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Le joli coup de Kais Yâakoubi !

Le sélectionneur national a réussi à briser certains tabous

Cette dix-septième qualification d’affilée à la phase finale de la CAN fera date. Aux pires moments qui ont jalonné l’histoire de notre football, nous n’avons jamais connu ce stress. Cela a commencé par l’épisode Faouzi Benzarti. Un des techniciens les plus titrés du pays, qui vient se casser les dents et rendre son tablier, en pleine phase éliminatoire où rien, absolument rien, ne lui a réussi. Pour un entraîneur qui passait pour le plus chanceux de nos techniciens (nous croyons en ses qualités indéniables), cela n’était pas bien glorieux. A quelques semaines, à la veille de deux rencontres capitales, se retrouver au bord du précipice, la difficulté était énorme. La FTF, plus exactement son  comité provisoire de gestion, soucieuse d’éviter d’engager l’avenir, confie l’équipe à l’adjoint de Benzarti, Kais Yâakoubi. Sans hésiter, ce technicien, connu pour son franc-parler et ses méthodes directes, a accepté la mission.

Un coup de poker plein de risques. Une élimination de la CAN aurait été catastrophique. Ce qui a corsé le suspense est bien la liste qu’il a convoquée. La mise à l’écart d’un certain nombre de «noms» et l’arrivée de nouveaux ont fini par faire trembler les murs.

Le cas Memmiche

Et pour finir, il titularise d’entrée, dans un match capital, le jeune Memmiche qui traverse une passe difficile. Ce n’était plus le coup de poker, mais la roulette russe. Pour corser le tout, c’est Memmiche qui s’est chargé d’égaliser  pour les Malgaches, en lâchant une balle d’entre ses mains. Il restera presque sans réaction pour permettre une nouvelle égalisation. Que se serait-il passé si Kais Yâakoubi avait, d’emblée, écarté Memmiche ? Il aurait été descendu en flammes. Que ce serait-il passé si ce coup de tête providentiel de Ali Abdi n’avait pas assuré la qualification alors que tout semblait être compromis ? Nul ne le saura. Trois enseignements semblent se dégager de cette rencontre. La première nous a permis de découvrir une jolie brochette de joueurs, frais, talentueux et surtout qui en veulent. La rencontre de ce soir nous permettra de confirmer ce que nous avons toujours soutenu : l’équipe de Tunisie a besoin de guerriers et non de joueurs  venus accomplir une formalité. Seconde constatation, le cas du jeune Memmiche. Il n’a pas été protégé et sérieusement pris en main au moment où il le fallait. La pression a été énorme alors qu’il avait à son avantage des sorties probantes avec son club et dans les rangs de cette équipe nationale. Espérons que ses dirigeants le confieront à celui ou ceux qui seront en mesure de lui expliquer que la vie n’a jamais été un fleuve tranquille. C’est une mauvaise passe et il reviendra sans doute par la grande porte. Le football tunisien ne doit pas perdre un aussi bon élément. Actuellement, son âge est aussi bien un avantage qu’un handicap. C’est ce qu’il doit comprendre. Troisième constatation et c’est celle qui nous semble la plus importante : il est grand temps que ceux qui sont appelés à prendre en main nos équipes nationales enlèvent leurs œillères et regardent ce qui se passe autour d’eux. Nous possédons d’excellents joueurs qui évoluent au sein de notre championnat. On a tendance à l’oublier et à considérer que ceux qui partent pour faire fortune sont les meilleurs. Un joueur c’est d’abord la tête puis les jambes. Le sacrifice et le don de soi pour une cause ne sont pas toujours le fort de quelques-uns de ceux qui sont encore appelés. Nous les suivons régulièrement et nous savons ce qu’ils font pour garder leur place au sein de leurs clubs. Kais Yaâkoubi a eu le mérite de démystifier l’aura surfaite  d’un certain nombre d’entre eux. Il faut qu’il continue et qu’il donne la chance à ceux qui sont considérés comme des faire-valoir. Notre championnat, cette année, s’annonce meilleur, plus disputé et plus intéressant. Il faut savoir en tirer profit et éviter de se laisser influencer, piéger par les campagnes menées par les réseaux sociaux (qui avaient littéralement massacré Moez Hassen après les championnats arabes) au profit de ceux qui n’ont plus rien à donner. En ce qui concerne les dirigeants de nos clubs, leur tort est de vouloir récupérer des joueurs usés ou qui relèvent de blessure, blasés et qui ont fait leur beurre. Des éléments qui ont sans doute vécu leur temps de gloire, mais qui ont été poussés vers la porte de sortie en raison de leur baisse de régime. Il n’y a pas de scrupules dans les vrais clubs professionnels. Il faudrait que cela cesse, pour aider à la relance de nos compétitions et favoriser l’extériorisation de nos jeunes au talent confirmé.

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