que j’ai pu me rendre compte de leur potentiel.
J’ai alors décidé de partir à l’aventure avec beaucoup de ces néophytes que j’ai formés aux jeux à l’actor studio », explique Pascal Tessaud.
Profitant de la spontanéité des jeunes, le réalisateur-formateur a pu peaufiner son scénario. « Il y a une invisibilité de ces jeunes dans la ville de Marseille où il existe une fragmentation de la société, particulièrement chez la population issue de l’immigration, dont les Maghrébins et les Comoriens », indique-t-il, ajoutant que lui-même a grandi en banlieue parisienne dans la mixité et le mélange culturel et s’est rendu compte qu’il y a une invisibilité dans le cinéma d’auteur à Marseille.
« Pour moi, c’est un acte nécessaire de raconter l’histoire d’une famille comorienne musulmane », souligne-t-il. En dirigeant les workshops avec les jeunes Comoriens, il a pu affiner son scénario pour qu’il colle à la problématique familiale et sociale de cette jeunesse. Son expérience dans le documentaire télévisé lui a permis d’être en immersion avec cette jeunesse.
Son scénario est donc le résultat d’une œuvre collective de trois cents personnes. Plusieurs associations l’ont soutenu dans son initiative. L’objectif consiste à faire émerger un cinéma d’auteur indépendant qui est le désir des habitants de Marseille. Dans le film « Dans la Peau », il est question de famille, d’intégration sociale et d’art puisque le cœur principal du film est la danse avec un grand danseur international de Krump. « Mon but est de montrer le potentiel artistique et la magie de cet art de la danse Krump qui a pris naissance à Los Angeles après les émeutes de 1992 », précise le réalisateur.
Par ailleurs, Pascal Tessaud a écrit un livre d’entretien avec le cinéaste franc-tireur Paul Carpita, dont certains de ses films ont été interdits. Son amour pour Marseille est sans limites. Il la connaît très bien depuis longtemps.
« Ce que j’aime dans cette ville est qu’elle est prolétaire », se réjouit-il. Il a tissé des liens depuis cinq ans à l’académie Movida et s’est impliqué dans la transmission auprès des jeunes des quartiers populaires où il n’y a pas de politique culturelle et où l’art peut sauver cette jeunesse.
L’approche cinématographique qu’il a adoptée consiste en ce que tout part des personnages. Il a fait deux mois d’exercices d’improvisation et à l’issue de ces exercices, il a dû changer quelques situations et des dialogues. Son film est un thriller amoureux influencé par son modèle le cinéaste américain James Gray. « Dans la peau » est tourné en scope et est très stylisé. La grande scénariste Frédérique Moreau a collaboré à l’écriture du scénario qui a duré quatre ans. « L’approche est dans la confiance que je donne aux acteurs. Je considère que l’âme du cinéma, c’est les acteurs », conclut-il. Sa participation au Fifej de Sousse est une première dans un pays arabe.
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