Moncef Marzouki : le résultat de la présidentielle était connu d'avance !
L’ancien président de la République, Moncef Marzouki, a commenté, dimanche 6 octobre 2024, les premiers résultats de la présidentielle communiqués via le résultat du sondage sortie des urnes de Sigma conseil et du sondage de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) et la victoire écrasante du président sortant, Kaïs Saïed. Il a critiqué les soutiens de Kaïs Saïed mais aussi tous ceux qui sont allés voter, estimant qu’ils ont manqué de discernement, le jeu étant selon lui biaisé d’avance.
Dans un post Facebook, M. Marzouki a ainsi affirmé : « Il n’était pas difficile de prédire le résultat. On ne peut pas blâmer le putschiste et ses partisans, ils ont joué leur rôle dans la mascarade avec la facilité attendue et le succès garanti, et ils ont le droit de se réjouir et de jubiler ».
L’ancien président a indiqué : « Félicitations aux millions de Tunisiens qui ont tourné le dos à cette mise en scène insultante pour la Tunisie révolutionnaire. Le problème est tous ceux qui ont insisté pour participer à cette mise en scène du début à la fin et sous toutes ses formes. C’est ignorer ou faire semblant d’ignorer que le monde n’est pas un chaos mais des lois que personne ne peut enfreindre.
Les lois de la biologie : tout être vivant meurt et les chameaux ne donnent jamais naissance à des ânes.
Les lois de l’histoire : tout empire naît, se développe, atteint son apogée, vieillit et disparaît.
Les lois de la politique : la dictature ne disparaît pas par des élections, mais par un coup d’État ou une révolution populaire.
La question est de savoir pourquoi des personnes intelligentes – dont beaucoup sont sincères et je ne parle pas des idiots et des opportunistes – s’obstinent à ignorer les lois les plus simples et les plus anciennes de la politique, qui ont été prouvées et le sont encore par de nombreuses expériences dans plusieurs pays.
Mon explication est qu’ils ont peur de relever le défi redoutable que la dictature lance à ses opposants par ces mots : je vais usurper le pouvoir et l’exercer selon mes intérêts et mes caprices, et le choix qui s’offre à vous est de vous soumettre et de jouer dans le cadre que je définis pour vous, y compris les simulacres d’élections, ou la rébellion et la révolution si vous en êtes capables ».
Et d’ajouter : « Ils sont maintenant confrontés à deux options :
La première consiste à rester dans la même position, c’est-à-dire à jouer dans le cadre fixé par la dictature. C’est ainsi qu’on les retrouvera en 2029 avec les mêmes arguments (on se mobilise, on dénonce, etc.) et le résultat sera toujours le même.
La seconde, que je leur demande d’adopter est de se mobiliser une fois pour toutes pour relever le défi au lieu de le contourner, à savoir (de se dire) : Non, nous n’accepterons pas l’usurpation du pouvoir par de fausses élections, nous n’accepterons pas l’atteinte à notre dignité, à nos droits et à nos chances de construire un État de droit, des institutions et un peuple de citoyens, et nous n’attendrons pas la répétition de la farce en 2029, sans parler d’y participer de quelque manière que ce soit, et nous ferons ce que tous les peuples qui se sont libérés de la tyrannie ont fait, plus récemment ce que le peuple sri lankais a fait, le peuple du Bangladesh et même ce que le peuple tunisien a fait en 2010.
Les ténèbres se dissiperont ».
I.N.
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