Mes humeurs: Face à la barbarie, la musique
Gaza en état de siège, 2,300 millions d’habitants privés d’eau, d’électricité, sans approvisionnement en nourriture (même les boulangeries ont été bombardées). Les missions de secours internationales appellent les autorités israéliennes à ouvrir une issue pour diligenter l’aide humanitaire, les médicaments et les nourritures nécessaires, vendredi, devant les véhicules bloqués au passage de Rafah, M. Guterres, secrétaire général de l’ONU, ajoute aux regrets un cri d’impuissance : « Ces camions font la différence entre la vie et la mort ». Mais, en ces moments de brouillard qui enveloppe la situation politique, leurs incessantes requêtes et leurs griefs s’apparentent à un prêche dans le désert. La question qui taraude actuellement le monde est le scénario catastrophique de « la vengeance », que préparent Netanyahou et sa coalition, sous l’œil complaisant de leurs ‘‘ indéfectibles amitiés’’ occidentales.
Les bombardements continuent, on ne compte plus les morts par dizaines ni par centaines, c’est par milliers désormais que les chiffres sont débités sans relâche. Femmes, enfants, jeunes ou vieux, traînant leur désespoir, quittent leurs domiciles, fuient les atrocités du nord en direction du sud, sur ordre des militaires (on parle d’un million de déplacés). Mais la prison qu’est l’enclave de Gaza est fermée. L’exode commence : vers où ?
De la musique en temps de guerre ? Je ne sache pas qu’on en ait parlé assez. Les journalistes culturels se sont tournés vers la politique. A raison peut-être. Pourtant, il y a des voix auxquelles beaucoup de sujets, de citoyens arabes ne prêtent pas, ou pas assez attention, celles des pacifistes juifs israéliens et surtout celles des artistes, des musiciens rêvant d’un monde sans guerre, des écrivains qui appellent au printemps, à l’amour et à la paix, des poètes qui nomment l’innommable sans savoir s’ils seraient écoutés. Ils sont nombreux, leurs prouesses méritent d’être relevées et mises en relief. Je prendrai le cas de l’exemplaire chef d’orchestre Daniel Barenboïm, qui mérite certes d’occuper plus d’espace que cette modeste chronique.
L’exploit de Barenboïm est de prendre position dans les conflits opposant Israël aux Palestiniens, sans mâcher ses mots, sans concession et en toutes circonstances. L’Israélo-Argentin, qui dispose d’un passeport palestinien (pour le principe), dit clairement que la solution du conflit est l’arrêt de la colonisation et le retrait des colons.
Connu pour avoir dirigé les meilleurs orchestres du monde (Chicago, Berlin, Paris, etc), dont le répertoire s’étend de Bach à Dutilleux, Barenboïm a joué à Gaza où il a donné un concert pour la paix. Il est entré dans cette enclave par le poste frontière de Rafah, avec 25 musiciens européens. « C’est un geste unique de l’Europe tout entière pour vous à Gaza », a-t-il clamé. Dans l’actuel conflit, Barenboïm a condamné avec la même fermeté les attentats contre les civils israéliens et le siège israélien de Gaza qualifié d’« une punition collective qui est une violation des droits humains. »
En 2005 à Ramallah, avec son orchestre, le West-Eastern Divan Orchestra, créé en 1999 par lui-même et l’écrivain américano-palestinien Edward Saïd dans le but de créer une institution musicale qui serait un facteur de paix et de rapprochement entre Juifs et Arabes.» Les hommes politiques recherchent les armes de destruction massive, le West-Eastern Divan Orchestra recherche l’unique arme de construction massive… ». Sa voix sera-t-elle entendue un jour ?
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