Culture

On nous écrit— «Eventail Mys-terre» de Lynda Abdellatif: Entre mémoire, résilience et alchimie

Et si chaque processus de création était une nouvelle naissance ? Une renaissance ?

L’œuvre d’art, celle que l’on réalise après s’être essayé à diverses expressions artistiques, lectures, essais… est pour certains d’entre nous un geste, un acte qui nous relie à plusieurs œuvres, êtres, idées. Et pour tous, une manifestation de la Vie.

L’œuvre d’art est la mémoire de la Vie.

Projet d’inspiration artistique abouti, l’œuvre d’art est ce miroir de l’âme à l’instant T. Un bout de nous, un bout du Tout, teinté d’émotion douce, puissante, mélancolique, fragile, forte…

L’œuvre d’art, parce qu’elle est observable, palpable et une expression de soi, Est.  

C’est au creux des plis de la chair chaude et bienveillante de la mère que l’enfant Lynda, prénom que l’on traduit par «belle» en espagnol, s’exprime et vient retrouver l’artiste Lynda Abdellatif. Et là, portés par la mémoire du subtil parfum de la Mère, diverses âmes, idées, objets s’entremêlent et viennent à elles deux : à l’enfant et à l’artiste.

L’exposition de Lynda, mon amie, a pris fin.

Processus créatif l’amenant hors du temps, elle s’est posée, toute légère, dans la matière. Et a offert une nouvelle pratique artistique. Une céramique spirituelle, fruit de l’alchimiste et de la chimiste qu’elle est.

C’est de la vulnérabilité et de la résilience que l’exposition a traité. Thèmes focaux de la vie. Thème que l’on trouve, chemin faisant, toute une vie durant.

A la rencontre de l’enfant et de l’artiste sont «venus» les enfants vaincus par la guerre et leurs mères, survivantes ou non.

L’installation de Lynda, faite de boîtes renfermant des livres ouverts, des doudous et toute une somme d’argile marquée et fragilisée, parle en effet au final de la vie, que la guerre vient détruire.

Elle rend hommage à ces vies parties trop tôt. A ces mères désarmées et impuissantes face à la mort de leur enfant.

A l’image de l’installation de la boîte de Boltanski, l’œuvre plurielle de Lynda a placé la céramique dans un nouveau genre artistique. Dans le quotidien, dans la parole qui apaise. Dans la vie. Par définition en mouvement. Et en apesanteur. Ici et maintenant.

Capter, où que l’on soit, l’âme qui s’envole au-delà du visible est un art sans frontières. Sans limites. Nous propulsant hors de tout.

L’œuvre de Lynda nous conduit vers l’incompréhensible «monde» de la guerre. Et nous dit cet amour de la fille pour sa mère. Envers et contre tout. Celui de la mère pour l’enfant envers et contre Tous.

Elle est un Manifeste.

Pour que vivent dans la mémoire collective nos êtres partis trop jeunes. 

Pour que l’on ne choisisse plus de la vie de l’autre, sous aucun prétexte.

La guerre comme la vie ont une fin.

L’œuvre d’art comme la mémoire sont. Elles portent un message éternel.

Myriam Errais BORGES

(Historienne de l’art)

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