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Le mois saint arrive à grands pas : Les sanctions s’annoncent douloureuses pour les contrevenants

 

Si l’Etat fait tout pour réguler et satisfaire les besoins du marché en prévision du mois de ramadan, le verre demeurera à moitié plein tant que la mafia de la spéculation ne sera pas vaincue.

Ramadan c’est pour bientôt. Ceci au regard de la population. Pour les autorités publiques, le mois saint est déjà là. D’autant qu’un programme d’une rare densité a été concocté à travers des préparatifs tous azimuts. A commencer par l’approvisionnement du marché qui verra l’importation, début mars, de 1200 tonnes de viandes rouges d’Espagne, le stockage de 25 millions d’œufs et 1500 tonnes de poulets. En attendant l’évaluation finale des besoins des autres denrées alimentaires à importer et à stocker pour répondre aux besoins réels d’une population, dans les traditions du mois saint, et les envies gargantuesques qu’il charrie avec lui.

De plus, importer, c’est consentir un énorme sacrifice, en raison de la hausse vertigineuse des prix sur le marché mondial. L’Etat, on le voit, l’a fait au détriment de sa fragile trésorerie, en vue de répondre aux attentes de près de 12 millions de personnes qui accordent à ce mois une importance particulière et ne sont pas prêtes à tolérer la moindre entorse et qu’on vienne gâcher les festivités et tablées de cette fête religieuse qui dure un mois

L’Etat semble avoir opté pour la solution dite « stocks de sécurité», pour faire barrage à la menace des pénuries. 

Cependant, nous pensons que ce double effort d’importation et de stockage aurait l’effet des pétards mouillés si l’Etat ne parvenait pas à gagner les deux batailles de la distribution et de la spéculation.

Les voleurs de cheptels sévissent dans les campagnes

A l’approche de chaque mois de ramadan que vit le pays, les spéculateurs se mettent en mouvement. Pour eux, c’est l’occasion pour se remplir les poches. Et pour que ces réjouissances soient fastueuses, ils prennent les devants, un mois et plus à l’avance pour  s’adonner à leur jeu déloyal de stockage des denrées alimentaires qu’ils entreposent dans des dépôts clandestins situés non pas seulement dans les villes, mais également à la campagne, et plus précisément dans des fermes.

Un stratagème qui s’est répandu dans le pays, par le biais du commerce du bétail qui consiste à acheminer dans ces fermes des… troupeaux de vaches et de moutons, après les avoir acquis, via les réseaux sévissant sur les frontières avec l’Algérie, ou alors via des voleurs spécialisés qui sévissent dans les campagnes.

S. Z, agent de la Garde nationale, nous édifie davantage. « Au tout début du mois dernier, raconte-t-il, nous avons effectué, sur commission rogatoire, une descente dans une ferme située à La Manouba où nous avons procédé à la saisie d’importantes quantités de vêtements, produits alimentaires, cigarettes, fruits secs, carburant et la somme de 216 mille dinars en espèces. Et au moment où nous nous apprêtions à quitter les lieux, grande fut notre surprise à la découverte, au fond de la ferme, d’un imposant troupeau de bovins dont l’emplacement était couvert d’une  bâche géante. A la question de savoir s’il y a des factures ou une quelconque pièce administrative attestant de la provenance de ces bêtes, le maître de céans répond par la négative. Après un interrogatoire musclé, détaille notre interlocuteur, il finit par avouer  que c’est un réseau de voleurs de bétail qui lui a fourni cet impressionnant troupeau ». Et notre agent de poursuivre : «Nous avons pu rapidement remonter la piste dudit réseau qui est composé de trois individus et saisir la camionnette qu’ils utilisaient pour transporter leur butin».

Selon des sources sécuritaires, ces fermes et dépôts clandestins écoulent leurs marchandises auprès de revendeurs, dont des grossistes qui exercent loin de la région, afin d’éviter les contrôles de la police et les suspicions des curieux.

Et le bétail volé ? « Un business, précisent les mêmes sources, qui prospère à l’occasion du mois de ramadan et de l’Aïd Al Idha. Il s’effectue soit par la vente au marché noir, soit par l’abattage des têtes de bétail avant leur commercialisation, toujours dans la clandestinité, auprès des bouchers du pays qui se les arrachent du fait de leur bas prix et exonération de taxes ».

« Je mange le moins possible de viande et ça ne me manque pas du tout »

Cette mafia de la spéculation qui a prospéré durant de longues années vu le laxisme et la passivité de l’Etat sévit dans quasiment toutes les régions du pays, particulièrement celles du sud où les prix des viandes rouges explosent d’une année à l’autre. D’où une baisse de 70% de leur consommation par les ménages, indique le ministère de l’Agriculture dans ses statistiques.

Et ce n’est pas un hasard si une récente étude marocaine incluant les pays de l’Afrique du Nord a révélé que «le Tunisien ne consomme que 9 grammes de viande rouge par mois, se classant en dernière position par rapport à ses homologues des nations du Maghreb. La même étude assure que «la Tunisie est le pays maghrébin qui en importe le moins, à l’occasion de ramadan, avec cette année 1200 tonnes, contre 100 mille tonnes pour l’Algérie.

Aujourd’hui, c’est dans une véritable croisade que le citoyen lambda s’est lancé pour boycotter ce produit. « Qu’ils haussent les prix comme bon leur semble, je n’en mangerai plus, c’est juré» tonne un père de famille contraint de se rabattre, selon ses dires, sur la viande de poulet qui reste accessible. Pour une mère de famille, le problème est appréhendé sous un autre angle. «Moi, dit-elle sobrement, j’ai trouvé la parade : je mange le moins possible de viande et ça ne me manque pas du tout, parce que j’ai d’autres recettes riches en protéines végétales.»

Contacté par La Presse, l’expert en nutrition, Ridha Mokni, est sur la même longueur d’onde. «Selon l’OMS, souligne-t-il, les viandes rouges sont cancérigènes pour l’homme, parce qu’il s’est avéré qu’une alimentation trop riche en viandes augmente considérablement les risques d’obésité et de diabète de type 2. C’est pourquoi je suis favorable à la consommation d’aliments 100% naturels qui contiennent plus de fer que les viandes rouges, tels que les olives, lentilles, épinards, cacahuètes, abricots, amandes et pistaches ».

De toutes les façons, la superstar mondiale de football Christiano Ronaldo est le premier à approuver. Lui qui, malgré ses 38 printemps sonnés, continue de faire des prodiges, a révélé dernièrement aux médias qu’il a, depuis belle lurette, exclu de son régime les sodas, les aliments congelés et les viandes rouges, pour manger principalement des céréales, de la salade, des poissons et du blanc de poulet. Et si les Tunisiens mimaient l’inusable CR 7?

Les spéculateurs de la viande rouge et des bananes dans le viseur

Dans leur traditionnel «bal des vampires», les faucons de la spéculation profitent donc du mois saint pour placer leurs pions dans pratiquement tous les circuits de distribution, y compris celui des bananes qu’ils maîtrisent avec autant d’agressivité que de ruse, sans avoir pitié d’un peuple déjà mis KO par les prix exorbitants de ce fruit (jusqu’à 17 dinars le kilo).

Il est vrai que ce dernier qui se fait rare de nos jours est devenu le monopole des réseaux de contrebande qui l’acheminent par les frontières, via des ramifications énigmatiques et des armadas de complices.

Et quand viande rouge et bananes se croisent, cela fait deux ennemis de la population que les autorités compétentes doivent combattre avec force et une tolérance zéro. Apparemment, ce sera fait, oserions-nous espérer, puisque les ministères concernés, depuis la récente séance de travail tenue par le Chef du gouvernement, semblent suffisamment armés pour couper l’herbe sous le pied à ces cartels.

En effet, apprend-on, les agents du MI seront omniprésents aussi bien dans les points de vente que dans les principaux axes routiers. Le ministère du Commerce et du développement des exportations, lui, a décidé de renforcer les effectifs de ses 400 inspecteurs par 200 nouveaux agents de contrôle qui feront quotidiennement le tour des marchés et des magasins, carnet de PV à la main pour lutter contre toute pratique illicite.

L’organisation de défense du consommateur va mobiliser ses bureaux régionaux pour prêter main-forte au citoyen, pour intervenir illico presto à la suite de chaque réclamation. «Notre mobilisation sera, cette fois, plus imposante» nous promet-on au bureau régional de ladite organisation du gouvernorat de l’Ariana qui devra lancer très bientôt une campagne de sensibilisation à coup de banderoles et de campagnes sur les réseaux sociaux « pour inciter les commerçants à faire preuve d’honnêteté et de civisme, afin d’éviter les sanctions qui s’annoncent douloureuses pour les contrevenants, A bon entendeur… 

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