Economie tunisie

Lutte contre le blanchiment d’argent : Un combat sans relâche !

Le blanchiment d’argent représente un enjeu majeur de notre époque, tant sur le plan économique que sécuritaire. Ce phénomène, qui consiste à dissimuler l’origine illicite de fonds afin de les réintroduire dans le circuit économique légal, touche non seulement les institutions financières, mais également l’ensemble des structures économiques et sociales. Face à l’ampleur et à la complexité de ce fléau, la lutte contre le blanchiment d’argent s’est imposée comme une priorité, mobilisant plusieurs parties prenantes.

En Tunisie, le phénomène du blanchiment d’argent revêt une dimension particulière, fortement liée aux bouleversements politiques, économiques et sociaux survenus depuis la révolution de 2011. Le contexte de transition et les défis structurels rencontrés par le pays ont permis à certains flux financiers illicites de se développer, souvent en exploitant des failles réglementaires et institutionnelles.

Un enjeu à plusieurs facettes

Le blanchiment d’argent est un fléau qui affecte l’économie tunisienne. Face à cette menace, notre pays a renforcé son cadre législatif et cherche à lutter contre ce phénomène. Me Mabrouk Maddouri, avocat à la Cour de cassation et spécialiste en droit des affaires et du transport international de marchandises, nous apporte son éclairage sur les enjeux et les solutions possibles.

Le phénomène de blanchiment d’argent nuit à la transparence financière, donc, la lutte contre ce fléau devient plus urgente que jamais. Dans ce cadre, Maddouri a expliqué que le blanchiment d’argent constitue « l’un des enjeux économiques et sécuritaires majeurs en Tunisie. Ce phénomène est particulièrement présent dans les secteurs des services financiers, du commerce et du marché parallèle, qui sont les plus vulnérables en raison de la faiblesse de la réglementation et du manque de contrôle efficace. Cette situation facilite ainsi la dissimulation des sources de fonds illicites ».

Il nous avance des exemples liés au commerce et à l’économie informelle qui représentent une part importante de l’activité économique en Tunisie et constituent une voie majeure pour le recyclage des fonds d’origine douteuse. « En outre, la cybercriminalité, notamment le piratage des comptes bancaires et des cartes de crédit, constitue une menace croissante qui complique davantage le travail des autorités de régulation », a-t-il précisé.

Et de poursuivre ; « La Tunisie a renforcé son arsenal juridique contre le blanchiment d’argent, notamment à travers la loi de 2015 et ses réformes récentes. Cette loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et ses amendements s’inscrivent dans le cadre de l’engagement de la Tunisie à respecter les normes internationales établies par le Groupe d’action financière (Gafi). Cette législation impose aux institutions financières des mesures obligatoires, telles que la surveillance des transactions suspectes et le renforcement des mécanismes de déclaration ».

Pour la rapidité des procédures judiciaires…

Cependant, l’efficacité de ces réformes reste conditionnée par un contrôle plus strict, une augmentation du nombre d’experts spécialisés dans les domaines juridique, financier et technologique, ainsi qu’une amélioration de la rapidité des procédures judiciaires. Par ailleurs, le suivi des flux financiers illicites à travers les circuits parallèles doit être intensifié pour endiguer ce phénomène.

Me Mabrouk a souligné que « le blanchiment d’argent peut avoir des effets néfastes sur l’économie en faussant la concurrence et en dissuadant les investissements étrangers. En effet, ce phénomène affaiblit la concurrence loyale et favorise la domination illégale de certains secteurs, réduisant ainsi l’attractivité du marché pour les investisseurs étrangers.

Ces derniers perçoivent le blanchiment d’argent comme un facteur de risque en termes de réputation et de stabilité financière, ce qui peut les dissuader d’investir en Tunisie ». De plus, le blanchiment d’argent déstabilise les marchés financiers, compliquant ainsi l’évaluation précise des risques économiques. Cela peut entraîner une volatilité du taux de change du dinar tunisien et une perte de confiance dans les institutions financières nationales. À terme, ce phénomène affaiblit le système financier du pays et limite sa capacité à assurer un développement économique durable, ce qui justifie les efforts législatifs et judiciaires pour lutter contre ce fléau.

Renforcer la coopération 

Selon Me Mabrouk Maddouri, la Tunisie cherche à renforcer sa coopération avec les institutions internationales, telles que le Gafi, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, en participant aux évaluations de ses politiques de lutte contre le blanchiment d’argent. Cependant, des défis persistent, notamment la nécessité d’une meilleure coordination entre les institutions locales et la mise en œuvre uniforme et globale des recommandations internationales.

Pour progresser efficacement, les réformes futures devraient se concentrer sur la création d’une autorité de régulation indépendante et efficace chargée de la lutte contre le blanchiment d’argent, ainsi que sur le renforcement de la transparence financière. Il est également essentiel d’intégrer cette lutte dans les efforts plus larges de lutte contre la corruption afin de renforcer la résilience économique et institutionnelle du pays.

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