Culture

Mes Humeurs: Mes quartiers

Une conversation avec un ami, grand lecteur, nous a engagés dans le style de l’écrivain français Patrick Modiano (Prix Nobel de littérature 2014.) Je n’ai lu que deux romans de Modiano, Un pedigree et Rue des boutiques obscures ; décidément je me dis, à tort, que j’ai toujours le temps, le roman Accident Nocturne attend depuis des années, ça sera pour plus tard. Modiano a fait de Paris la ville de tous ses romans, une ville où il est né, qu’il aime et qu’il connaît dans ses moindres venelles, c’est sa ville mémoire. Ma conversation portait sur le sujet des quartiers de Paris tels qu’imaginés par l’auteur et leurs équivalents romanesques de Tunis. Me voici à revoir des quartiers de ma ville ; les années 1960-1980, je prends comme exemple le quartier européen ( que tout le monde fréquente ou a fréquenté), des cinémas disparus, des restaurants transformés en gargotes,  de beaux  immeubles de style détruits, des banques qui poussent, etc. Il se trouve un endroit emblématique de Tunis qui illustre le délabrement de ce quartier à haute valeur historique : le Colisée.  C’était un endroit éblouissant, quatre accès mènent au cœur du bâtiment, du marbre imposant couvre les murs, fréquenté par des gens assez policés, on y trouve une bijouterie, un horloger, un photographe connu et très couru (Guyse), une vitrine de vaisselle, un marchand de disque assez fréquenté, un marchand de jouets, le cinéma bien sûr, un café-bar, le bien nommé La Rotonde avec un toit coulissant qui attirait les regards et l’oreille, à chaque fois qu’on l’ouvre; deux cabarets s’y trouvaient, une discothèque à l’étage (Le Kilt)) où les jeunes, les samedis après-midi, venaient danser et  rêver d’amour. Les années passent, la ville ne resplendit plus, que reste-t-il du Colisée ? La même structure, mais il n’y a plus de bijoutier, fermé, plus de vitrine de vaisselles, plus de magasin de jouets, fermés, l’endroit respire une sorte de désolation, odeur de mort imminente. En lieu et place, il y a des vitres brisées, une boutique de vente de cartes de téléphone et de cigarettes, des portes fermées, de la poussière, des petits vendeurs de tout et de n’importe quoi, quelques consommateurs de bières qui transpirent l’ennui et l’oisiveté. Depuis des décennies, l’endroit dépérit, il n’est plus, comme beaucoup d’autres lieux, un objet de rêve pour les jeunes, encore moins un sujet de roman.

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