L’œil de l’expert | Mongi Ben Brahim (ancien international) : «Seule satisfaction : la qualification au Mondial»
Pour notre interlocuteur, la qualification à la Coupe du monde est le seul bon point obtenu par notre team national U20 de sa participation à la CAN d’Egypte. Il y a tant de choses à revoir avant la Coupe du monde d’Indonésie.
« On ne peut se permettre de donner des leçons à quiconque dans le domaine footballistique. C’est que la vérité du terrain est tout autre et elle est des fois tributaire d’une action individuelle pour décanter un résultat, même si la manière n’y est pas. Toutefois, on peut donner un avis sur la manière de gérer un groupe par un staff technique. Il faut comprendre une chose : les stars, ce sont les joueurs. Ce sont eux qui font l’entraîneur. Je citerais les propos de Walid Regragui, sélectionneur du Maroc, lors de sa prise des fonctions : « Je ne suis rien et c’est grâce aux joueurs que je vais devenir quelqu’un ».
Tout le monde pense détenir la vérité…
Malheureusement chez nous, tout le monde pense détenir la vérité. On peine aussi à passer le message qu’il faut au bon moment. La gestion du groupe est par moments catastrophique. Certains joueurs ont un ego surdimensionné. La formation est négligée, toutes catégories confondues. Quelle analyse peut-on donner quand on ne voit sur le terrain aucun point de repère. Des joueurs qui tergiversent à chaque action. Côté lucidité mentale, c’était tout simplement catastrophique. Je n’ai aucun reproche à faire à Adel Sellimi qui vit avec le groupe par intermittence. Le seul reproche que j’ai à lui faire, ce sont les propos qu’il a tenus lors de la conférence de presse quand il a dit que les deuxième et troisième places ne nous intéressent pas. C’est aberrant d’entendre cela.
On se souvient tous des propos de Jamel Belmadi quand il a dit que la Coupe d’Afrique des Nations ne l’intéresse pas. Il s’est fait éliminer par le Cameroun et a raté, par conséquence, la qualification à la Coupe du monde du Qatar. A titre personnel, je trouve scandaleux que cette magnifique sélection algérienne ait raté la dernière édition de Coupe du monde. Une aberration…
L’exemple algérien mène à tirer la conclusion suivante : il faut se remettre en question, revoir la manière de bâtir une sélection nationale, particulièrement et essentiellement dans les catégories jeunes, car c’est l’avenir de la sélection A. Il faut arrêter de s’octroyer le pouvoir de décider de l’avenir des sélections nationales. Il faut mériter le pouvoir pour servir et être utile. Il faut être visionnaire et arrêter de détruire la carrière de nos jeunes footballeurs. C’est de notre devoir de leur ouvrir la porte de la réussite. Tout cela pour dire qu’il y a toute une stratégie à bâtir autour de la sélection nationale U20.
Le seul résultat positif de notre participation à la CAN U 20, c’est la qualification à la phase finale de la Coupe monde d’Indonésie. Il faut à tout prix entamer un travail de repérage. Le sélectionneur national des U20 doit aller visionner les joueurs afin de découvrir de jeunes talents et, pourquoi pas, les lancer dans le bain à l’occasion de la Coupe du monde d’Indonésie. Il faut surtout avoir un contact permanent avec les entraîneurs des clubs. La participation à la Coupe du monde d’Indonésie est une jolie vitrine pour notre football. Une opportunité pour nos jeunes joueurs pour se mettre en évidence et leur ouvrir le chemin de la réussite en se faisant détecter par des clubs. Nous devons respecter tous nos adversaires. Le souvenir d’avoir été éliminé par le Cap Vert doit nous servir de leçon.
La force de passer le message
Nous devons apprendre aussi à gérer nos matches contre des adversaires sur lesquels nous n’avons pas suffisamment d’informations. En d’autres termes, apprendre à nos jeunes internationaux de faire le saut dans l’inconnu.
Au sélectionneur national d’apprendre aux joueurs de jouer collectif. Il y a tellement de choses à corriger dans ce groupe U20, à condition de savoir se remettre en question en faisant de l’autocritique. On ne peut pas juger le travail d’un staff qui ne se réunit pas assez avec le groupe. C’est du bricolage qui ne peut que ternir l’image de nos joueurs. On doit à tout prix motiver nos joueurs par un discours positif et sincère. Enfin, si sur le plan collectif le seul résultat positif est la qualification à la Coupe du monde d’Indonésie, il y a eu tout de même quelques satisfactions à l’échelle individuelle. On ne peut qu’être satisfait de l’apparition de quelques joueurs, à l’instar de Garreb, Nasraoui et Derbali. Il y a toujours la possibilité de découvrir d’autres jeunes joueurs. C’est au staff technique national d’aller visionner les autres catégories. Qui sait, on peut trouver l’oiseau rare qui peut être utile».
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