Economie tunisie

Partenariat Tunisie-UE | Marcus Cornaro, ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie : “La Tunisie est le premier partenaire qui devrait bénéficier le plus de cette politique européenne de relocalisation”

 

Liées par la proximité géographique mais aussi par des relations économiques solides, la Tunisie et l’Europe partagent des intérêts économiques communs. Les investisseurs européens, s’appuyant sur  la politique européenne du nearshoring et de relocalisation industrielle, lorgnent avec beaucoup d’intérêt les atouts de la Tunisie qui a engagé des réformes économiques visant à stimuler l’investissement sur son sol. Rencontré en marge de la 21e édition du forum de Tunisie sur l’investissement qui a été organisée, cette année, par l’agence Fipa avec l’appui de l’Union européenne, l’ambassadeur de l’UE en Tunisie,  Marcus  Cornaro, revient sur les moments clés de ce forum mais aussi sur le soutien apporté par l’Europe à l’économie tunisienne. Industrie, investissement et transition énergétique, tels sont les mots phares qui ont ponctué cette interview.

L’Union européenne a soutenu, cette année, la 21e édition du forum de Tunisie sur l’investissement. Est-ce un message clair que l’Union européenne continue d’appuyer la Tunisie, l’économie tunisienne ?

Absolument. Je pense que l’économie est le grand secteur porteur de notre partenariat. Déjà en termes de présence, tout au long des décennies passées, d’entreprises européennes qui continuent de se développer en Tunisie. Pour l’instant, on parle quand même de 3.400 entreprises européennes installées ici. Quand je suis arrivé, on comptait seulement  3.000 entreprises. Il y a eu une croissance de 10% du nombre des entreprises européennes qui ont choisi de s’implanter en Tunisie. Mais le plus important, c’est le nombre d’emplois créés qui a augmenté de plus de 15% au cours de cette même période. A l’époque on comptait environ  400.000 emplois, aujourd’hui, le nombre a sensiblement augmenté. Sans oublier que cette croissance a été enregistrée, déjà dans un contexte qui était difficile: la crise Covid, évidemment mais aussi des incertitudes des deux côtés. Donc, déjà dans un contexte difficile, les choses avancent. L’organisation de ce  forum d’investissement est un message adressé des deux côtés tunisien et européen pour dire qu’on peut faire mieux à la fois en termes de messages pour rassurer les investisseurs, mais aussi en termes d’amélioration du cadre  d’investissement. C’est aussi un message pour dire que la Tunisie ne se renferme pas sur soi. Parfois, on pourrait avoir cette impression mais c’est bien le contraire. Et je pense que le gouvernement et les intervenants l’ont très bien annoncé. Au contraire, la vision de la Tunisie est de garder cette ouverture. Garder cette ouverture et trouver aussi une certaine compétitivité, parce que sans compétitivité, il y a très peu d’innovation.  Les secteurs dont on a parlé lors de ce forum ne concernent pas uniquement l’automobile et le pharmaceutique mais aussi l’énergie. L’amélioration de la compétitivité de ces secteurs passe par l’innovation technologique, mais également par l’innovation entrepreneuriale. Tout cet esprit, je le retrouve ici dans ce forum. Je pourrais aussi dire que l’organisation conjointe de  ce forum fait aussi partie d’un engagement qu’on a pris lors de la signature du mémorandum d’entente en juillet dernier avec le gouvernement, que les médias ont souvent mal compris et pris pour un mémorandum sur la migration. Alors qu’en réalité, loin de cela,  l’aspect migratoire n’était qu’un des cinq piliers qui forment ce mémorandum. Dans le cadre de ce forum, nous faisons la part belle à deux autres piliers importants, à savoir l’investissement et l’aspect énergétique.

Aujourd’hui, la Tunisie est en train de mettre en place des réformes économiques visant à améliorer son environnement des affaires. Selon vous, comment les investisseurs européens perçoivent-ils ces réformes-là ?

Je suis sûr que les investisseurs présents lors de ce forum qui ont écouté les interventions et qui maintiennent leur engagement envers le tissu tunisien vont partir encore plus rassurés. Je pense qu’il y avait des idées supplémentaires. Des annonces concrètes ont été dévoilées. La ministre de l’Economie a parlé de pas mal de mesures, notamment la suppression des autorisations préalables et leur remplacement par des cahiers de charges dans de nombreux  secteurs. Déjà, c’est une avancée en soi. Nous avons également entendu le gouverneur de la Banque centrale, qui a récemment piloté une réforme du code des changes, qui, une fois approuvée par l’Assemblée des représentants du peuple, permettra d’avoir un cadre plus clair, plus léger et plus facile pour les investisseurs. Nous avons également entendu la ministre des Finances, qui s’est montrée très soucieuse vis-à -vis de la législation fiscale  qui ne doit pas, selon elle, peser lourd sur les investissements. Elle a mis l’accent notamment sur les accords interdisant la double taxation conclus avec une cinquantaine de partenaires. Tout cela constitue déjà un bon message. Nous-mêmes, on est là pour encourager la Tunisie à faire plus, pour démontrer que ce travail donnera des résultats  concrets en termes de chiffres, en termes d’emplois créés. En outre, je reste aussi convaincu que la transition énergétique sera vraiment le secteur porteur dans les années à venir qui va tirer l’économie vers le haut. Pourquoi ? Parce que  la Tunisie a pris quand même beaucoup de retard en matière de transition énergétique malgré les opportunités qu’offre  ce pays. Mais entre-temps, il est clair que le gouvernement actuel a vraiment changé de cap, à mon sens, et vise pleinement cet objectif. Un pays qui, pour l’instant, ne produit que 4% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique  avec toutes les opportunités  qu’il recèle, peut certainement rattraper facilement ce retard. Et pour soutenir ce processus de transformation, nous avons signé, lors de ce forum un accord d’entente sur l’aspect énergétique qui aidera les entreprises concernées à avoir une vision claire sur tout ce qui est aspect réglementaire, règles de jeu et perspectives en rapport avec l’énergie verte, la transition énergétique, mais aussi l’investissement dans l’hydrogène vert.

Justement, par rapport à  la transition énergétique, l’Europe mise énormément sur les pays nord-africains, y compris la Tunisie, pour assurer son approvisionnement en hydrogène vert. Comment la Tunisie peut-elle se positionner dans cette chaîne de valeur européenne?

Je serais plus prudent en disant que ce n’est pas uniquement l’hydrogène vert qui est en point de mire. Car la Tunisie a encore un grand chemin à faire et a beaucoup à capitaliser, en matière de transition verte, dite normale, c’est-à-dire l’énergie solaire et éolienne. Il y a énormément de potentiel, énormément de possibilités. C’est vrai, l’hydrogène est une perspective qui s’ensuivra, après. C’est plutôt une question d’innovation. Mais il faut quand même savoir que la production d’hydrogène est très énergivore en soi. Donc un pays qui n’a pas de possibilité d’investir dans l’énergie verte classique, c’est-à-dire le solaire ou l’éolien, n’arriverait jamais à produire l’hydrogène dans le futur. Le processus est  sur le bon chemin. Mais moi, je pense au low hanging fruit. Et la prochaine étape, c’est vraiment d’accélérer le passage vers une énergie durable classique. Mais il est important de rester en contact avec des entreprises, des chercheurs, qui sont déjà dans l’innovation et la préparation de la filière  de l’hydrogène.

Aujourd’hui, l’Europe est en train  de relocaliser ses industries stratégiques. La Tunisie peut-elle se positionner dans le cadre de cette nouvelle  politique industrielle européenne ?

Absolument. La Tunisie est aux premières loges, grâce au  near-shoring, mais aussi au friend-shoring. C’est à la fois un pays ami et un pays voisin. Et c’est ce qui est en train de se passer dans les secteurs de l’automobile, le pharmaceutique et les autres secteurs visés grâce au nearshoring et à la redéfinition des chaînes de valeur. La session plénière Global Gateway du forum a abordé cette thématique-là. Et pour moi, oui, la Tunisie, est le premier partenaire  qui devrait en bénéficier le plus.

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