Culture

Le comédien Bassem Hamraoui, «La voix Drôle de la Tunisie», à La Presse : «Divertir est une chose noble, une forme de thérapie…»

 

Dans l’univers effervescent du Stand Up, Bassem Hamraoui s’est imposé comme une véritable pépite comique en Tunisie. Diplômé de l’Institut supérieur d’art dramatique, ce comédien talentueux a su conquérir le cœur du public avec son spectacle incontournable, «El Maestro». Entre humour aiguisé et regard perspicace sur la société, Bassem Hamraoui se démarque par sa capacité à décortiquer les absurdités du quotidien tunisien avec finesse. Dans cette interview exclusive, nous plongerons dans l’univers de cet artiste exceptionnel, explorant son parcours, son art et les rires qu’il offre généreusement à son public.

Le grand public vous connaît à la télévision, mais vous avez commencé au théâtre avec des spectacles, notamment des spectacles de mimes, avec votre ancien acolyte Faycel Lahdhiri. Aviez-vous à l’époque une certaine liberté pour créer et innover ?

A l’époque, en effet, le mime était une forme artistique novatrice, mais il est essentiel de ne pas rester figé dans un seul style. L’artiste a le droit d’explorer diverses formes artistiques, que ce soit en tant que réalisateur, comédien de stand-up, danseur, ou même clown, comme j’ai pu le faire. Nous avions alors la chance d’avoir un espace créatif en tant qu’étudiants, sans les responsabilités financières qui viennent plus tard dans la vie. J’ai créé de nombreux spectacles «pour l’art» à cette époque, mais, souvent, ils n’atteignaient pas un large public. Il faut passer par cette phase, mais à un moment donné, vous vous demandez à qui vous vous adressez réellement. Vous devez toucher un public plus large. On nous accuse parfois de faire du «commercial», mais qu’importe ? Tout a un prix. Nous faisons de l’art populaire, et je crois que c’est une démarche noble de faire du populaire et de divertir.

L’artiste en général, et le comédien en particulier, doit-il jouer un rôle dans l’éducation du public ?

Chaque acte artistique véhicule un message, même s’il n’est pas toujours explicite. Cependant, je suis fermement convaincu que l’éducation relève principalement de la famille et de l’école.

L’artiste n’a pas pour vocation d’éduquer, mais plutôt de mettre en lumière ce qui ne va pas, sans nécessairement fournir de solution. En ce sens, il n’y a rien de pire qu’un artiste (rires). Cependant, je crois que l’artiste doit repenser son travail et peut-être proposer des solutions. En tant que citoyen réfléchi, l’artiste a également un rôle à jouer dans la société. C’est une approche que je défends.

Il y a aussi la fonction de divertissement, que certains tentent de pervertir. Pour moi, divertir est une chose noble, une forme de thérapie. Les spectateurs viennent avec des attentes différentes et le spectacle est comme un bouquet de fleurs, chacun y trouve ce qui lui convient.

Votre spectacle évite soigneusement de parler de politique. Est-ce pour éviter de froisser un public aux sensibilités diverses ?

Je n’aime ni la politique ni les politiciens, c’est un choix délibéré de ne pas aborder la politique dans mon spectacle. De plus, les gens sont lassés de la politique et des préoccupations quotidiennes. Il faut comprendre que le public des festivals estivaux n’est pas le même que celui des théâtres en automne. Les gens veulent s’amuser. L’année dernière, Lamine Nahdi, qui a abordé la politique, a été confronté à la déception du public.

Deux heures de spectacle, c’est à la fois une performance artistique et physique. Quelle évaluation faites-vous de votre tournée estivale ?

Avant la tournée, nous nous entraînons physiquement, car il faut être en forme pour donner le meilleur de soi sur scène.

Honnêtement, je suis fier de cette tournée, surtout parce que j’ai travaillé dans des régions parfois éloignées, y compris de petites villes. La Tunisie compte plus de 220 festivals, et nous nous efforçons d’atteindre les zones les plus reculées. Mon spectacle est jeune et en constante évolution. Je souhaite toucher un public plus large, et mes co-scénaristes, Omar Tarfaoui et Nour Saidi, travaillent toujours à son amélioration. Ils sont à l’écoute du public pour faire évoluer le spectacle.

Vous êtes le réalisateur du feuilleton «Qalb Edhib», qui a suscité des avis mitigés. Avec du recul, comment évaluez-vous cette expérience ?

Tout travail humain peut être critiqué, et il peut plaire à certains tout en déplaisant à d’autres. Ce qui est blessant, ce sont les critiques gratuites, surtout de la part de personnes qui ne produisent rien. Je ne suis pas opposé aux débats d’idées et à la critique, mais je préfère qu’ils se déroulent dans le respect, plutôt que de créer du buzz médiatique.

Le feuilleton a été bien suivi et a été très bien accueilli notamment en Algérie. Sur le plan artistique, je suis personnellement satisfait, car j’ai réalisé un rêve, peu importent les opinions divergentes. Les contraintes financières ont parfois limité notre créativité, mais j’ai écrit avec passion, et cela reste une expérience marquante pour moi.

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