Nouveauté littéraire – « Grand Seigneur » de Nina Bouraoui dans nos librairies: L’art de jouer et d’aimer
Dans son dernier ouvrage, «Grand Seigneur», publié en 2024, Nina Bouraoui nous plonge dans une exploration poignante de la fin de vie à travers le prisme de sa propre expérience. Le roman rend hommage à son père décédé, en dépeignant avec une intensité émotionnelle rare les derniers jours de sa vie dans un centre de soins palliatifs à Paris.
“Je ne sais pas ce que déclenche la mort d’un père, je ne sais pas si je vais me briser, me tordre ou grandir, m’élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j’espère être meilleure, progresser, j’espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j’espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber». Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d’aimer, une façon de vivre et d’observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l’existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu’il emporte. C’est le bouleversant récit d’une perte et d’un rendez-vous par la mémoire et l’amour.
À la mort de son père, Bouraoui affronte la douleur de la perte et tente de retrouver un signe de son père dans la « puissance surnaturelle des mots ». «Grand Seigneur» est bien plus qu’un simple récit des dix derniers jours de son père ; il constitue une réflexion profonde sur la mémoire, l’identité et la transmission. Le livre dépeint avec minutie la chambre d’hôpital, le jardin et les couloirs du centre médical Jeanne-Garnier, tout en révélant les dynamiques intimes qui se nouent entre les patients, leurs familles et le personnel soignant. Bouraoui réussit à capturer l’atmosphère chargée d’émotion de cet espace où l’issue est inévitable, mais où la vie continue à se tisser dans les gestes quotidiens et les interactions humaines. Le récit, tout en étant ancré dans le réel, se transforme en une exploration poétique de la perte. Bouraoui utilise sa plume délicate pour nous immerger dans une introspection profonde, mêlant souvenirs d’enfance, Algérie natale et relations familiales avec les expériences du présent. Le livre devient ainsi un espace de réflexion personnelle où la douleur est conjuguée à la beauté des souvenirs et des liens partagés.
À travers ce portrait de son père, Bouraoui ne se contente pas de faire un témoignage ; elle crée une œuvre qui transcende la simple documentation pour offrir une expérience émotionnelle intense. La critique littéraire salue «Grand Seigneur» comme un récit de grande émotion, offrant au lecteur une précieuse opportunité de se connecter avec les thèmes universels de la vie, de la perte et de la mémoire.
Rappelons que Nina Bouraoui, née d’un père algérien et d’une mère bretonne, est une figure importante de la littérature contemporaine française. Connue pour ses explorations des thèmes de l’identité, de l’homosexualité et de la nostalgie de son enfance algérienne, Bouraoui a reçu de nombreux prix littéraires», dont le prix Renaudot en 2005 pour «Mes mauvaises pensées. Avec «Grand Seigneur», elle ajoute une nouvelle dimension à son œuvre, en offrant un récit profondément personnel et universellement résonnant.
«Grand Seigneur» est un livre qui ne manquera pas de toucher les lecteurs par sa sensibilité et son authenticité. Nina Bouraoui, avec sa maîtrise de l’écriture poétique et introspective, nous invite à un voyage émotionnel qui nous rappelle la fragilité et la beauté de la vie humaine.
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