Naoures Rouissi, fondatrice de la section «Green Carthage» aux JCC à La Presse : Pour un festival engagé écolo
Penser l’environnement lors des Journées cinématographiques de Carthage s’est concrétisé à travers la création d’une petite section consacrée à de longs métrages engagés et a sensibilisé les festivaliers et organisateurs au devenir d’un festival, responsable écolo. L’heure était à des JCC plus vertes et moins le seront pour les prochaines éditions. Naoures Rouissi, fondatrice de cette nouvelle section et directrice de la programmation du festival, nous en parle davantage.
La Presse—En quoi consiste très concrètement cette nouvelle section « Green Carthage », qui a vu le jour aux JCC 2024 ?
«Green Carthage» est une initiative qui devait se faire et qui a, finalement, vu le jour dans un essai pilote. C’est un premier pas pour penser l’environnement et faire de notre festival national de cinéma une manifestation engagée écologiquement, dans la lignée des plus grandes manifestations cinématographiques dans le monde. C’est une préoccupation mondiale, une action importante, menée individuellement ou collectivement, pour la sauvegarde de notre planète et pour la lutte contre la pollution. Les festivals de culture et d’art doivent être engagés écolo dans le monde, les JCC aussi, donc. D’où l’émergence de cette idée de créer une section de films axés sur l’écologie à l’image du festival de Cannes, la Berlinale, Venise ou d’autres, mais surtout de penser tout un festival autrement. La participation des festivaliers aussi doit être responsable : diminution du papier, taxes symboliques sur les tickets des films, digitalisation, lutte assidue contre le plastique pendant toute la manifestation. Pour les JCC 2024, nous avons fait appel à «Chkarty», pour des «Totebags» écologiques, puisque l’enseigne tunisienne est fondée sur le recyclage. C’est vrai qu’un festival fait bouger toute une ville, mais, en contrepartie, la pollution augmente : plastiques, carburants, cigarettes, déchets.
«Green Carthage» était une petite section dans cette 35e édition. Est-ce parce qu’il s’agit de son lancement ? Pouvez-vous nous en dire plus sur les films verts retenus pour cette année ?
C’est une section sans compétition, au format petit, avec 5 films seulement programmés. C’est un test avec projections et débats. Nous avons l’ambition de la faire évoluer, de faire un prix «Green» pour les prochaines années et de sensibiliser sur une industrie de fabrication de films moins polluante, aussi parce que les tournages de films polluent beaucoup l’environnement.
Parmi les films nous citons «Sh’hili» de Habib Ayeb et l’espagnol «Papillons noirs» de David Baute et trois autres. Le réalisateur était aussi engagé et a soutenu l’idée directement, lui qui a toujours réalisé des films qui visent à traiter des sujets liés à la protection de l’environnement. Même en feuilletant le programme, vous trouverez une mention verte «Green » qui montre qu’un titre de films est classé dans notre section écologique. Nous voudrions nous ouvrir sur le cinéma à réalité virtuelle. Je n’oublie pas «Breath» d’Ilaria Congiu. La réalisatrice italienne a eu un réel plaisir à mener le débat avec ses spectateurs après la projection. Les révélations faites dans les films verts interpellent et choquent. Ce sont des films qui suscitent clairement le débat.
Pourquoi cette initiative a pris autant de temps à voir le jour ?
La question était soulevée, depuis longtemps. Elle s’est concrétisée cette année avec la volonté de la faire clairement évoluer dans un avenir proche. Il était temps que les choses bougent et qu’on adopte des initiatives orientées «écologie». Les rapports des ONG et des associations à travers le monde sont alarmants. Il faut que la Tunisie suive cette manière de faire et suive d’autres exemples internationaux de manifestations engagées.
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