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Mini-UMA : quatre mois après, on se déchire

 

Le 22 avril 2024, réunion à Carthage entre le président tunisien Kaïs Saïed, le président algérien Abdelmajid Tebboune et le président libyen Mohamed El Menfi. Suite à cette réunion au sommet, il y a eu une déclaration finale des plus ambitieuses.

Certes, il ne s’agit ni de créer une nouvelle entité régionale, ni d’une union pour remplacer la moribonde Union du Maghreb Arabe (Uma), mais il était question de faire quelque chose de concret pour l’intérêt des trois pays et de leurs citoyens.

Selon cette déclaration finale, il s’agit de « former des équipes de travail communes chargées de coordonner les efforts pour protéger la sécurité des frontières communes contre les risques et les conséquences de la migration irrégulière et d’autres formes de criminalité organisée, selon une approche collaborative ». Il a également été convenu « d’unifier les positions et les discours dans le traitement avec les différents pays concernés par la migration irrégulière au nord de la Méditerranée et dans les pays subsahariens et de former une équipe de travail pour établir des mécanismes permettant la mise en place des projets et des investissements majeurs communs dans des domaines et des secteurs prioritaires ».

À la fin de la réunion, il a été décidé de « former des points de contact » pour suivre la mise en œuvre de ce qui a été convenu par les dirigeants de ces pays en vue de la prochaine réunion consultative.

 

Après cette réunion du 22 avril, intitulée par plusieurs médias Mini Uma, on n’a plus rien entendu de ces points de contacts et des équipes de travail communes chargées de coordonner les efforts.

Pire, les choses ne vont pas vers le mieux. Quatre mois après, jour pour jour, on apprend que le poste frontalier de Ras Jedir, entre la Tunisie et la Libye a été de nouveau fermé et ce le jeudi 22 août au soir. Drôle de timing pour « célébrer » les quatre mois de la réunion au sommet.

Il s’agit là de la énième fermeture de ce poste frontalier depuis la réunion. La dernière fermeture a duré trois mois. La dernière réouverture date d’il y a à peine un mois et a été célébrée en grande pompe en présence des deux ministres de l’Intérieur tunisien et libyen, Khaled Nouri et Imed Mustapha Trabelsi.

La faute est, comme presque toujours, du côté libyen qui ne cesse d’enregistrer des troubles et des tensions qui ont poussé les habitants de la zone frontalière à fermer la route menant vers le passage frontalier.

 

Du côté algérien, la situation est moins pire, certes, mais ce n’est pas non plus le printemps.

Certains énergumènes algériens diffusent en toute impunité des vidéos appelant les autorités à envahir la Tunisie et à la rattacher à l’Algérie, puisque notre État serait en faillite d’après leurs diatribes. Certains médias algériens, conservateurs ou/et islamistes critiquent violemment la Tunisie, son libéralisme et ses femmes émancipées. Ces médias voient d’un mauvais œil que les Tunisiennes soient libres, cheveux au vent, décolletés généreux et bikinis sur les plages. Ils appellent à la « setra » et la « hechma ».

En réplique, le journal tunisien Univers News a tiré sur boulets rouges sur l’Algérie dans une tribune d’une rare violence du politologue Tawfik Bourgou. Dans Kapitalis, l’ancien diplomate Elyes Kasri a invité à ne pas insulter l’avenir appelant les autorités algériennes à faire taire ces voix qui pêchent en eaux troubles et portent atteinte aux liens fraternels. Quoi qu’il en soit, les deux médias brisent cette sorte d’omerta des médias tunisiens de ne jamais évoquer la « grande sœur » de l’ouest, ni en bien, ni en mal.

Il demeure quand même et heureusement une lumière au tableau tuniso-algérien. Le nombre de touristes algériens visitant notre pays est en hausse de 16,9% par rapport à 2023 et de 26,2% par rapport à 2019 avant le Covid.

Dans leurs discours politiques, les trois dirigeants du Maghreb Central laissent entrevoir que la zone va ressembler à l’Union européenne en deux temps trois mouvements. Dans les faits, sur le terrain, non seulement rien n’a changé, mais tout est en train d’empirer.

 

R.B.H.

 


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