Le sélectionneur national s’installe confortablement : Jalel Kadri ou le pur produit tunisien…
Joie en Tunisie, déception et crise en Egypte (Vittoria est contesté !), après ce trois à un au Caire même. Mais le football, c’est le football. Cela n’a rien d’une science exacte et ni le chrono ni la toise n’ont décidé de ce score. Une belle reprise à la suite d’un centre millimétré, une bêtise égyptienne, une passe lumineuse suivie d’un blocage par un remarquable corps obstacle qui ont amené ces trois buts.
Notre honneur est sauf. L’équipe de Tunisie demeure, dans ses bons comme dans ses mauvais jours, l’horreur des grandes équipes. On dit que cela tient à notre refus inné de baisser les bras et de vouloir relever les défis. Même les plus fous. Tant mieux. Mais cette victoire avec ses bons moments et ses passages à vide restera dans les annales, tout en mettant à contribution les éternels insatisfaits.
Ces douze millions d’entraîneurs, techniciens, commentateurs, experts en la matière ont toujours quelque chose à dire. L’entraîneur en reçoit, bien entendu, sa part de ces commentaires gratuits qui portent en eux des colorations diverses. On ne changera pas le monde et les mauvaises intentions sont claires.
Le sélectionneur national et son équipe technique ont pourtant bien fait leur travail. Le onze tunisien n’a jamais donné l’impression que la rencontre lui échappait. Il l’a contrôlée de bout en bout, même dans les moments où les Egyptiens, enhardis par leur réussite sur le tir de loin qui a complètement surpris la défense (gardien compris), ont évolué tel que l’ont voulu les Tunisiens : dans des zones concédées mais non incontrôlées.
La conception de cette stratégie a bien été imaginée par quelqu’un. C’est le travail d’un sélectionneur qui est là, non pas pour apprendre à ses joueurs de quelle manière effectuer une amortie ou comment ajuster un tir. Les joueurs, censés être les meilleurs du moment, viennent avec leurs bagages techniques acquis et il ne fait que placer ses pièces sur l’échiquier après avoir étudié les forces et faiblesses de son adversaire du jour. Et Jalel Kadri l’a très bien fait. Incontestablement.
Savoir attendre
En écoutant et en lisant les campagnes menées sur les réseaux, sociaux nous sommes condamnés à tourner dans un véritable cercle vicieux. C’est ce que font bon nombre d’équipes malheureusement, en allant tirer des entraîneurs de leur retraite pour leur confier leurs équipes. Des noms qui ont eu leurs chances, et qui ont servi. Place aux jeunes et à ceux qui ont sans doute de nouvelles idées. Il faut savoir attendre (c’est la qualité la moins partagée par bien des «dirigeants » et des fans qui rêvent d’être chaulions alors que leur équipe joue à crédit, s’habille à crédit, se loge à crédit, se déplace à crédit et que son premier responsable est à la merci d’un chèque sans provision). A quelques exceptions près, nos équipes nationales ont toujours réussi avec des entraîneurs du crû. L’épopée de l’Argentine, c’est Chatali (professeur d’EPS de Kassar Saïd spécialisé en football et qui a bénéficié d’un stage en Allemagne) qui a hérité une équipe de feu Hizem.
D’autres sont venus et n’ont pas démérité. En l’état actuel des choses, ce sont les joueurs qui, formés à bonne école, sont capables d’offrir à l’entraîneur les moyens de sa politique. Ces moyens sont énormes et il faudrait cesser de chahuter le milieu ambiant pour que tout le groupe puisse évoluer dans la sérénité et la décontraction. C’est de là que viendront les résultats.
Mais pour parler de Jalel Kadri, nous avons voulu contrôler son lieu de formation. Nous avons consulté les moteurs de recherche. Il y avait tout, de sa date de naissance au lieu de sa naissance (Tozeur). Son lieu de formation, nous l’avions découvert sur ce qui semble être sa page (nous nous y attendions il est vrai), était bien l’Issep de Kassar Saïd.
C’est donc un pur produit tunisien, qui, à notre sens, devrait apparaître partout.
Un service de presse est fait pour ça. C’est important et cela nous rappelle ce qu’a toujours répété Ons Jabeur sur tous les cours de tennis du monde et des plus prestigieux «je suis un pur produit tunisien. J’ai été formée en Tunisie, mon entraîneur et mon préparateur physique sont Tunisiens !».
Jalal Kadri l’est également. Il a roulé sa bosse depuis 2001 avec l’AS Djerba, jusqu’à aboutir à la place de patron de la sélection nationale tunisienne, en passant par le Liban, l’Arabie saoudite et les Emirats. C’est sa solide formation académique qui lui a servi pour laisser des traces indélébiles de son passage là où il est allé. C’est une fierté pour les techniciens tunisiens et pour l’Ecole qui les a formés. Il faudrait revoir les moteurs de recherche et les mettre à jour parce qu’ils ont tendance à rejeter tout ce qui peut mettre en relief ce genre de mérites nous revenant. Pour sa dernière sortie, il méritait tous les éloges, avec mention spéciale pour ses joueurs qui ont été professionnels, disciplinés, méthodiques et dignes de confiance. C’est tout ce qu’on peut exiger d’une équipe nationale. Quelle que soit sa composition, car il n’y aura jamais de liste parfaite.
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