«Le degré zéro de la musique» de Mohamed Imed Zarka: Une œuvre pour la mémoire
Par Néjib Gaça |
«Le degré zéro de la musique» est le premier livre tunisien écrit à quatre mains, dont la mémoire d’un père, transmise par un «épigone enregistreur» jusqu’à la conscience d’un maître écrivain, pour fleurir en concerto qui fait écho aux mille et une nuits de notre vision du monde, inscrite dans la religiosité et dont l’identité musicale, éclatée en une myriade de rayons multiples, meublent notre géographie et notre spiritualité spécifique, sur un fond de toile esthétique.
J’étais le trait d’union entre une mémoire incommensurable et un savoir-faire fabuleux.
Leur rencontre a permis la naissance d’un témoignage par procuration : Imed reprenant son patrimoine paternel, de mémoire et Lotfi Aïssa, donnant forme lisible à cette mémoire pléthorique.
Donner forme, c’est assurer une mise en forme d’un legs qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd mais, qui demandait à être reformulé, pour correspondre aux normes exigées par ce qu’on appelle communément, un livre.
Curieusement, Douar-Chott, ou comme l’a renommée un maire affligé de «citadinité», Carthage Byrsa qui mixait et la donne paysanne et celle citadine, a été à l’origine d’une «œuvre» unique en son genre et portant sur des interférences entre la musique, la vie citadine et les aspects curieusement fondateurs, d’une société ancrée dans sa double dimension civilisationnelle et culturelle, avec tout ce que la vie des Tunisien(ne)s a su concocter pour refléter un sentiment d’appartenance spécifique des Tunisien(ne)s.
Lotfi Aïssa, Docteur en histoire et anthropologie culturelle, à l’université tunisienne, a su magistralement pétrir les informations jalousement gardées par le fils dans le savoir académique pour en in-former une publication digne d’intérêt et lisible aux yeux du lecteur tunisien commun, indépendamment de son niveau culturel linguistique, musical ou citoyen car le Professeur Lotfi Aïssa a tenu, dans son effort conceptuel de cette masse d’informations extraordinaires, à présenter la mémoire de feu le Cheikh Zarka, dans la configuration, la meilleure. Conformément à des centres d’intérêt diversifiés, incitant le lecteur potentiel à redoubler de curiosité tout en parcourant un texte intensément bourré de curiosités indisponibles ailleurs et hors du texte, intitulé : «Le degré zéro de la musique».
Le titre, sans être très prétentieux, se réfère à Roland Barthes et à son œuvre intitulée : «Le degré zéro de l’écriture» comme pour dire que ce livre se veut une référence à la pratique musicale tunisienne et à ses attaches sociétales fondatrices. Lotfi Aissa n’est pas l’auteur de cette publication, mais ceci n’empêche pas sa paternité de l’œuvre qu’il a in-formée, construite et intégrée à sa conception du monde et de la Tunisianité, en tant qu’attitude au vivre-ensemble et au sentiment d’appartenance à ce petit pays et à cette grande Nation: la Tunisie.
C’est le premier livre tunisien écrit à quatre mains, dont la mémoire d’un père, transmise par un «épigone enregistreur» jusqu’à la conscience d’un maître écrivain, pour fleurir en concerto qui fait écho aux mille et une nuits de notre vision du monde, inscrite dans la religiosité et dont l’identité musicale éclatée en une myriade de rayons multiples, meublent notre géographie et notre spiritualité spécifique, sur un fond de toile esthétique.
Œuvre à lire et à RUMINER pour une meilleure harmonie avec nos racines et nos appartenances en strates, en palimpsestes multiples, c’est-à-dire en cultures stratifiées.
Le livre de la mémoire du musicien et cheikh du Malouf, feu Hammouda Azarka, se prête à une lecture dans et avec ce que Roland Barthes appelle le plaisir du texte.
Il est du genre qui, loin de tomber des mains, captive et révèle des curiosités tunisiennes originales.
Il est réalisé en 246 pages, réparties en quatre chapitres intitulés: La musique et la créativité, La musique et la composition, La musique et l’espace et La musique, la société et la cité.
Écrit dans une langue qui se veut à portée du lecteur curieux, ce livre l’interroge sur sa part de Tunisianité et l’étoffe d’une myriade de notes dont le LA n’est autre que la soif de nourrir et d’entretenir ce sentiment d’appartenance, dilué et défraîchi par une décennie de corruption généralisée.
Recouvrer un patrimoine menacé d’extinction est l’ultime objectif de cette parution qui se veut un vecteur de réhabilitation d’un vivre-ensemble convivial spécifique à toutes les Tunisiennes et à tous les Tunisiens.
Il traite de sujets comme la musique et la criminalité où il est question d’un comportement qui ne peut avoir lieu qu’en Tunisie : il est relatif à une donne gastronomique des plus subversives humainement.
Je ne dévoilerai pas plus le contenu de ce livre, pour vous inviter à l’acquérir et jouir du plaisir extrême de le lire.
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