Mes Humeurs: Gaza, après le nord, le sud et puis…
Le temps des comptes n’est pas arrivé, les chars israéliens continuent leur route, jusqu’où iraient-ils, vers où ? Dans la dernière Humeur (3 décembre), j’évoquais le cas de surpeuplement du sud, ajoutons à cela les 80% des habitants du nord de Gaza qui ont été déplacés et… le paysage de désolation annoncé apparut dans son horreur.
Plus de soixante jours d’occupation, voilà donc le sud qui se réveille à son tour dans le brouillard des bombes. Depuis peu de jours, à Khan Younès, ville principale du sud, jusqu’alors épargnée, on compte des morts par centaines, des brûlés, des enfants sans vie, des femmes mutilées, une épidémie, des conditions sanitaires déplorables, l’exode et des départs précipités; départ pour où ? Nul ne le sait. Le gouvernement israélien n’en dit pas un mot, de toute évidence il ne le sait pas non plus, par contre, il sait une chose : son armée tue sans distinction, chasse, poursuit et élimine tout ce qui bouge.
Aux dernières nouvelles, elle est entrée au cœur de Khan Younès; sur nos écrans, on ne voit pas la ville, mais des ruines sous un manteau de nuages fumant, des images qui me renvoient à celles de Dresde (Allemagne) bombardée. La vie va-t-elle reprendre son cours à Gaza ? L’horreur est si prégnante, si forte que les observateurs, les analystes de guerre affirment que le nombre de morts a dépassé celui de tous les conflits après la Seconde Guerre mondiale, ce qui a eu entre autres conséquences un changement de termes dans le langage du «public». Holocauste, pogrom des termes lourds, chargés d’histoire remplacent désormais crime, délit ou atrocité. Les médias, principalement ceux qu’on dénomme «mainstream» diffusent à longueur de journée ces scènes qui font mal et brouillent la réalité. Scènes qui font mal, mal à qui ?principalement à ceux qui gardent en eux le sens de «l’humain» et qui cherchent désespérément une justice (divine ou humaine).
Ceux-là n’ont que des larmes à verser et le vacarme des contestations. Excepté quelques rares médias encore attachés à leur devoir d’honnêteté, l’homme d’aujourd’hui, impuissant devant les massacres, se trouve face à un déluge de mensonges, de pratiques douteuses, de désinformations révoltantes qui ne font pas honneur au métier de journaliste (j’y reviendrai prochainement). Mais à la lumière des récentes déclarations des puissants du monde, très influencés par la «réalité» du génocide et par la pression de ce qu’on appelle prosaïquement «la rue», on constate que leurs positions commencent à prendre une autre tournure ou une inclinaison vers la justice.
Des exemples ? Ils sont si nombreux, je n’en prendrai que les derniers en date. Réunis le mercredi 6 de ce mois en vidéoconférence, les dirigeants des pays du G7, affirment leur soutien à la création d’un Etat palestinien, appelant à une action urgente à la crise humanitaire, ils réaffirment être «très préoccupés par l’impact dévastateur sur la population civile palestinienne à Gaza» et appellent à l’ouverture «de nouveaux points de passage» autres que Rafah, à la frontière avec l’Égypte, par lequel transite actuellement l’aide humanitaire. D’un autre côté, les experts de l’ONU restent «convaincus que le peuple palestinien court un risque de génocide… Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, avait déjà alerté le 14 octobre «sur les crimes contre l’humanité» commis par Israël à Gaza. L’exemple cocasse pour terminer. Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, qui a adressé une demande au Conseil de sécurité d’invoquer l’article 99 de la Charte de l’ONU, déclare qu’«il y a risque d’effondrement total de l’ordre public à Gaza», ce à quoi, sans rougir, Eli Cohen, ministre des Affaires étrangères d’Israël, qui l’accuse de soutenir le Hamas, répond «le mandat de Guterres est un danger pour la paix dans le monde». Sans commentaire !
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