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Les secteurs de la jeunesse et des sports à la croisée des chemins: Du pain sur la planche

Bien évidemment, le football, sport numéro un en Tunisie et dans le monde, va occuper une très bonne place sur l’agenda du nouveau ministre.

Le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) a, comme on le sait, un nouveau patron en la personne de Sadok Mourali qui a été intronisé, l’autre jour, après sa récente nomination dans le cadre du remaniement ministériel décidé par le Chef de l’Etat. Enfant de la boîte au sein de laquelle il avait occupé plusieurs postes de responsabilité, dont successivement la direction des commissariats régionaux à la jeunesse et aux sports de l’Ariana et de La Manouba et la direction de l’inspection générale du ministère et du Centre médico-sportif d’El Menzah, Mourali, né le 8 juillet 1965, ne s’y sentira donc nullement dépaysé. C’est-à-dire que le problème de l’habituelle hantise des débuts ne devrait pas se poser pour ce Hammam-lifois de pure souche qui connaît les rouages de «son» département où il a, selon le personnel, «construit une solide réputation d’intégrité et d’abnégation.» La question maintenant est de savoir si ces atouts lui permettront ou pas de relever les nombreux défis qui l’attendent. A commencer par la réforme concoctée par son prédécesseur et relative aux nouveaux statuts règlementant l’organisation des élections des fédérations sportives et la reconversion des clubs en sociétés commerciales autonomes garantissant des revenus supplémentaires susceptibles d’atténuer l’acuité de la crise financière chronique dont ils souffrent. Annoncée en grande pompe et qualifiée de révolutionnaire par ses défenseurs, ladite réforme attend, hélas, et depuis de longs mois déjà, d’être adoptée par le Conseil des ministres et entérinée par l’Assemblée des représentants du peuple.

Autre dossier non moins lourd à dépoussiérer : le chômage — qui perdure depuis voilà quinze bonnes années — de plus de 11 mille professeurs d’éducation sportive formés par l’Etat qui n’arrive pas à les recruter,pour des contraintes budgétaires. A quand la fin de leur calvaire ?

Volet infrastructure sportive, du chemin reste à parcourir et que de cheveux traînant dans la soupe à enlever ! En effet, si l’on excepte la réalisation des projets de rénovation du palais des sports et de reconstruction de la piscine municipale du Belvédère et du stade olympique d’El Menzah, le tableau des acquis infrastructurels est actuellement dégarni, ou presque, ce qui revient à dire que le MJS est appelé à faire de son mieux pour pouvoir ériger de nouveaux stades et surtout de nouvelles salles omnisports qui ne poussent plus depuis la révolution.

Par ailleurs, le nouveau ministre n’est pas sans savoir que des lois instaurées depuis des décennies et régissant le fonctionnement de plusieurs secteurs du département sont curieusement toujours en vigueur, bien qu’elles ne soient pas en harmonie avec la réalité d’aujourd’hui. Seront-elles actualisées ou remplacées, ou alors carrément négligées ?

Le football rebondira-t-il ?

Bien évidemment, le football, sport numéro un en Tunisie et dans le monde, va occuper une très bonne place sur l’agenda du nouveau locataire du MJS.

Fort d’une extraordinaire popularité qui a fait de lui un vrai phénomène social, notre sport-roi est actuellement, on le sait, malade. Certes, on n’est pas encore dans un cortège funèbre signant son arrêt de mort, mais il ne faut pas se voiler la face : il est désormais au bord de l’effondrement. Jugez-en : clubs lourdement endettés, niveau des compétitions  à faire déserter les stades, arbitrage manipulé et miné par la corruption, joueurs abusivement surpayés et… exonérés d’impôts, régionalisme galopant, sélections nationales (toutes catégories confondues) en perte de vitesse et de moins en moins compétitives sur les scènes africaine, arabe et internationale, présidents de clubs malmenés, qui derrière les barreaux, qui menacés de prison pour la sempiternelle histoire d’émission de chèques en bois, invasion continue des académies de formation privées et anarchiques, tarissement des recettes des fédérations et des clubs face à la réticence de plus en plus vive des sponsors, affaires à gogo aux tribunaux, de pseudo-agents de joueurs qui travaillent au black en amassant des fortunes, violences fréquentes dans les stades et salles, droits de TV inexploités et que sais-je encore. Ah, j’allais oublier la Vieille dame, en l’occurrence la Fédération tunisienne de football (FTF) et ses malheurs : des procès en cours, son ancien président arrêté puis emprisonné, incapacité d’organiser des élections qui ont été reportées à trois reprises, avant d’être annulées par la Fifa. Le tout envenimé par une triste caricature sur les plateaux des télés et radios et sur la Toile. Ici et là, au lieu d’aider les pompiers, on se plaît à mettre de l’huile sur le feu, sur fond de règlements de comptes, de propos enflammés et décapants, de populisme frisant le ridicule, outre le cirque des factions rivales irréconciliables et qui se regardent en chiens de faïence !

Au milieu de ce décor macabre que le laxisme du département a empêché de déboulonner, voilà que la Fifa nous impose, sans crier gare, un «Comité de normalisation» chargé de la gestion des affaires courantes et des préparatifs de l’organisation de nouvelles élections au mois de janvier prochain. Si le patron de ce comité, Kamel Idir, ne semble pas vouloir croire en un… cadeau empoisonné, il n’a pas, en revanche, fait mystère de ses réserves témoins d’une prudence excessive. «C’est un lourd héritage qu’on me lègue», reconnaît-il lors de sa première apparition médiatique. Et pour le prouver, il a annoncé sa décision d’exiger illico presto la désignation d’un bureau d’études comptables en vue de «l’élaboration d’un rapport financier en bonne et due forme qui énumérera jusqu’aux moindres détails, insiste-t-il, les mouvements des recettes et des dépenses enregistrées jusqu’à présent.»

Ex-handballeur international et ancien président du Club Africain, l’ex-haut cadre de l’Etat qu’était Kamel Idir sait sûrement qu’il n’est pas convié, au cours de son mandat, à une promenade de santé et qu’il risquerait même, dans sa démarche courageuse et patriotique, de trébucher sur des peaux de banane que certains n’hésitent pas, pour une raison ou une autre, à balancer dans les champs de notre sport en général, et de notre football en particulier.

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