L’équipe de Tunisie pas au point dans sa tournée Asiatique : Lorsqu’on oublie son football…
Il n’y a pas plus difficile pour un commentateur que de faire un exposé à partir d’un événement qui n’en est pas un, d’un fait anodin qui n’inspire aucun intérêt, d’un match dans lequel les différents acteurs ont oublié ce qu’ils ont à faire.
Alors que font-ils sur le terrain ? Pourquoi ont-ils traversé monts et vallées, franchi des milliers de kilomètres ? Pour réciter une leçon qu’ils n’ont pas bien apprise ou pour apprendre une leçon qu’ils garderont longtemps, comme un refrain de rappel qui porte sur le sens d’une performance qui n’en est pas une ? Alors que par bon sens, par obligation professionnelle, on se doit de la refaire autant de fois qu’il le faut.
Depuis que nous avons vu jouer notre équipe nationale dans des matchs-repères, nous avions compris que nous possédons un groupe capable de tenir la route, moyennant, bien entendu, quelques dispositions à prendre pour assurer l’extériorisation des éléments qui le composent. Mais cette équipe avait besoin de jouer davantage ensemble, pour roder ses rouages et surtout consolider les aspects collectifs, à partir desquels il sera possible de développer les futures combinaisons à même de déséquilibrer une défense ou de gripper les stratégies adverses. Sans cette faculté de garder intelligemment un ballon pour en priver l’adversaire, sans ces changements de rythme qui permettent de décramponner le vis-à-vis ou de troubler la concentration de l’adversaire, sans enfin ces étincelles individuelles qui viennent se greffer sur ces mouvements collectifs, il ne reste pas beaucoup de moyens pour prendre l’ascendant et prétendre à une victoire.
Cette disponibilité et cet entrain, alliés à la vivacité et à la rigueur, sont des qualités dont on a besoin pour espérer inquiéter les équipes prétendantes au sacre africain. C’est justement l’objectif de ce long déplacement et il fallait en profiter au maximum.
Ils les ont laissé manœuvrer
Les deux rencontres livrées face à la Corée du Sud et au Japon ne risquent malheureusement pas d’être citées en référence, à moins de les considérer comme celles qui ont mis en évidence l’inefficacité d’une formation qui s’est présentée sur le terrain en laissant son football aux vestiaires. Oui, on ne peut justifier ces deux piètres prestations que par la façon quelque peu allégorique du jeu qu’ils ont essayé de présenter pour s’acquitter de cette tâche et remplir leur contrat. En principe, un professionnel qui se respecte ressent bien des regrets dans ces moments où il a failli, alors qu’on attendait de lui des signes prouvant son engagement et sa disponibilité. Il est inutile de prétendre qu’en jouant avec d’autres combinaisons savantes, on aurait pu faire mieux. Pour des joueurs dont le football est le métier, ces dispositifs sont adoptés pour l’engagement du match. Une fois que le ballon rebondit, c’est le joueur qui s’adapte en fonction du jeu de son adversaire, module ses interventions, contribue à la résolution des problèmes qui se posent. C’est du calcul mental et non des théorèmes à résoudre avec gomme et crayon. A la limite, un bon professionnel apprend à lire le jeu et il n’a besoin ni de son entraîneur, ni de la présence d’un prix Nobel pour répondre au quart de tour aux difficultés qui se posent.
Cela n’a pas été le cas et c’est cette fraîcheur et cette vivacité d’esprit qui ont manqué le plus à l’ensemble des joueurs sollicités. Lorsqu’on ne remporte aucun duel, qu’on n’arrive pas à aligner deux passes de suite justes et orientées, qu’on oublie que la balle va plus vite que l’homme, que la majorité des passes étaient latérales, que pour espérer dominer un adversaire on le prive de ballons, que l’on s’empresse de rendre la balle à l’adversaire pour qu’il se réinstalle en toute quiétude dans notre zone… que… -que, on ne peut prétendre à beaucoup de choses.
Une tournée, fusse-t-elle amicale, est à prendre au sérieux. Il n’est pas demandé de tout remporter, bien que c’est l’idéal et que cela compte pour le prestige et la valorisation collective de l’ensemble, mais ce qui est le plus exigé, c’est bien ce que l’on est capable de retenir de ces rencontres, qui, au niveau international, ne doivent en aucun cas être négligées. Nos joueurs étaient-ils de cet avis ? Ils nous ont semblé très loin de leur comportement habituel. Des joueurs qui nous ont habitués à une hargne redoutable, qui passent pour des guerriers farouches, se sont laissé manœuvrer et ont subi la loi du plus organisé, de celui qui, sans être une foudre de guerre, jouait juste. Un jeu sobre et surtout résolument porté vers les buts. Les férus des statistiques ont-ils compté combien de fois notre équipe a tiré au but dans ces deux matchs ? Qui se souvient d’une situation dangereuse ? Dans ce torrent de reproches, une reprise de la tête de Jouini sur la barre à la fin du match a été la seule éclaircie de ces deux matchs à oublier. C’est peu, si l’on veut jouer les premiers rôles. D’autant plus que cette absence de personnalité de la part d’une formation qui promettait la ramène sur terre, dans une situation peu enviable d’un groupe que l’on a pensé assez solide, pour endosser le rôle d’un trouble-fête sérieux, à la veille d’une phase finale qui ne sera pas de tout repos. Ceci dit, nous avons affaire à des professionnels qui sont pour leur majorité des titulaires à part entière au sein de leurs équipes respectives. C’est la raison pour laquelle il ne faudrait pas se laisser aller à des explications compliquées qui ne nous mèneront nulle part. Nous savons que les joueurs auront quelques petites semaines pour se requinquer, reprendre leur souffle et surtout retrouver la joie de jouer. C’est ce qui leur a surtout manqué à l’occasion de cette virée asiatique qui a mis en évidence beaucoup de défauts, non pas seulement techniques, mais surtout une frilosité que l’on a intérêt à corriger, pour prétendre peser dans cette phase finale africaine.
Ce ne sera pas facile, mais possible étant donné que ce genre de baisse de régime est fréquent, lorsqu’on récupère mal ou que les joueurs animateurs de l’ensemble «tombent» dans une période de méforme qui, de toute évidence, influe sur le reste de l’effectif.
Ceci dit, il nous semble qu’il ne faudrait pas dramatiser et se remettre au travail, en attendant les conclusions de l’enquête qu’on se propose de lancer à propos de cette virée sur le continent asiatique…
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