Culture

«Narrations éphémères» au Palais Borj Baccouche : Quand le contemporain sublime le patrimoine

 

«Narrations éphémères» a fait vibrer, depuis le 11 octobre dernier, les murs centenaires du majestueux palais Borj Baccouche à l’Ariana au rythme de l’art contemporain. Ce joyau architectural, longtemps méconnu ou délaissé, abrite «Narrations éphémères», une exposition qui a réussi à faire parler d’elle et du lieu. Organisée dans le cadre d’Ariana 2024, avec le soutien du ministère des Affaires culturelles, cette expo proment une expérience unique où le patrimoine fait écho avec la modernité.

Dès l’entrée, le ton est donné. Des sculptures avant-gardistes côtoient des stucs séculaires, des installations lumineuses transforment d’antiques alcôves en espaces suréalistes. À chaque pas, c’est un nouveau dialogue qui s’engage entre le passé et le présent. «On a vraiment voulu créer des contrastes saisissants,» explique Selma Mejri, commissaire de l’exposition. «L’idée, c’est de faire redécouvrir ce lieu magnifique sous un angle totalement inattendu». Et ça marche. Les visiteurs, d’abord surpris, se laissent vite emporter par cette valse des époques. Ici, une sculpture abstraite fait écho aux arabesques d’un plafond ouvragé. C’est un véritable voyage dans le temps, orchestré avec finesse par une quinzaine d’artistes tunisiens reconnus et émergents, à savoir : Mohamed Guiga, Mohammed Bouaziz, Amel Bouslema, Amor Ghdemsi, Amir Chelly, Leila Rokbani, Hamadi Ben Neya, Lynda Abdellatif, Hela Sarraj, Ines Zili, Imen Besrour, Slim Gomri, Seif Ben Hammed, Houssem Ghorbel et Salma Mejri. «Je retisse mes parcelles et je me recompose à la manière d’un phœnix qui pour survivre renaît de ses cendres, se reconstruit et se réinvente défiant ce carrousel de destin ; tout comme ce glorieux édifice qui, contre vents et marées, résiste au temps et subsiste à travers la narration d’une histoire passée que conjugue l’art au futur pour une promesse d’avenir», se confie Leila Rokbani à propos de son installation.

Quant au travail de Amel Bouslema, «il invite en quelque sorte le XIXe siècle dans le XXIe et tente de faire dialoguer l’art-isanat avec l’art contemporain représenté par l’installation. Cette forme de réappropriation du patrimoine culturel collectif passe par le filtre personnel et le ré-enracine dans le contexte actuel. Insérer ces fragments dans des sphères leur confère une nouvelle dimension esthétique et par conséquent une nouvelle vie qui interagit au contact de la lumière naturelle, du vent et de la pluie.”
Mais «Narrations éphémères» ne se contente pas d’être un simple événement artistique. C’est aussi un cri du cœur pour la préservation du patrimoine. «Ce palais est un trésor méconnu», s’enflamme Hela Ben Sâad, déléguée à la Culture pour le gouvernorat de l’Ariana. «En y attirant les projecteurs, on espère sensibiliser le public et les autorités à l’urgence de sa restauration». Un pari osé, mais qui semble porter ses fruits. Depuis l’ouverture le 11 octobre, l’affluence ne se dément pas. Familles, étudiants, touristes… tous repartent conquis et, surtout, avec un regard neuf sur ce pan de l’histoire tunisienne.

Le XIXe dans le XXIe, installation photographique, 24 sphères transparentes et fil de pêche, 2024 Amel Bouslama-Les sphères suspendues à
l’arbre dans lesquelles sont insérées des photos circulaires.

Pour couronner cet événement, une présentation du livre «Arts Visuels en Tunisie, Artistes et Institutions, 1881– 1981» d’Alia Nakhli est prévue aujourd’hui à 16h30. L’occasion de plonger plus profondément dans un siècle d’histoire artistique tunisienne. Une expérience qui sort des sentiers battus, à ne pas manquer.

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