Les familles des détenus politiques crient à l'injustice et dénoncent des restrictions à l'excès
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La coordination des familles des détenus politiques dans le cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État a organisé une conférence de presse, aujourd’hui 21 février 2024, portant sur les récents développements et l’état de santé des prisonniers après 365 jours d’emprisonnement.
Ezzeddine Ben Mbarek Hazgui, père de Jaouhar Ben Mbarek, a assuré que le dossier ne comportait pas de preuves d’un complot orchestré par les accusés. Il a considéré que son fils et les autres détenus représentaient un danger pour le chef de l’État, Kaïs Saïed, car ils étaient porteurs d’idées et d’un projet contrairement à ce dernier. « Jaouhar n’a pas vu son fils depuis un an… Il ne peut pas écrire une lettre à son fils… Les détenus sont obligés de manger une nourriture glacée… On a proposé de leur acheter un four à micro-ondes, mais on nous a refusé la chose… J’ai écrit un livre… On a refusé de le donner à mon fils… C’est ça le système des sommets stratosphériques… C’est répugnant… Qu’a fait Issam Chebbi ? Pourquoi n’a-t-il pas encore été jugé ? », a-t-il déclaré.
S’exprimant lors de cette conférence, l’épouse de Issam Chebbi, Faiza Rahem a remercié les partis, les organisations, les associations, les personnalités publiques et les journalistes ayant défendu le droit des détenus à la liberté. Elle est, aussi, revenue sur certaines déclarations relayées par une télévision tunisienne privée. « On induit l’opinion publique en erreur… Il s’agit de mensonges… Je tiens à préciser qu’aucun des accusés, à l’exception de Khayam Turki n’a été convoqué pour être auditionné ou interrogé dans le cadre de cette affaire… Il a comparu devant le juge d’instruction à la date du 12 juin 2023…. Il a été convoqué pour être informé des résultats de l’examen technique… Nous n’avons plus confiance en ce pouvoir », a-t-elle poursuivi.
Faiza Rahem a assuré que les détenus n’ont refusé de comparaître devant le juge d’instruction qu’à une seule reprise. Ceci a eu lieu à la date du 21 décembre 2023 en raison des conditions de transport vers le tribunal. Elle a rappelé qu’avant cela, son époux, Issam Chebbi avait été blessé et transporté à l’hôpital le 12 juin 2023. Faiza Rahem a indiqué que son époux a été arrêté en l’absence d’une décision judiciaire, mais sur la base d’instructions. Elle a indiqué que son époux et les autres détenus subissaient une grande injustice. Elle a déploré la qualification de ces derniers en tant que comploteurs les considérant comme des personnes plus dangereuses que des terroristes ayant porté les armes contre les Tunisiens. Elle a salué les détenus politiques pour leur courage et leur persévérance.
L’épouse de Abdelhamid Jlassi, Monia Brahim a, elle aussi, salué les organisations et les personnalités soutenant les détenus politiques. Elle a souhaité un retour vers la démocratie. Elle a salué les familles des détenus et a considéré qu’elles représentaient la première ligne de résistance. « On ne peut pas imaginer la souffrance des familles… Rien qu’en regardant les photos… Abdelhamid, Khayam, Issam, Jaouhar, Ridha et Ghazi ne sont pas de simples photos… Il s’agit de vos camarades et vos collègues… Ils étaient à vos côtés dans les places, lors des réunions et dans les médias… Il s’agit de leaders politiques… Leur seul crime est l’amour de la patrie… Leur seul crime est d’avoir dénoncé un coup d’État… Ils se sont attachés à leur droit au militantisme politique pacifique. Si ceci est considéré comme un crime, alors ils en sont coupables », a-t-elle dit.
Monia Brahim a assuré que le dossier de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État ne comportait pas de preuve ou de faits les incriminant. Elle a rappelé que Khayam Turki, Ridha Belhaj, Ghazi Chaouachi, Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi et Abdelhamid Jelassi sont en prison depuis 365 jours. La liste des accusés comprend, également, Lazhar Akremi et Chayma Issa. Ces derniers ont été arrêtés dans le cadre de la même affaire puis laissés en liberté à la date du 13 juillet 2023. L’épouse de Abdelhamid Jelassi a indiqué que les détenus avaient entamé une grève de la faim depuis dix jours et que nombreux d’entre eux souffraient de maladies chroniques. Ils sont, d’après elle, en danger. Elle a révélé que plusieurs restrictions ont été introduites au sujet des détenus.
D’après ses dires, les autorités n’autorisent que quatre ustensiles et que la liste des produits interdits comportait plusieurs éléments. De plus, on oblige les détenus à manger une nourriture froide. Monia Brahim a expliqué qu’à l’époque de Ben Ali, il n’y avait pas autant de restrictions. Elle a expliqué qu’on avait interdit à son époux de recevoir ou d’émettre des correspondances et qu’il est donc privé de toute communication avec sa fille se trouvant à l’étranger. « Ces personnalités sont des militants… Ils sont très connus… Ils sont porteurs d’idées et de visions… Ils sont en prison alors que les terroristes, les corrompus et les voleurs sont en liberté… On pense encore à la piscine du Belvédère et aux travaux de « Dar El Hout » (en référence aux récentes visites effectuées par le chef de l’État, Kaïs Saïed à ces deux endroits)… Vive La Tunisie… Nous n’abandonnerons jamais ! », s’est-elle exclamée.
L’avocate et sœur de Jaouhar Ben Mbarek, Dalila Ben Mbarek Msaddek a décrit son calvaire et celui des familles des détenus à travers un poème. Elle y indique qu’à la prison civile de la Mornaguia, lieu d’emprisonnement des détenus politiques, on confondait les criminels et les innocents. Elle a, elle aussi, expliqué que les détenus, tous, mangeaient leur repas froid à l’exception de ceux qui bricolaient et dissimulaient un outil baptisé par les prisonniers « mèche » servant à faire chauffer les plats.
S.G
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