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Mouvements islamistes et politiques : De la méfiance à la peur

 

L’islamisme, en tant que courant politique et non religieux, a fait son intrusion fracassante dans notre société après 2011. Depuis lors, notre pays n’a cessé de subir les contrecoups de la nouvelle orientation socioéconomique de nos projets et de nos objectifs. Toutes les composantes de notre société en ont été affectées.

Nous savons tous que la Tunisie avait pris, dès le début de son indépendance, la voie de l’ouverture et de la tolérance en se débarrassant petit à petit des entraves héritées de la lutte de Libération. On n’a pas oublié la lutte fratricide de certains leaders à l’instar de Salah Ben Youssef. Ces derniers prônaient une voie plutôt panarabe guidée par une idéologie inspirée d’une religion aux relents rigoristes. 

Bourguiba avait une autre vision et réservait un autre sort à la Tunisie. Celui de la modernité et du progrès basés sur la coopération avec l’Occident tout en restant enracinés dans nos origines.

Mouvements politiques sous contrôle

C’est ce que beaucoup ne lui pardonnent pas jusqu’à aujourd’hui. Y compris les mouvements islamistes de chez nous qui continuent, encore, à défendre des idées qui leur semblent plus proches de la personnalité du Tunisien. 

Aussi, ont-ils passé des années à imposer leur modèle de société depuis les années 70. Ils ont, alors, emprunté la voie de la confrontation directe avec le pouvoir. Parfois, cette confrontation se faisait de façon secrète.

En effet, selon des rapports de l’époque, les activistes islamistes disposaient de structures secrètes et s’étaient infiltrés dans les structures militaires et sécuritaires.

Après l’accession au pouvoir de Ben Ali, le Mouvement de tendance islamique (MTI) va devenir ce qu’on appelle, aujourd’hui, Ennahdha dirigé par la même personne qui est encore à sa tête.

Une trêve a pu être enregistrée grâce à un compromis politique avec quelques partis d’opposition. En 1988 tous les opposants politiques dont notamment les islamistes et leur chef vont rentrer d’exil en toute liberté.

Mais, au cours des années qui suivirent et jusque dans le milieu des années 90, des soupçons de complots et de projets de coup d’Etat vont entraîner des procès en masse contre ce mouvement. 

Les dirigeants politiques officiels vont gérer la crise avec une certaine habileté en ouvrant la porte devant des listes de candidats islamistes se présentant comme des candidats indépendants à des élections législatives. Mais la méfiance restait de mise. Le pouvoir ne voulait pas prêter totalement son flanc en laissant les mains libres à ce courant religieux qui veut s’accaparer à lui seul la « défense » de la religion officielle.

Ainsi, malgré des tentatives de compromis pour aboutir à une entente, la peur de voir un groupe ou un parti d’obédience islamiste parvenir aux postes de décisions dictait aux autorités officielles de suivre la ligne dure.

Justement, les responsables de ce mouvement à caractère religieux ne cachaient pas leurs ambitions de prendre le pouvoir et de l’exercer comme ils l’entendaient.

Les maîtres du pays

Et c’est ce qui fut fait au cours de 2011. Les événements d’alors avaient entraîné des bouleversements dans notre pays qui ont permis l’accès à ces gens au pouvoir. Ils ont pu disposer de toutes les prérogatives. L’aide des Occidentaux et de certains régimes arabes rétrogrades leur ont facilité la tâche en les fournissant généreusement en pétrodollars.

De leur côté, les nouveaux maîtres du pays les ont pourvus de la chair à canon pour mener leurs guerres dans les zones de conflit dans les pays arabes où des émeutes ont été fomentées.

Ces anciens exilés ou condamnés à diverses peines de prison sont devenus les vrais dirigeants de notre pays. Ils ont immédiatement entrepris d’indemniser ce qu’ils appellent les victimes du despotisme sous Bourguiba et Ben Ali. Ils ont prélevé des centaines de milliards de nos millimes pour, disent-ils, «réparer les injustices subies par leurs « militants ». Ils ont, aussi, procédé au recrutement de plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires afin d’assurer leur mainmise sur l’administration. Du coup, les caisses de l’Etat ont été vidées. On en subit les conséquences jusqu’à ce moment. 

Le pire, c’est que les courants islamistes qui prolifèrent un peu partout exécutent des agendas qui ne sont pas nécessairement les leurs. 

Après avoir été hébergés de longues années durant leur exil, ces islamistes (qui n’ont rien à voir avec la religion musulmane) ont l’obligation morale de retourner l’ascenseur et montrer leur gratitude à leurs anciens protecteurs. Ceux-ci ne se gênent pas de leur demander d’autres services qui seront, automatiquement, exécutés. Sans parler des vannes financières mises à leur disposition pour service rendu.

Pour tout dire, ces individus n’ont jamais présenté un parcours limpide et clair. Leurs actions ont toujours été entachées de suspicions et d’opacité. Aussi bien au niveau de leurs objectifs et financements qu’au niveau de leurs véritables intentions. On ne les a jamais entendus défendre notre authenticité et notre identité tuniso-tunisienne.

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