Les experts commentent les chiffres de la croissance du premier semestre 2024
L’économie tunisienne a enregistré une croissance de 1% en glissement annuel, de 0,6% en glissement semestriel et de 0,2% en glissement trimestriel. L’Institut national de la statistique (INS) note que le PIB n’a pas encore atteint son niveau d’avant la pandémie.
Commentant ces chiffres, le docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur à l’Université de Carthage et expert consultant, Aram Belhadj, a affirmé : « Quoi qu’il en soit, il y a deux faits établis : le premier est que le taux de croissance en 2024 sera supérieur à celui de l’année dernière, le secteur agricole ayant enregistré une récession notable en 2023, et donc il y aura au moins une « reprise technique ». Quant au second fait, c’est que le pourcentage enregistré en 2024 sera faible, comme les précédentes années, ne permettant pas de revenir aux niveaux d’avant la pandémie et ne permettant ni de créer des emplois respectables, ni de lutter contre la pauvreté, ni d’attirer les investissements locaux et étrangers nécessaires à notre pays ! ».
Pour sa part, le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, pense « qu’il est devenu difficile d’atteindre un taux de croissance économique de 2,1%, comme l’estime le ministère des Finances dans le budget de l’État pour 2024, car cela nécessite d’atteindre un taux de croissance d’au moins 3,5% au troisième et quatrième trimestre de cette année ». Pour lui, « la tâche est presque impossible, d’autant plus que le reste de cette année est une période électorale par excellence dans laquelle les investisseurs n’investissent pas, mais attendent et hésitent ».
L’universitaire a affirmé que l’industrie, en particulier les industries manufacturières, est l’indicateur le plus important pour mesurer l’ampleur de l’amélioration de l’investissement privé et de la création de richesse productive. Or, elles ont enregistré une baisse de 1,9%, notamment dans un secteur sensible, celui du bâtiment et de la construction, qui a reculé de 3,5% au cours du deuxième trimestre 2024 sous l’influence d’une politique monétaire prudente, qui a contribué à une hausse significative du taux d’intérêt directeur.
Et d’ajouter que les industries non-manufacturières, qui sont sous tutelle de l’État, ont diminué de 6,3%, notamment dans les secteurs du pétrole et du gaz naturel (-14,4%) et des phosphates (-2,5%).
M. Chkoundali a, en outre, remarqué que la politique d’austérité dans l’approvisionnement en matières premières et produits semi-finis, en tant que politique choisie par le gouvernement pour pouvoir rembourser des dettes extérieures est la cause directe de la contraction économique que la Tunisie a connu ces dernières années. Sans la demande intérieure, qui a augmenté de 2,6% au deuxième trimestre de cette année et en particulier la consommation privée, le taux de croissance économique aurait été bien inférieur à cela, d’autant plus que les exportations ont diminué de 3,1% au cours de cette même période.
Et de noter que « l’économie tunisienne est encore loin de son niveau d’avant la pandémie (avant 2019) ».
I.N.
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