Loi sur les structures sportives, on en reparle : Cette loi qui se fait attendre
C’est le branle-bas de combat dans les coulisses en raison de la mouture de la future loi organisant le sport en Tunisie connue sous l’appellation «loi sur les structures sportives». Certains même sont allés, de leur propre chef, soumettre «une proposition de loi », sans consultation du département de tutelle. Ce fut une cinglante fin de non-recevoir !
Cette fameuse loi devant donner le cap pour le sport national est attendue, depuis 2013, sinon depuis l’instauration d’un professionnalisme boiteux qui a tout bouleversé.
Le fait même que le ministre de la Jeunesse et des Sports a récemment déclaré que… 84% des Tunisiens ne pratiquent aucune activité sportive (ce pourcentage est discutable) est en lui-même un aveu que nous avons trop tardé à réagir. En effet, connaître les causes est déjà un début de solution. Comment accepter de tergiverser avec des personnes mues par des considérations personnelles égoïstes et laisser l’avenir des prochaines générations s’en aller à vau-l’eau ?
Avant de continuer, précisons trois choses : la première est relative à la presse nationale, tenue à l’écart de ce projet. Nous n’avons été informés d’une partie du contenu que grâce à la bataille engagée pour que les uns gardent leur royaume, qu’ils sont bien décidés à léguer à leurs petits-enfants et par la crainte des autres de perdre leurs soutiens grâce à qui ils continuent à régner en dépit de toutes les réalisations et les insuffisances que l’on pourrait leur reprocher (nous y reviendrons prochainement). Nombre de nos confrères sont en mesure de participer efficacement à ce débat. Ils disposent de données comparées qui auraient pu fournir des éléments de réponse aux questions primordiales qui se posent.
En limitant les mandats des membres des comités directeurs des fédérations, il y a en effet un risque de voir venir des personnes dont on ignore tout et qui pourraient voter en défaveur de ceux qui sont là.
La seconde, à notre humble connaissance, c’est la nation, qui décide par l’entremise de ses représentants à l’Assemblée de quelle manière elle voudrait consacrer ce sport pour que son peuple en tire le maximum de profits. Depuis quand doit-on lier l’avenir des futures générations avec les désirs des uns et des autres ?
La troisième, étant donné que l’on ne peut se payer le luxe de remanier cette loi organique quand ça nous chante, il faudrait que celle qui sera présentée englobe tous les aspects de la pratique sportive dans le pays.
Complètement marginalisé…
Elle doit soutenir dans l’intérêt national toute initiative, visant à développer le sport tout en apportant le plein appui aux sportifs d’élite, aux équipes nationales de toutes les disciplines sportives dans les compétitions internationales tout au long de leur carrière et surtout après services rendus. Ce qui n’est pas le cas actuellement…
Ce sport, troisième milieu rêvé pour toute la population, doit être propagé auprès du plus grand nombre de pratiquants. Il englobe par conséquent :
– les enfants, les jeunes, les adultes et les seniors. C’est le « sport pour tous » qui donne la possibilité aux entreprises d’inscrire le sport dans leur raison d’être, à l’effet d’en faire des soutiens impliqués à même de contribuer au fonctionnement des clubs scolaires, civils ou professionnels,
-le sport scolaire et universitaire, complètement marginalisé, alors qu’il a été le creuset du sport national, avant de le bureaucratiser et de s’en détourner. Les pays qui dominent actuellement sont ceux qui ont donné la priorité aux sports scolaires et universitaires avec l’instauration dès l’école primaire de cours d’éducation physique et sportive. Nos champions du monde et olympiques Mellouli et Hafnaoui se sont préparés dans des universités américaines qui les ont accueillis non pas seulement pour leurs performances sportives mais aussi pour leur niveau intellectuel.
Dans ces pays, c’est le meilleur investissement. Pour nous, ce secteur est secondaire. A voir les problèmes qui se posent pour les lycées sportifs et l’état de leurs équipements, leur logistique sanitaire et autres nécessités on se demande comment ce pays est en train de produire des champions du monde.
– le sport qui aide à préserver ou à retrouver la santé doit être couvert par les caisses sociales, car les problèmes cardiovasculaires, l’hypertension, l’obésité ou la dépression nerveuse font appel au sport.
– le sport civil amateur qui demeure le creuset du sport en général dont on n’entend plus parler.
-le sport féminin qui représente un véritable gisement de valeurs qui ne ramasse que les miettes, parce qu’il est mal représenté, sans véritable budget autonome et sans voix en l’absence de parité au sein des comités directeurs.
– le sport civil professionnel actuellement galvaudé par des clubs en pleine déroute financière.
– L’état des infrastructures sportives, ce problème crucial dans lequel l’Etat a investi, mal investi, car mal conseillé, et qui dépérit faute d’entretien et de mise à niveau.
Dans l’état actuel des choses, l’État construit et édifie cette infrastructure pour la confier en gestion. Cette option a démontré ses limites. Indépendamment de cela, le choix de ce qui devrait être construit et les lieux sont le fruit d’une politique politicienne qui dessert l’intérêt général. Les collectivités locales devraient être tenues de prévoir la construction de ce dont elles ont besoin dans le cadre d’un plan d’ensemble. Qu’on le veuille ou non, il y a bien une sorte de spécialisation dans les régions. Il faut la respecter et l’encourager.
Dans la transparence et la bonne gouvernance
L’école, le collège, le lycée doivent avoir leurs installations sportives. On ne peut se permettre de refaire le monde à chaque fois qu’on y pense. Ces terrains en friche sont à exploiter. Qu’attendent les gouverneurs pour agir dans ce sens ? Une loi ? Il faudrait la leur donner pour encourager l’Etat et le privé à s’engager en leur permettant d’enrichir l’infrastructure des établissements scolaires et des clubs qui ne savent où aller. Ces plages oubliées devraient devenir des pépinières de champions de natation.
L’utilisation de ces installations, toutes ces installations, peut être sollicitée par les civils, les scolaires, par le sport et travail et même par les militaires. La Tunisie est une et indivisible. Une salle, une piscine, un terrain de tennis, une salle de sports de combats, etc. ne doivent jamais fermer leurs portes. Elles ne les ferment que pour le nettoyage et l’entretien qui est programmé et jamais sous l’impulsion d’une décision qui se prend dans un bureau. C’est ce qui se passe actuellement, faute de loi donnant à cette infrastructure une stature respectable et à respecter.
La gestion qui revient à des fédérations agréées pour les besoins de la cause, aux ligues et aux instances que l’on serait appelé à créer pour l’exécution d’une mission de service public dans la transparence et la bonne gouvernance. Et une bonne gouvernance ne saurait l’être dans un milieu figé qui repousse toute ouverture et écarte le renouvellement porteur de nouvelles idées et de dynamisme. Il y a beaucoup de jeunes qui ont des idées et qui sont prêts à contribuer à l’essor du sport national. Il faut absolument leur donner la chance de le faire. En figeant les comités on leur barre le chemin.
La sagesse et la raison
C’est la raison pour laquelle le nombre de mandats des membres fédéraux ou des ligues, où la parité hommes femmes est absolument à instaurer et à respecter (une nécessité pour que le sport féminin s’émancipe), est de trois dans les pays les plus démocratiques, pour pouvoir insuffler du sang neuf et éviter les mainmises. Cet argument est, semble-t-il, rejeté. Suivez le regard pour connaître la raison.
Si vous n’êtes pas convaincus, les archives relatant les problèmes, porteurs des germes du régionalisme, de la haine, de débordements portant atteinte à la paix sociale, vécus par le sport tunisien depuis bien des années, sont disponibles. On peut se tromper, douter, essayer de comprendre, mais la répétition des mêmes problèmes suppose qu’il y a urgence à agir pour l’intérêt national. «Si je suis le seul à dire que j’ai raison et que tout le monde dit que j’ai tort, c’est que j’ai tort », dit-on !
Les pays développés ont prévu dans leurs lois organiques un organisme national pour traiter les litiges en interne et lutter contre les manipulations des compétitions sportives. C’est dire que le cas tunisien n’est nullement une exception mais tous ceux qui ont constaté les conséquences de ces manipulations sur la paix sociale ont réagi.
D’une manière ou d’une autre, il faudrait y mettre un terme.
Le monde du sport est dans l’attente du vainqueur de ce bras de fer : la sagesse et la raison ou la raison du plus fort.
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