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Mostafa Abdelkebir lance un appel de détresse au sujet de la situation chaotique des morgues en Tunisie

Mostafa Abdelkebir lance un appel de dtresse au sujet de la situation chaotique des morgues en Tunisie

Dans une déclaration à Business News, mardi 19 novembre 2024, Mostafa Abdelkebir, président de l’Observatoire tunisien pour les droits de l’Homme, a alerté sur une situation humanitaire critique en Tunisie : celle des corps de migrants entassés dans les morgues du pays.

En effet, les hôpitaux de Sfax, Médenine, Tataouine et d’autres régions sont confrontés à une saturation totale de leurs morgues. À titre d’exemple, l’hôpital de Médenine compte actuellement plus de 35 cadavres, certains entreposés dans des conditions indignes. « Dans certains cas, des tiroirs contiennent jusqu’à deux corps, ce qui illustre l’ampleur du chaos », a déclaré M. Abdelkebir.

Cette crise reflète l’ampleur du drame migratoire en Tunisie, où le nombre de décès parmi les migrants a atteint des proportions alarmantes. Selon les statistiques récentes de l’Observatoire, plus de trois mille migrants sont morts au large des côtes tunisiennes ou en tentant de rejoindre l’Europe depuis janvier 2023. Ces chiffres ne prennent pas en compte les corps non retrouvés ou ceux enterrés dans des fosses communes sans identification.

La situation est désespérée tant pour les corps identifiés que pour ceux non identifiés. Parmi les premiers, on trouve des cadavres d’Égyptiens, certains entreposés depuis plus de huit mois. Bien que les autorités égyptiennes aient été informées, le rapatriement tarde à se concrétiser.

Quant aux migrants dont l’identité reste inconnue, des prélèvements d’ADN sont réalisés et archivés par les autorités tunisiennes. Cette pratique vise à permettre une identification future, au cas où le pays d’origine souhaiterait rapatrier le corps. Grâce à ces précautions, la Tunisie conserve la possibilité d’identifier les tombes concernées.

Cependant, l’étape finale -l’obtention d’une autorisation judiciaire d’inhumation- reste en suspens dans de nombreux cas, faute de réactivité du ministère public, selon Mostafa Abdelkebir.

Face à cette situation, Mostafa Abdelkebir a appelé les autorités à prendre des mesures urgentes. « Aujourd’hui, il faut accélérer l’enterrement des cadavres dont l’identité est inconnue, en délivrant des autorisations judiciaires aux municipalités afin qu’elles procèdent à leur inhumation », a-t-il déclaré. Il a également exhorté les autorités à construire de nouvelles infrastructures ou à élargir les morgues existantes pour faire face à la crise.

Par ailleurs, M. Abdelkebir a sollicité l’aide des organisations internationales pour soutenir la Tunisie dans le rapatriement des corps identifiés, évoquant la nécessité d’une action coordonnée face à une situation qui dépasse les capacités locales et viole les droits de ces personnes et de leurs familles.

La gestion des corps de migrants illustre une fois de plus les défis humanitaires majeurs que traverse la Tunisie, un pays au cœur des flux migratoires en Méditerranée. Mais au-delà des infrastructures, cette crise soulève des questions profondes sur la dignité humaine et la responsabilité collective face à une tragédie qui se répète sans fin.

 

H.K


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