Culture

Mes Humeurs: Le ver est dans le fruit

Jeudi 11 janvier, trois mois après l’invasion de la bande de Gaza, les regards  de tous les humains sont braqués sur La Haye où la Cour internationale de justice (CIJ) a été saisie par l’Afrique du Sud. Pretoria accuse Israël de commettre des «actes génocidaires» à Gaza, notamment en raison de l’ampleur des bombardements et du nombre de morts.   

Dans le dernier article de son dossier d’accusation (qui en compte 9), l’Afrique du Sud a notamment compilé les déclarations des autorités militaires et politiques qui s’apparentent à un appel au génocide. Netanyahou et d’autres hauts responsables sont cités.    

Vendredi 12 janvier, l’intérêt pour le procès  gagne en tension, la parole a été donnée à l’accusé. La défense, il faut le dire, était attendue, sans ironie, les avocats ont attaqué les accusateurs, ils se sont référés au sacro-saint argument de la victime de l’Histoire : «Nous n’avons pas l’intention de détruire un peuple, mais de protéger un peuple». Protéger un peuple au nom duquel on tue, — il y a de quoi rire ou pleurer — et d’accuser Pretoria d’affinités avec les Palestiniens.      

Pendant ce temps à Gaza, l’armée israélienne chasse la population, bombarde et extermine…L’ONU déplore que les opérations d’aide dans le nord deviennent de plus en plus difficiles, accusant l’armée israélienne de limiter très sévèrement l’approvisionnement en carburant, en particulier les hôpitaux.      

Depuis l’invasion de Gaza et le massacre qui s’ensuit, le nombre de Palestiniens en détention administrative explose en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les personnes détenues sans inculpation ni procès représentent presque 40 % des Palestiniens en détention.         

Une procédure d’urgence, héritée de la Palestine mandataire (1920-1948), permet à l’armée israélienne d’incarcérer de manière illimitée des Palestiniens, sans inculpation ni procès ou recours et ce, pendant une période illimitée.

«Avant le 7 octobre 2023, il y avait 1.200 personnes en détention administrative. Début janvier, on est passé à 3.291 sur un nombre total de 8.600 Palestiniens détenus», constate Jessica Montell, directrice exécutive de l’Organisation israélienne des droits de l’homme.      

Le 26 décembre 2023, il a atteint ses 18 ans, comme tous les citoyens israéliens, à cet âge, il devait commencer son service militaire obligatoire en Israël. Au lieu de quoi, Tal Mitnik, c’est son nom, est arrivé à la base d’enrôlement, avec ses amis, il portait des pancartes et un mégaphone. «Nous ne tirerons pas. Nous ne serons pas des meurtriers», a-t-il crié. Sur ces panneaux était écrit : «La guerre n’a pas de gagnant», «Vous aussi vous pouvez dire non», «Des humains, pas de la chair à canon». Tal est le premier Israélien à publiquement refuser de faire son service militaire depuis le début de l’invasion de Gaza qui perdure. Le jeune homme écopera de trente jours de prison, l’objection de Tal Mitnik qui a affirmé dans une lettre du 26 décembre, signée par plus de 200 jeunes Israéliens, vouloir refuser de «combattre pour une armée qui conquiert une autre nation», n’est pas une exception, loin s’en faut. L’écrivain israélien Etan Nechin, désormais basé à New York, qui a refusé lui aussi de faire son service militaire, s’explique : «L’armée est tellement ancrée dans le tissu social en définissant la personne que vous êtes que le service militaire est autant un phénomène sociologique qu’un devoir idéologique». En Israël, la conscription obligatoire est un fondement unificateur de la société, le pays qui se dit démocratique ne reconnaît pas l’objection politique ou de conscience pour exempter les jeunes de service militaire. Accusée à l’extérieur, rongée (partiellement à l’intérieur), la politique du gouvernement Netanyahou chancelle, trébuche…Sa mort est annoncée. Où l’on peut conclure que le ver est dans le fruit.

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