Numérique : Avec la finance digitale, l’inclusion financière n’est plus un rêve lointain
La finance digitale, loin d’être une simple mode, révolutionne les services financiers en les rendant plus accessibles, efficaces et économiques. En Tunisie, où l’inclusion financière reste un défi majeur, les innovations technologiques offrent une opportunité sans précédent pour atteindre les populations non bancarisées.
À l’ère du tout numérique, la finance digitale ne devrait pas être une simple mode ou un slogan creux, dont se vantent les institutions bancaires et financières, mais plutôt une véritable révolution qui redéfinit le service financier, un service qui doit être de proximité, à un coût réduit et d’une plus grande efficacité.
Si le terme semble nouveau, il fait tout simplement référence à l’application des technologies numériques aux activités financières. L’innovation technologique couvre, aujourd’hui, une large panoplie de services financiers, tels que la banque mobile, les cryptomonnaies, les paiements à distance, etc.
Cette transformation inévitable, qui est en train de bouleverser le domaine de la finance à travers le monde, impactera, à coup sûr, non seulement le fonctionnement des institutions financières, mais aussi le service destiné aux clients et aux entreprises.
Un rapport récent de Deloitte, intitulé “Finance 2025” de la série “Crunch Time”, présente les prédictions de ce cabinet d’études, sur l’évolution possible des fonctions finance au cours des prochaines années. Selon ce rapport, dans un futur pas lointain, les transactions seront automatisées sans intervention humaine à mesure que l’automatisation et la blockchain s’infiltreront davantage dans les opérations financières.
Ainsi, avec des opérations largement automatisées, la finance se concentrera davantage sur les analyses commerciales et le service. Les compétences requises pour les professionnels de la finance changeront probablement de manière radicale, à mesure que de nouvelles combinaisons de technologies et de forces de travail humaines pénétreront le milieu de travail. Les auteurs du rapport prévoient également que la finance deviendra en temps réel et que le libre-service deviendra la norme.
De nouveaux modèles de prestation de services émergeront à mesure que les robots et les algorithmes rejoindront une main-d’œuvre financière plus diversifiée. Les applications et microservices financiers défieront l’ERP (Entreprise Resource Planning) traditionnel tandis que la prolifération des API encouragera la standardisation des données. En d’autres termes, la finance digitale représente un changement de paradigme qui va instiller plus d’efficacité et de rapidité aux institutions financières, contribuant de ce fait à l’amélioration de la compétitivité des entreprises ainsi que des services fournis aux particuliers.
Au-delà de la numérisation…
Mais dans les pays en voie de développement, la finance digitale est plutôt synonyme d’inclusion financière. Rien qu’en observant la dynamique vertueuse qui s’est installée dans le secteur bancaire et financier dans plusieurs pays d’Afrique, on peut déduire la pertinence de l’innovation technologique financière en tant que moyen efficace pour la lutte contre l’exclusion financière dans ces pays.
En effet, les technologies mobiles et numériques ont fortement contribué à stimuler l’inclusion financière en Afrique subsaharienne ces dernières années. À titre d’exemple, le pourcentage des adultes bancarisés est passé de 24 % en 2011 à 34 % en 2014. Cette augmentation est particulièrement due à la percée des nouveaux services bancaires mobiles fournis par les entreprises de technologie financière, les FinTechs et les opérateurs télécoms qui viennent combler les lacunes laissées par les banques traditionnelles. Car les investissements dans les services financiers mobiles et la desserte des zones enclavées sont moins coûteux que les investissements réalisés par les banques traditionnelles pour atteindre ces populations.
La Tunisie, où le taux de bancarisation demeure encore faible et où l’exclusion financière reste encore un fléau contre lequel les autorités luttent pour trouver une solution durable, peut miser fortement sur la finance digitale, “nerf de la guerre” de l’inclusion financière.
Inclusion financière et finance digitale vont de pair
Rappelons d’abord l’état des lieux de l’inclusion financière en Tunisie. Une étude récente réalisée par la Banque mondiale (Global Findex) a révélé, en somme, une progression de l’inclusion financière sur la période entre 2018 et 2021. Selon les résultats, le taux des Tunisiens qui sont clients d’une institution financière formelle est passé de 61 à 75% en 2021 et le pourcentage des adultes possédant un compte bancaire est passé de 33 à 49%.
Cependant, les transactions en espèces prédominant encore en Tunisie : 67% des entreprises utilisent uniquement le cash pour leurs transactions et environ 64% des particuliers utilisent des alternatives à l’argent liquide comme les mandats postaux et les paiements par carte, mais la fréquence de leur utilisation reste très limitée, à savoir une à deux fois par mois.
Mais malgré ces chiffres qui soulignent une évolution positive, il reste encore beaucoup à faire pour couvrir toute la population et toutes les catégories socioprofessionnelles, et la finance digitale présente, à cet égard, une piste prometteuse qui a montré ses preuves dans plusieurs pays.
En effet, grâce à l’essor de la téléphonie mobile et aux innovations technologiques, la finance numérique est devenue un moyen accessible et pratique pour les clients non bancarisés d’accéder aux services bancaires formels. Car la Tunisie dispose, d’abord, d’une infrastructure technologique qui lui permet de démocratiser les services financiers digitaux : en 2022, le taux de pénétration de la Data mobile a atteint plus de 89% par 100 habitants. De plus, l’offre en matière de services financiers numériques est en train de se diversifier, notamment avec la naissance de plusieurs fintechs dont le nombre a dépassé les 56 à fin 2022. Sans oublier la course au paiement mobile, dans laquelle se sont engagées les banques de la place.
Mais des préalables sont aujourd’hui nécessaires pour que cette nouvelle forme de finance puisse être un pilier de la politique d’inclusion financière. Les spécialistes évoquent, dans ce cadre, la nécessité pour les banques et les institutions financières de s’engager davantage dans ces efforts, à travers notamment la refonte de leurs systèmes d’information du point de vue technologique, mais aussi leur ouverture à ces innovations.
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