« Manifestations d’engagement à travers le sujet de l’art palestinien » organisées par MACAM Tunis en soutien au peuple palestinien : Louable, mais sans grande résonance
L’exposition, qui se voulait le témoin de la résistance quotidienne palestinienne sous l’occupation sioniste, proposait une petite sélection d’œuvres d’artistes tunisiens et palestiniens, appartenant à différentes générations, en provenance du Fonds national
d’arts plastiques.
En ces temps de désolation où les valeurs humaines et humanistes semblent être en perdition, où l’on assiste horrifiés et incapables face à l’horreur de la punition collective qu’inflige dans une éhontée illégalité la puissance coloniale israélienne aux civils gazaouis, où des barricades physiques et virtuelles se dressent contre les voix justes qui condamnent l’horreur… face aux scènes quotidiennes d’horreur, certains diraient que les mots sont vains, inutiles et insipides mais les mots et les voix demeurent les seuls recours quand l’injustice fait légion.
Cela s’est traduit, sous nos cieux, par des manifestations de soutien dans les rues de Tunis et sur les réseaux sociaux malgré la censure, pour soutenir, pour faire pression, pour sensibiliser, pour éclairer et pour contrer les propagandes sionistes, pour que cesse, une fois pour toutes, ce flagrant délit de violation des lois internationales.
Le Musée d’arts modernes et contemporains (Macam) a voulu rejoindre ces mouvements de soutien aux Palestiniens nationaux et internationaux en organisant, vendredi dernier, en partenariat avec le Théâtre de l’Opéra, une exposition d’arts plastiques suivie d’une conférence intitulée « Manifestations d’engagement à travers le sujet de l’art palestinien », présentée par la professeure et chercheure Fawzia Dhifallah, en présence de l’éditeur palestinien résidant en Tunisie, Tawfiq Fayyad.
Improvisée, vu la volonté visiblement urgente des organisateurs de réagir face à l’actualité, la rencontre a eu lieu (avec plus d’une heure de retard !) dans une toute petite salle d’exposition située dans le hall inférieur de la Cité de la culture et a attiré une poignée d’invités.
L’exposition, qui se voulait le témoin de la résistance quotidienne plasticienne sous l’occupation sioniste, proposait une petite sélection d’œuvres d’artistes tunisiens et palestiniens, appartenant à différentes générations, en provenance du Fonds national d’arts plastiques. Une rencontre plus étudiée et plus préparée avec une sélection d’œuvres plus conséquente, dans un espace plus grand, aurait eu plus d’impact et de résonance…
Dans son intervention intitulée «Les manifestations de l’engagement dans l’art palestinien» (qu’elle a lue d’une traite), la chercheuse tunisienne Fawzia Dhifallah est revenue sur les contours d’un mouvement artistique palestinien et sur le concept de l’engagement dans l’art en région arabe longtemps associé, comme elle le précise, à la littérature palestinienne. Elle a cité dans ce sens l’oeuvre « Des hommes dans le soleil» (Men in The Sun) de l’écrivain et militant politique Ghassan Kanafani, les œuvres poétiques du Palestinien Mahmoud Darwich, le Syrien Adonis. Elle a évoqué aussi les chansons engagées de l’Egyptien Cheikh Imam et son compatriote le poète Ahmad Fouad Nagm, le groupe marocain Nass El Ghiwane, le Tunisien Hedi Guella et le Syrien Samih Choukeir.
Le concept de l’engagement dans l’art a de multiples significations et connotations, note la conférencière. Pour cela, elle estime important de le protéger contre toute manipulation et son usage à des fins idéologiques.
L’art plastique palestinien, dans ses divers genres et courants, est l’expression d’«une mémoire exceptionnelle qui résiste à toutes les formes d’oubli, d’oblitération et de disparition», note-t-elle, en ajoutant que cet art engagé oscille entre une narration réaliste des événements et une narration désirée et fantasmée, qui est une source de motivation.
L’art palestinien, souligne la conférencière, traduit l’héritage culturel et historique de la Palestine et ses symboles, entre autres la terre, l’olivier et Al Qods, en parallèle avec des scènes et des allégories autour des massacres, des génocides, des guerres, de la mort, du deuil, de la faim, de la révolte et de la colère…
Fawzia Dhifallah est revenue sur les débuts de l’expérience plastique palestinienne contemporaine dans les années 30 et l’émergence du mouvement artistique par les pionniers du réalisme, citant comme exemple l’artiste Ismail Shammout (1930-2006) dont l’œuvre est largement inspirée de son quotidien, à l’issue de la Nakba en 1948 et l’apparition des galeries d’art qui accueillaient des rencontres et des débats sur le mouvement plastique palestinien, en rapport avec le concept de l’engagement artistique. Des expositions collectives s’y sont tenues jusqu’en 1980, date de la création de la Ligue des plasticiens palestiniens.
Elle ne pouvait pas ne pas parler du fameux caricaturiste, le père de Handhala Naji al-Ali, né en 1937 en Palestine et mort assassiné le 29 août 1987, en Grande-Bretagne. Découverts par Ghassan Kanafani, ses premiers dessins prêchent l’espoir et la révolution. Durant sa carrière, il a produit environ 10.000 dessins, bien que le chiffre de 40.000 apparaisse le plus souvent, la plupart décrivant la situation du peuple palestinien.
Il était aussi question dans son intervention des artistes plasticiens palestiniens de la diaspora qui, comme elle l’a noté, ont rejoint les académies d’art occidentales permettant ainsi à l’art palestinien de se positionner à l’international et de développer leurs expériences plastiques, notamment après la première Intifada de 1987.
Une rencontre pour le moins discrète, vite expédiée avec peu d’échanges qu’on aurait voulue plus résonante et plus aboutie, mais qui reste tout de même louable.
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