Economie tunisie

L’intelligence artificielle et son impact sur l’emploi : La vision optimiste de l’OIT

Dans un futur proche, l’intelligence artificielle sera-t-elle en mesure de remplacer des emplois ? Si certaines études internationales ont pu contribuer à renforcer les craintes exprimées à ce sujet, l’Organisation internationale du travail (OIT) semble plus optimiste.

Depuis que l’Intelligence Artificielle générative (capable de générer du texte, des images ou d’autres médias) s’est imposée sur le devant de la scène technologique, la question de son impact sur le monde du travail a suscité de nombreuses interrogations. Certes, l’heure où les machines domineront le monde n’est pas encore venue, mais le compte à rebours a déjà commencé et cette IA générative a, bel et bien, commencé à envahir nos modes de vie.

Mais qu’en est-il de son impact sur la quantité et la qualité des emplois, avec un marché qui pourrait se voir bouleverser par les «chatbots» tel «ChatGPT» ?

Créer plus d’emplois qu’en détruire

Pour répondre à cette question, l’OIT (Organisation internationale du travail) des Nations unies vient de publier, une étude examinant l’effet potentiel des plateformes d’intelligence artificielle. Baptisée «Generative AI and Jobs : A global analysis of potential effects on job quantity and quality» (NDR: IA générative et l’emploi : une analyse globale des effets potentiels sur la quantité et la qualité de l’emploi), l’étude suggère que la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation. Au contraire, ces derniers sont plus susceptibles d’être complétés que remplacés par la dernière vague d’IA générative, telle que «ChatGPT».

À cet égard, l’étude estime que l’IA est plus susceptible de créer des emplois que d’en détruire. «La première conséquence de cette nouvelle technologie ne se traduira probablement pas par la destruction d’emplois, mais plutôt par des changements potentiels dans la qualité des emplois, notamment l’intensité du travail et l’autonomie», révèle l’étude de portée mondiale.

Sur un autre plan, le document souligne que les effets de cette nouvelle technologie varient considérablement selon les professions et les zones, tandis que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de voir leur travail affecté.

A cet égard, le travail de bureau s’avère être la catégorie la plus exposée aux technologies d’intelligence artificielle, avec près d’un quart des tâches considéré comme très exposé et plus de la moitié des tâches présentant un niveau d’exposition moyen.

Parmi les cadres et les techniciens, seule une petite partie des tâches sera touchée par l’IA, tandis qu’environ un quart présente des niveaux d’exposition moyens, selon l’OIT.

Par ailleurs, la part de l’emploi potentiellement affectée par l’automatisation était plus de deux fois plus élevée pour les femmes que pour les hommes, en raison de la surreprésentation des femmes dans le travail de bureau, en particulier dans les pays à revenus élevés et intermédiaires.

Une exposition différente selon le pays

Sur un autre plan, l’étude met en évidence des différences notables dans les effets sur les pays à différents niveaux de développement, liées aux contextes économiques et aux écarts technologiques existants. Conséquence de cette donnée : les pays riches, en raison de leur contexte économique et de leur avancement technologique, devraient être davantage impactés par l’IA dans les emplois déjà existants.

«5,5% de l’emploi total dans les pays à revenu élevé sont potentiellement exposés aux effets d’automatisation de la technologie, alors que dans les pays à faible revenu, le risque d’automatisation ne concerne qu’environ 0,4% de l’emploi», souligne le document.

D’autre part, le potentiel d’augmentation est pratiquement le même dans tous les pays, ce qui laisse penser qu’avec la mise en place de politiques appropriées, cette nouvelle vague de transformation technologique pourrait offrir d’importants avantages aux pays en développement.

«On aurait pu s’attendre à ce que cette approche génère des estimations alarmantes de pertes nettes d’emplois, mais ce n’est pas le cas. Nos estimations mondiales laissent plutôt présager un avenir dans lequel le travail se transformera, mais sera toujours très existant… Nous soutenons que l’émergence du GPT (Generative Pre-trained Transformer ou Transformeur génératif pré-entraîné) renforce cette image changeante, en raison de sa capacité raffinée à effectuer des tâches cognitives, telles que l’analyse de texte, la rédaction des documents et des messages, la recherche dans des référentiels privés et sur le Web des informations complémentaires…», souligne le document.

En conséquence —du moins à court terme—, cette nouvelle vague d’automatisation se concentrera sur un groupe différent de travailleurs, généralement associés à un «travail de connaissance». Et grâce au progrès technologique, bon nombre de ces emplois pourraient ne jamais voir le jour dans les pays en développement, où ils servaient traditionnellement comme moyen d’accroître l’emploi des femmes.

Pour les autres types de «travaux de connaissance», l’exposition n’est que partielle, suggérant plutôt un potentiel d’augmentation et des gains de productivité plus importants que le déplacement d’emplois.

Pour conclure, certes, le lancement en novembre dernier du robot conversationnel «ChatGPT», considéré comme une révolution dans l’usage de l’IA, a créé de nombreuses craintes quant à la transformation du monde du travail et à son impact sur l’emploi. Mais ce qui est certain aujourd’hui, comme l’estime Imed Hanana, CIO Scet-Tunisie et président de l’Association tunisienne pour l’intelligence artificielle (Atia), personne ne détient la vérité absolue quant à l’impact futur de l’intelligence artificielle. Cette dernière offre actuellement des opportunités pour améliorer nos compétences et résoudre des problèmes complexes. Cependant, le développement exponentiel récent de l’IA Générative, avec des programmes qui ont démontré des capacités impressionnantes dans la rédaction d’articles, la création artistique et la composition musicale…, suscite des inquiétudes quant à l’influence qu’elle pourrait avoir sur la pensée humaine.

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