L’entreprise autrement: Innover ou disparaître
C’est l’entreprise innovante, tous les spécialistes le répètent, qui possède, aujourd’hui, le plus de chances de s’adapter aux changements et de résister aux multiples et fortes contraintes auxquelles toute entreprise est confrontée. (Voir notre précédent article).
Contraintes que résume l’achronyme Vuca, aujourd’hui en vogue et qui caractérise l’environnement dans lequel évolue toute entreprise (Volatil, Uncertain, Complex & Ambiguious, ou en français, volatil, incertain, complexe et ambigu)
Fondée sur un grand et important paradigme, celui du partage, l’entreprise innovante se distingue, comme déjà dit, par sa capacité à impliquer, pour son bon fonctionnement, en plus de ses salariés, ses clients et ses fournisseurs et même son environnement sociétal. Grâce aux valeurs sur lesquelles elle fonde son organisation et son action, l’entreprise innovante est aujourd’hui la seule qui puisse, en effet, espérer rester debout. Celle à organisation pyramidale, centrée produit, est condamnée à disparaître. Celle dont la pyramide a été renversée et est devenue centrée client possède des chances pour s’en sortir, à condition d’innover. Fondée sur le partage, l’entreprise innovante est centrée sur les idées et la connaissance d’une façon générale. A fort taux d’encadrement (grâce entre autres au perfectionnement en interne), elle incite l’ensemble de ses ressources humaines à apprendre, à réfléchir, à proposer des solutions aux problèmes et à mettre au point de nouveaux produits, process, méthodes, orientations, etc. Bref à devenir autonome et un véritable partenaire. Quant à ses produits, ils tirent leur valeur non de celle des matières premières qui les composent mais du concentré d’intelligence (tous genres confondus) qui lui ont permis de voir le jour. D’ailleurs, «ressources humaines» est un concept très large chez ce genre d’entreprises. Il est dénommé «capital humain» et il englobe, tenez-vous bien, clients et fournisseurs. Et tous ceux qui sont ainsi impliqués dans l’innovation (production et concrétisation de nouvelles idées) sont appelés «acteurs». Tous sont à l’intérieur de l’entreprise et tous se sentent concernés par sa réussite
Interactive avec son environnement, l’entreprise innovante est donc toujours à l’affût du moindre changement. Comportement essentiel, car il lui permet de s’adapter à temps. Mieux encore, d’anticiper et de bien se préparer à tout changement. Basée sur l’intelligence collective, l’ouverture, la reconnaissance des talents, l’entreprise innovante investit dans le savoir et capitalise son savoir-faire ainsi que son savoir-être tout en ayant un savoir-devenir bien clair. Techniques de créativité, benchmarking, études prospectives, entre autres, sont mises en œuvre afin de devancer les attentes du marché et même d’en créer de nouvelles.
C’est que l’entreprise innovante est une entité en perpétuel défi. Celui qui favorise, lorsqu’il est relevé, l’évolution des marchés avec lesquels elle interagit. Traduire : faire évoluer aussi les mentalités, les méthodes de travail et même l’organisation du travail. Cette dernière tourne autour de projets et ne se plie plus à des contraintes du genre horaires, lieu de travail et autres. L’essentiel, ici, est d’innover et d’avancer.
Imaginez bien que le salarié (plutôt membre de l’équipe), qui ne peut supporter la pression des défis perpétuels auxquels l’entreprise fait face, ne peut que se retirer en douceur, paroles de Steve Jobs, cofondateur et sauveur d’Apple, l’un des plus grands innovateurs de l’ère du numérique. Point de place, dans l’entreprise innovante, pour les profils limités, timorés ou incapables de s’adapter rapidement aux changements (la sélection est d’ailleurs faite dès avant le recrutement). Bonne gouvernance fait partie aussi des valeurs de l’entreprise innovante qui, en plus, opte pour le management participatif. Grâce à ce type de gestion, chaque «salarié» a la possibilité de participer à la décision, aux résultats et parfois même au capital.
Mais toutes ces performances ne peuvent être réalisées en dehors de toute considération éthique et en l’absence de responsabilité sociétale de l’entreprise. Mieux encore, ces deux principes sont au centre même de la culture de l’entreprise innovante et de son projet. L’entreprise innovante étant, faut-il le préciser, une entreprise qui innove aussi socialement.
Nous sommes donc aux antipodes de l’entreprise classique, fortement hiérarchisée, rigide, figée, opaque, renfermée sur elle-même et où les opérations unitaires de sa chaîne de production ne nécessitent pas de grandes qualifications, et où nul n’est indispensable et où chacun est quelque part un exécutant.
Suite et fin
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