Culture

Le pianiste virtuose franco-iranien Yvan Navaï à la PRESSE : « Mes pensées musicales restent toujours présentes… » (II)

Outre le piano dont vous jouez merveilleusement, jouez-vous d’autres instruments de musique ?

Outre le piano, j’ai également appris le trombone au Conservatoire national et régional de musique de Boulogne-Billancourt. Avec cet instrument, j’ai joué dans divers orchestres dont celui d’Ars Fidelis avec Gabriel Drossart comme chef d’orchestre. À la clarinette se trouvait mon ami Bernard Gazet qui organisa par la suite de nombreux concerts de musiques du monde dans des lieux divers et variés. Puis j’ai joué, entre autres, l’Arlésienne de Bizet. J’ai joué aussi le trombone avec l’Orchestre philharmonique de Paris Est sous la direction d’Arash Fouladvand à l’Eglise Américaine de Paris. J’ai également joué de cet instrument au Conservatoire Darius Milhaud du XIVe arrondissement de Paris, ainsi qu’à la Salle des fêtes de la mairie du XIXe arrondissement de Paris.  J

’ai aussi appris le santûr, un instrument à 72 cordes, avec un maître traditionnel iranien qui exigeait de ses étudiants qu’ils regardent son jeu et qu’ils mémorisent les morceaux. Car il n’y avait aucun support, aucune partition. Ce fut un enseignement de poitrine à poitrine, comme le dit l’expression. J’ai joué du santûr en 2011 à l’Auditorium de la  Halle Saint Pierre de Paris pour accompagner des poètes, ainsi qu’à l’Institut du monde arabe à plusieurs reprises. Mais je dois vous parler de l’accordéon qu’on surnomme la boîte à frissons. Dans la rue Daguerre où j’habitais se trouvait une boutique d’accordéons Paris Accordéon.

Alors que je pratiquais le piano depuis quelques années, j’ai pris cet instrument dans mes bras et des mélodies en sont sorties comme par magie. L’accordéon m’a permis de jouer dans différentes fêtes de mon quartier comme celle du journal associatif La Page, d’animer des anniversaires ou des mariages. En plus du piano, c’est un instrument auquel j’ai recours pour faire des animations dans les maisons de retraite.  Mais il est temps que je parle du chant que j’avais étudié au Conservatoire  Darius Milhaud dans le XIVe à Paris de neuf ans à onze ans. J’avais dû arrêter à cause de ma mue, pour le reprendre plus tard à l’espace André Malraux du Kremlin-Bicêtre.

Une rencontre importante pour moi fut celle de la chanteuse lyrique Caroline Bibas. Alors que j’animais une soirée au Musée de la Fabuloserie en Bourgogne, elle vint me voir pour dire : « Votre voix est juste et possède un grand potentiel. Si vous le voulez, je peux vous donner des cours à l’Opéra Bastille où je travaille et me produis ». Fou de joie, j’acceptai immédiatement sa proposition et suivis deux ans de chant, ce qui permit à ma voix de s’envoler. Hélas le Covid a mis un terme à ces cours de grande qualité.

Vous faites partie de ce qu’on appelle en France « les gens du spectacle ». Est-ce que la musique pour vous est  seulement un hobby ou elle est aussi un métier ? Où réalisez-vous vos concerts ?

Oui, effectivement je fais partie des gens du spectacle, j’ajouterai vivant. La musique pour moi est un métier. Et c’est pour cela que je travaille tous les jours, que je m’exerce au quotidien. C’est de plus une passion qui m’incite à travailler pour être toujours prêt à me produire. Mes premiers récitals de piano solo ont eu lieu à la Chapelle Saint Jean et à la Chapelle Saint Bernard de Paris. Puis j’ai joué dans des lieux prestigieux comme l’Eglise Sainte Croix des Arméniens où j’étais soliste pour interpréter le Concerto n°24 de Mozart avec l’orchestre Ars Fidelis. Je participe également depuis une dizaine d’années à la chorale Bahar ainsi qu’à l’Orchestre philharmonique de Paris-Est, où j’interviens souvent en tant que pianiste solo, comme à l’Église Saint Eustache, à l’Unesco et au Logan Hall à Londres. Dernièrement, j’ai été le pianiste et l’accordéoniste de la Chorale populaire de Paris à la Bourse du travail, haut lieu des réunions syndicales, ainsi qu’à la Fête de l’humanité.

J’accompagne également à l’occasion des poètes et des comédiens au Théâtre Lucernaire et au Théâtre de l’Epée de bois

Quels sont vos horizons et vos programmes d’avenir ? Souhaitez-vous vous produire par exemple au célèbre Festival international des musiques symphoniques d’El Jem, en Tunisie, lors de l’un des prochains étés ?

Ayant accompagné musicalement, à la Médiathèque François Mauriac de Goussainville, le conte Dalma et Nimrod Les amoureux du Danube, écrit par mon père, qui a remporté un très beau succès, j’envisage de continuer à le faire vivre dans d’autres médiathèques ou bibliothèques de Paris, de la banlieue et de province. Je souhaite également jouer avec la chanteuse et poly-instrumentiste Marie Milliflore qui interprète un répertoire médiéval extraordinaire, voire participer à la réalisation d’un CD. Je voudrais aussi reprendre l’étude du chant d’opéra avec la chanteuse lyrique de l’Opéra Bastille, Caroline Bibas. Ayant rencontré lors de prestations aux samedis poétiques de l’Institut du monde arabe une violoniste classique Céline Boulben, nous prévoyons de donner des récitals dans divers lieux qui restent à définir. Il y a aussi un projet musical avec la joueuse de oud Marjane. En juin, je vais jouer à nouveau à l’Unesco et à Londres. Puis en juillet je suis censé partir à Avignon dans le cadre du théâtre en tant qu’intervenant. Mais je serai fort heureux de venir jouer en Tunisie au Festival des musiques de symphonies d’El Jem si je suis invité.

La Ville de Paris où vous vivez et donnez souvent vos concerts est-elle toujours propice aux musiciens classiques ? L’opéra par exemple continue-t-il à avoir le même essor et le même rayonnement? Y jouez-vous de temps à autre ?

L’opéra continue de fasciner les gens. Il suffit de constater l’affluence aux concerts donnés à l’Opéra Garnier ou à l’Opéra Bastille malgré le prix élevé des billets. Mais je dirais qu’il y a aussi beaucoup de musique classique sans opéra. Je donne des concerts classiques de temps à autre et il m’arrive d’y glisser des airs d’opéra comme le Mariage de Figaro de Mozart ou Faust de Charles Gounod dans de grands appartements parisiens fréquentés par des gens d’une certaine condition sociale ou dans certaines soirées. Mais je n’ai jamais encore chanté d’opéra dans de grandes salles. J’en chante avec beaucoup de plaisir dans des résidences médicalisées, ce qui plaît beaucoup.

Vous avez fait aussi avec votre père, votre mère et d’autres artistes un peu de théâtre musical où vous avez joué surtout de l’accordéon et du piano. Comment jugez-vous cette expérience ?

Avant de répondre à cette question, il faut préciser que j’ai suivi durant trois ans une formation d’art dramatique à l’Ecam qui dépendait de l’Ecole nationale de musique et d’art dramatique de Cachan. Là, j’ai appris l’art de la diction, l’art de placer sa voix, l’art du déplacement sur la scène. Ainsi que du chant lyrique. Un jour, Anne-Marie Bence, rédactrice de la revue littéraire Missives, a proposé à mes parents et à d’autres poètes d’adapter leurs écrits pour la scène et de m’en confier la partie musicale. C’est ainsi que je me suis produit à plusieurs reprises sur la scène du Studio Raspail qui était alors un théâtre parisien. Ce fut une expérience enrichissante qui me permit de faire de nombreuses rencontres artistiques. Il y eut un gros travail pour se mettre tous au diapason. Heureusement, Anne Marie se révéla une excellente metteure en scène. Puis j’ai rencontré Charles Piquion, un conteur magnifique que j’ai accompagné sur la scène de divers théâtres. Et, enfin, tout dernièrement j’ai intégré la compagnie théâtrale Taureau par cornes dans laquelle j’interviens en tant que musicien et comédien avec des comédiens professionnels. Nous avons déjà interprété Situation poétique en Amérique de William Sorayan à l’amphithéâtre de l’Université de Paris 8, ainsi qu’au théâtre Philippe Gentil à Paris. Je suis également intervenu dans la pièce de théâtre Les sept vallées de l’amour dont la metteure en scène était Céleste Combes ; c’est une pièce inspirée de la Conférence des oiseaux de Farid-Ud-Din-Attar.

Certains de vos admirateurs vous considèrent comme un génie du piano, un virtuose, un pianiste d’exception. Comment trouvez-vous leur appréciation ? Avez-vous vous-même le sentiment d’être une exception ?

J’aime bien les considérations, les appréciations de mes admirateurs. Il faut dire que j’aime le public ; c’est avec lui, pour lui que je joue. Et lorsque les rangs sont remplis, cela me fait chaud au cœur. Lorsque j’ai passé le Concours international de piano Léopold Bellan, je n’étais pas content qu’il n’y ait eu que les membres du jury présents dans la salle. Une salle comble, c’est un cadeau du ciel pour un musicien.  Qu’on dise que je suis un génie, un pianiste d’exception ou un virtuose, je préfère retenir le mot virtuose car j’aime beaucoup sa sonorité. Il résume mieux ce que je suis,  car la virtuosité s’obtient grâce à un intense travail quotidien.

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