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Mohamed Rais (président du Bardo Bikers et organisateur de l’“Enigma Rallye FIM”) : «C’est l’intelligence qui fait la différence et non pas la vitesse»

 

L’idée du rallye consiste à rallier un point A à un point B sur la base d’énigmes données aux participants pour chaque étape parcourue. La performance des motards consiste à rouler intelligemment pour atteindre leur destination et non pas en étant les plus rapides.

Si vous nous parliez, d’abord, de l’’’Enigma Rallye FIM 2023” que votre association “Bardo Bikers” vient d’organiser ?

Le rallye “Enigma Rallye FIM” est différent de tous les rallyes qu’on organise habituellement. L’édition 2023 de ce rallye est la 8e depuis sa création. Elle a une particularité : c’est la première édition organisée sous l’égide de la Fédération internationale de motocyclisme.  C’est le palier le plus important qu’on a atteint.

L’idée est originale du moment où on a changé la façon de faire les rallyes. Le nom que nous avons donné à notre rallye “Enigma” est celui d’une machine électromécanique portative servant au chiffrement et au déchiffrement de l’information, inventée au début du siècle dernier et utilisée, entre autres, du temps de la Seconde Guerre mondiale.

L’idée du rallye consiste à rallier un point A à un point B sur la base d’énigmes données aux participants pour chaque étape parcourue. Les motards doivent déchiffrer l’énigme pour pouvoir trouver leur parcours. Une autre spécificité de l’”Enigma Rallye FIM” : les motards roulent à une vitesse ne dépassant pas les  50km/h. La philosophie de notre rallye repose sur l’idée que c’est l’intelligence qui fait la différence et non pas la vitesse. En participant à l’“Engima Rallye FIM”, la performance des motards consiste donc à rouler intelligemment.

A-t-on la tradition du rallye moto en Tunisie ?

Quand nous avons fondé en 2006 l’association motocycliste “Les Bardo Bikers”, il y avait déjà des rallyes qui parcouraient la  Tunisie, à l’instar du Rallye Paris-Dakar qui traversait la Tunisie en motos et en autos. En 2011, nous avons créé le premier rallye sur route en Tunisie. L’année suivante, nous avons coorganisé un deuxième rallye sur route avec le Français Patrick Bournisien qui nous a transmis un savoir-faire précieux, ce qui nous a permis, en 2013, d’organiser le premier rallye 100 % tunisien. Le rallye se tenait annuellement à la date du 14-Janvier jusqu’en 2016.

En 2017, nous avons changé de trajectoire, ce qui a permis à tout un chacun de pouvoir y participer. L’envie de toujours innover nous a poussés à fonder ce rallye à l’idée originale et la première édition de l’”Enigma Rallye” a vu le jour en 2017. Elle s’est déroulée en intra, rassemblant seulement les membres de notre association. Une première édition test. Puis, le rallye a évolué d’une année à une autre.

Le motocyclisme est-il un sport performant en Tunisie ?

C’est avec amertume que je réponds par la négation. Nous ne pouvons pas atteindre les performances escomptées en Tunisie étant donné que les pratiquants de ce sport le font à un âge tardif.

On ne peut pas à 30 ou à 40 ans devenir performant, alors qu’on débute le sport motocycliste. Et si on commence à pratiquer tard ce sport, c’est parce que le matériel coûte très cher. Le prix d’une bonne moto commence à parir de 30.000 dinars.

La contrainte du coût du matériel est donc un gros handicap pour démocratiser cette discipline…

Oui, il y a la contrainte du coût du matériel, mais pas que cela. On doit songer à faire des circuits dans des espaces protégés et sécurisés. Il faut aussi fonder des écoles ou des académies pour la pratique du motocyclisme dès le jeune âge, comme dans le cas du football qu’on pratique depuis les catégories écoles en passant par les minimes jusqu’aux seniors.

Or, quand on songe à fonder une école de motocyclisme pour les enfants, on est de suite confronté à la bureaucratie. A titre d’exemple, il y a déjà la contrainte administrative pour assurer des enfants de 4 et 5 ans. Aucun assureur ne peut négocier un pareil contrat.

Pourquoi pas une compétition régulière au lieu d’événements séparés ?

Les compétitions régulières, il y en a dans la mesure où elles se tiennent à la même période de chaque année. Régulières, oui, mais pas de haut niveau. C’est que, comme je vous l’ai signalé, il nous manque en Tunisie des circuits sécurisés. Par ailleurs, il nous arrive d’utiliser l’espace du Karting de Hergla, même s’il n’est pas vraiment adapté à la pratique du motocyclisme.

Le seul circuit qui pourrait faire l’affaire à l’avenir, c’est celui de Nahli. C’est un projet qui traîne depuis 10 ans déjà. Un projet qui n’a cessé de rencontrer des difficultés à voir le jour et c’est bien dommage. Là encore, nous sommes confrontés aux contraintes de la bureaucratie. Or, un tel circuit, s’il voit le jour, sera bien utile à la pratique du motocyclisme et, pourquoi pas, l’organisation d’événements nationaux, voire internationaux, de motocyclisme.

Quel est le niveau des motards tunisiens par rapport aux étrangers ?

Il n’y a pas l’ombre d’un doute, nos motards ont un très grand potentiel. Ils ont cette capacité de se surpasser pour essayer de ne pas terminer les derniers. Leur gros handicap, comme je vous l’ai dit, c’est qu’ils commencent tard la pratique du motocyclisme à cause du coût très élevé du matériel. La solution pour que nos motards deviennent plus performants, à l’échelle internationale, est de fonder des écoles pour qu’on puisse pratiquer le motocyclisme dès le jeune âge.

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