Mostafa Abdelkebir : l'approche sécuritaire n'est pas la solution face à la migration clandestine
Mostafa Abdelkebir : l’approche scuritaire n’est pas la solution face la migration clandestine
Dans une intervention sur les ondes d’Express FM, le président de l’Observatoire tunisien pour les droits de l’Homme, Mostafa Abdelkebir est revenu mercredi 2 octobre 2024 sur le drame du naufrage d’une embarcation transportant des migrants irréguliers à l’aube du 30 septembre 2024 dans le large de Djerba.
L’invité de « Expresso» a expliqué que l’embarcation était partie de Ras R’mal, une destination touristique connue pour ses flamants roses. Cela explique l’absence de migrants subsahariens dans le groupe de 57 passagers, parmi lesquels se trouvait un bébé de neuf mois retrouvé parmi les victimes, ainsi que trois enfants de moins de six ans et quatre femmes.
Selon l’invité de Wassim Ben Larbi, 32 personnes ont été secourues, dont sept femmes, tandis que le sort des autres passagers reste inconnu. Il est difficile de déterminer le nombre total de personnes à bord, car plusieurs naufragés sont revenus sur la terre ferme en nageant, évitant ainsi les autorités. Il est important de noter qu’un survivant a alerté les forces de l’ordre en revenant sur la plage et en se précipitant vers une patrouille de police stationnée devant un hôtel, à 500 mètres des côtes de Ras R’mal, pour les informer du désastre en cours.
M. Abdelkebir a expliqué que la tragédie était due à une panne technique et que la surcharge avait créé les conditions propices à ce naufrage. Une famille entière originaire de Sidi Bouzid a trouvé la mort dans cette traversée cauchemardesque, comprenant un bébé de moins de douze mois et plusieurs enfants.
M. Abdelkebir a fait part de chiffres alarmants, notamment l’augmentation du nombre d’enfants se retrouvant à bord des « navires de la mort », ce chiffre ayant été multiplié par douze pour passer de 1% à 12%. Le nombre de mineurs a également augmenté, passant de 25% à 30%, et les jeunes représentent désormais entre 45% et 47% des migrants irréguliers. Le président de l’Observatoire tunisien pour les droits de l’Homme a lancé un appel aux autorités pour qu’elles abordent ce phénomène de manière plus rationnelle.
« L’approche sécuritaire n’est pas la solution » a déclaré l’invité de « Expresso », préconisant plutôt une approche sociale plus approfondie. Une étude récente menée par l’Observatoire tunisien pour les droits de l’Homme a révélé un résultat alarmant : le décrochage scolaire est l’une des principales causes de la migration clandestine. Cette étude souligne qu’après un premier échec scolaire, les adolescents deviennent des cibles potentielles pour les réseaux criminels en raison du manque de perspectives et de soutien.
M. Abdelkebir a mentionné également la contrainte subie par les familles face à la pression de leurs enfants, qui considèrent la traversée de la Méditerranée comme la seule solution pour un avenir meilleur. Ils n’hésitent pas à vendre leurs biens ou leurs bijoux pour financer ce voyage périlleux mettant en danger la vie de leurs enfants. Il souligne ainsi la responsabilité de la société, de la famille et de l’État.
Mostafa Abdelkebir a souligné que 90% des migrants clandestins viennent des gouvernorats intérieurs, où les indicateurs de développement sont stagnants depuis des années, mettant en évidence le rôle crucial joué par l’absence de perspectives économiques positives dans le pays. Il a également rappelé qu’en mai 2024, 37 personnes ont quitté la Tunisie depuis Korba. Seuls trois corps ont été retrouvés, les autres étant portés disparus jusqu’à ce jour. Le bilan est certainement lourd et douloureux, malgré les 27 mille personnes que les forces de l’ordre ont réussi à empêcher de migrer. Ce bilan démontre l’échec de l’approche sécuritaire, a déclaré l’invité d’Express FM, en rappelant qu’une décennie auparavant, les Tunisiens étaient surpris de voir des familles et des enfants subsahariens dans ces embarcations mortelles, et maintenant nous sommes dans la même situation…
H.K
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