«Mahfel» de Fadhel Jaziri à Carthage: Pourquoi ce sentiment d’inachevé ?
Il faut dire que le seul nom de Fadhel Jaziri, ses références, ses spectacles passés, son sens de la démesure, ses mises en scène grandioses lui ont toujours valu l’adhésion du public. Et celui-ci était déjà acquis avant même que le spectacle ne commence.
Les danseurs et danseuses de l’opéra choisi par Fadhel Jaziri pour son méga-spectacle, outre leur talent, ont quelque chose en commun : ils sourient. Dents blanches dans des lèvres carmin pour les filles, sourires éclatants et lumineux pour les garçons. Ils sourient, tout au long d’un spectacle pourtant certainement physiquement éprouvant, car reposant en grande partie sur leurs épaules. Ils sourient et s’amusent visiblement, enchaînant sarabandes joyeuses, envolées gracieuses, jeux de rôle malicieux, le tout obéissant à une technique rigoureuse. Et en cela, Fadhel Jaziri a tenu sa promesse : « Nous allons nous amuser », avait-il annoncé. Et le public a merveilleusement répondu à l’invitation : sur les gradins, grands et petits s’amusaient visiblement dans un théâtre que l’on ne se souvient pas d’avoir vu si plein.
Il faut dire que le seul nom de Fadhel Jaziri, ses références, ses spectacles passés, son sens de la démesure, ses mises en scène grandioses lui ont toujours valu l’adhésion du public. Et celui-ci était déjà acquis avant même que le spectacle ne commence.
Moi aussi je l’avoue.
Alors pourquoi ce bémol ? Ce sentiment d’inachevé ?
Bien sûr, c’était un concert magnifique, avec une pléiade de voix remarquables. Bien sûr, c’était un programme superbe, orchestrant harmonieusement et de façon cohérente les chants des villes et ceux des campagnes, ceux des plaines et ceux des montagnes, ceux des nords et ceux des suds.
Mais ‘‘Mahfel’’ nous avait-on promis, ce sont les festivités et les cérémonials du mariage. Les traditions et les coutumes de ce jour de fête si différentes selon les régions. Peut-être que connaissant le sens du spectacle de Fadhel Jaziri, on attendait, inconsciemment, des Jahfas et des processions, des danses des terroirs, des transcriptions « jaziresques » de ces fondamentaux du patrimoine festif. Peut-être qu’on aurait aimé que la scène soit moins statique, les danses moins répétitives, et que comme il nous y a habitués, il se passe à chaque moment quelque chose sur scène.
Alors oui, ce fut une belle ouverture du festival, un grand concert de belle qualité, une magnifique pléiade de chanteurs que l’on n’a pas souvent l’occasion de voir réunis, un ensemble de danseurs de grand talent. Il y manquait le génie et le grain de folie de Fadhel Jaziri.
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