Economie tunisie

Marouane Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie : «Nous œuvrons pour l’émergence d’un secteur bancaire solide»

 

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, a déclaré hier que la BCT s’apprête actuellement à lancer la «Sandbox Express», qui a pour objectif de donner aux banques l’opportunité de commercialiser des solutions digitales tout en permettant à la BCT de s’assurer de leur robustesse avant leur lancement.

Intervenant lors de la séance d’ouverture  des journées annuelles du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique qui se tiennent, les 9 et 10 février à Tunis, sous le thème «Quelle réglementation bancaire pour les économies africaines ?», le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, est revenu sur le processus de réformes qui a été entamé par l’institut émetteur depuis 2011, et qui vise à moderniser le cadre réglementaire régissant l’exercice de l’activité bancaire en Tunisie, avec comme point d’orgue la refonte  de la loi portant statut de la Banque centrale (en 2016) mais aussi de la loi bancaire.

Il a indiqué, dans ce sens, que la convergence vers les standards internationaux et la consécration des principes de bonne gouvernance, d’équité concurrentielle et de transparence ont constitué la ligne directrice de toutes ces réformes, tout en optant pour une approche concertée graduelle qui tient compte des spécificités du contexte national et de la capacité d’adaptation des banques tunisiennes.

Des réformes qui, selon le gouverneur de la BCT, ont valu au secteur bancaire de «faire preuve d’une capacité d’absorption de choc satisfaisante. La résilience, cheval de bataille de tout régulateur, constitue la pierre angulaire de tout système bancaire sain.  A ce titre, la BCT a toujours œuvré pour la consolidation financière du système bancaire d’une manière quasi ininterrompue avec pour but ultime l’émergence d’un secteur bancaire plus solide au service du développement durable», a-t-il souligné. 

Une conformité avec les standards bâlois et les normes «Ifrs» en 2023

Dans ce contexte, Abassi a souligné qu’avec son nouveau plan stratégique 2023-2025, la BCT va lancer une autre vague de réformes qui vont permettre au secteur financier et bancaire de faire face aux nouveaux défis qui s’imposent. «Consciente des nouveaux défis auxquels doit faire face le secteur financier et bancaire, “la BCT a choisi comme slogan pour un nouveau plan stratégique 2023-2025 être une banque centrale crédible, résiliente et innovante, à l’avant-garde des transformations financières inclusives et durables”. Elle s’est fixé, entre autres objectifs, la totale conformité avec les standards Bâlois et les normes Ifrs en 2023», a-t-il précisé.

Il a ajouté que l’institut émetteur a également axé son action, à court et à moyen termes, sur la promotion des moyens et systèmes de paiement en tant que levier pour l’inclusion et la stabilité financière, l’ancrage de la dimension RSE dans la régulation, la gouvernance et les pratiques du système bancaire ainsi que la consolidation de son rôle comme facilitateur et acteur de premier plan dans l’accompagnement des innovations technologiques et financières.

La transformation digitale en point de mire, la BCT s’apprête actuellement à lancer la «Sandbox Express», qui a pour objectif, d’une part, de donner aux banques qui ont l’intention de commercialiser des solutions digitales l’opportunité de le faire dans un monde fast track et, d’autre part, de permettre à la BCT de s’assurer de la robustesse de ces solutions avant leur lancement. 

Abassi a indiqué, dans ce cadre, que la BCT entend implémenter une politique d’Open Banking et ce, dans le but de favoriser l’émergence de nouveaux cas d’usage plus attrayants qui profiteraient à toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur des services financiers.

Les défis des systèmes bancaires africains 

Évoquant l’impact de la crise sanitaire sur le système bancaire et financier, le gouverneur de la BCT a souligné que «les institutions bancaires n’ont pas été épargnées des retombées de la crise qui leur a imposé de non seulement faire face à de nouveaux besoins et à des sollicitations fortes de soutien à l’économie, mais leur a également dicté une modification profonde et radicale de leurs stratégies et modes de fonctionnement».

Il a ajouté que si les  banques africaines ont pu faire preuve de résilience, de flexibilité, réactivité face à la crise, les régulateurs africains se retrouvent actuellement à gérer de nouveaux enjeux et défis qui viennent s’ajouter aux répercussions de la crise sanitaire et qui façonnent le monde post-Covid. Il s’agit, essentiellement, selon le gouverneur de la BCT, de cinq défis majeurs. Le premier défi est lié à la situation géopolitique qui est  marquée par une instabilité due notamment à la guerre en Ukraine et qui a eu pour effet immédiat un renchérissement du coût des denrées alimentaires et des hydrocarbures mettant en péril la sécurité alimentaire et énergétique.

Le deuxième défi se rapporte aux perspectives économiques dans un contexte marqué par des tensions inflationnistes qui fragilisent davantage le tissu économique et impactent le pouvoir d’achat des citoyens. Ensuite, il y a les enjeux d’inclusion financière, qui doivent être l’affaire de tous et qui passent, selon le gouverneur de la BCT, par, notamment,  la facilitation de l’accès aux services bancaires de base et de développement des relations de confiance avec la clientèle bancaire et la garantie de leur protection via  la prévention du surendettement, une transparence accrue, une tarification responsable et un traitement respectable, respectueux et équitable des clients.

Le quatrième défi est lié à la  révolution numérique et aux mutations qu’elle induit qui sont porteuses d’opportunités mais qui concourent également à l’émergence de nouveaux risques que le secteur bancaire «devra correctement appréhender pour réussir cette transformation». Le cinquième et dernier défi concerne les changements climatiques, notamment le dérèglement climatique, la sécheresse, la désertification, le tarissement des ressources hydriques, l’érosion des côtes… auxquels le continent  africain demeure fortement exposé. «Nos pays africains vivent certes de grands défis mais nourrissent également de grands espoirs qui nécessitent des efforts concertés de la part de l’ensemble des parties prenantes et un rapprochement des points de vue des régulateurs africains afin de réussir à relever ces défis et aboutir à l’intégration panafricaine tant souhaitée. Il faut surtout oser et y croire», a-t-il conclu.

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