Culture

Mes Humeurs – Musique et Nouvel An

La Presse—Depuis des années, je consacre la matinée du 1er janvier à regarder le Concert du Nouvel An de Vienne, qui se déroule à la même date depuis sa naissance en 1939. Rituellement les incontournables  valses, polkas et  opérettes de la famille Strauss, père et fils, sont au programme dans la somptueuse salle dorée du Musikverein de Vienne, les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas.

Faste et opulence, larges rangées de fleurs richement composées, tenues chics, maquillage de grande fête et réactions discrètes et policées, bref un public «amoureux» de la musique classique. Et, un orchestre de premier choix. Scènes de danse charmantes, forcément (classiques) dans le ton de la musique des Strauss. Le Concert du Nouvel An de Vienne, avec plus de 50 millions de téléspectateurs dans 59 pays, est le 2e spectacle le plus regardé au monde après le Festival de la chanson de San Remo.

Cette année pour la 7e fois, Riccardo Muti (83 ans) dirige l’orchestre philarmonique de Vienne à l’occasion de la fête du Nouvel An.

Si j’ai choisi cette humeur, c’est notamment pour évoquer cet exceptionnel chef qu’on a appelé Le lion pour sa rigueur et sa sévérité envers les orchestres qu’il a dirigés, il a tenu tête pendant des mois à tous ses musiciens de la Scala de Milan qui ont entamé une grève célèbre. Muti a fini par claquer la porte de cette célèbre institution, après une carrière auréolée de succès. Scandale dans la Botte.

Cette année à Vienne, sa longue chevelure toujours soignée, avec un sérieux manifeste et une direction sobre, il a fait sensation (ce qui n’étonne personne). Juste avant d’entamer Le beau Danube bleu de Johan Strauss fils, considéré comme un trésor musical et l’orchestre philarmonique de Vienne, Muti annonce ses vœux «dans ma langue maternelle», dit-il (il est né à Naples) : Paix, amour et fraternité. Après les 3 bis, le concert prend fin avec l’inévitable «La marche de Radetzky» où, comme chaque année, le public tape des mains en rythme avec la complicité du chef d’orchestre.

C’était en 2005, un concert de l’Orchestre du Maggio Musicale Fiorentino, dirigé par Riccardo Muti, devait se produire en Libye, il a été annulé pour des raisons d’organisation ou politiques, la direction du Festival d’El Jem, avec l’encouragement de Tijani Haddad, alors ministre du Tourisme, a sauté sur l’occasion pour inviter l’Orchestre.

Le Colisée était plein et silencieux ce 4 juillet. Près de 120 choristes sur scène, Muti entame le premier mouvement quand… La voix du muezzin retentit de la mosquée (voisine de l’amphithéâtre), annonçant l’appel de la prière, grogne dans les gradins et étonnement sur scène. Dans un geste noble, auguste et majestueux, Muti fait signe à ses musiciens d’arrêter et…  à la surprise générale les invite à se lever. L’appel à la prière terminé, la musique reprit ses droits au milieu d’un flot d’applaudissements.

Après le spectacle, lors d’un dîner en l’honneur de l’orchestre et son chef, Muti révèle : «Je n’oublierai jamais ces instants de chant du muezzin». 

L’article Mes Humeurs – Musique et Nouvel An est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.


lien sur site officiel

Source :

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page