Lancement à Tunis du rapport régional de l’Unesco : Pour une transformation numérique réussie au Maghreb
Le rapport de l’Unesco souligne que la Tunisie affiche une hausse significative des effectifs à tous les niveaux d’enseignement et met en exergue l’importante progression de la connectivité. Toutefois, des carences persistent à certains niveaux.
La Presse —L’Organisation des Nations unies pour l’Education (Unesco) a officiellement lancé, hier mardi 26 novembre, son rapport régional intitulé « De chenille à papillon : pour une transformation numérique réussie ». Une conférence a été tenue à cet effet au Centre international de formation des formateurs et d’innovation pédagogique (Ciffip), aux Berges du Lac, Tunis, en présence notamment de représentants de l’Unesco, du ministère de l’Education nationale, des acteurs nationaux et internationaux, des partenaires du secteur privé du développement.
Des défis communs
Ce rapport inaugure une nouvelle série annuelle de l’Unesco intitulée « Regard sur l’éducation au Maghreb », qui se concentrera chaque année sur un aspect spécifique du secteur éducatif dans la région. L’édition de cette année présente une analyse du processus de transformation numérique au sein des systèmes éducatifs des pays du Maghreb, à savoir la Tunisie, l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Mauritanie, soulignant une sélection de bonnes pratiques et proposant des recommandations stratégiques pour renforcer cette dynamique dans chaque pays. Elle offre des recommandations concrètes pour guider les politiques publiques et les investissements nécessaires et faciliter les partenariats.
Les systèmes éducatifs du Maghreb connaissent actuellement des transformations importantes, en particulier face aux défis démographiques, climatiques et technologiques. Les cinq pays de la région s’engagent dans des réformes pour améliorer la performance et l’équité de leurs systèmes éducatifs, en intégrant les nouvelles technologies. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, des défis communs persistent, notamment en matière de coopération régionale autour de la transformation numérique de l’éducation.
« Alors que le pacte numérique mondial vient d’être adopté par les Etats-membres des Nations unies, nous constatons que les cinq pays du Maghreb sont engagés dans la transformation numérique d’une façon plus pérenne, innovante et inclusive, ce qui est crucial, souligne Eric Falt, directeur régional du Bureau de l’Unesco pour le Maghreb, présent lors de la présentation de ce rapport.
lmportante progression de la connectivité en Tunisie
En Tunisie, le ministère de l’Education travaille activement à intégrer les technologies dans l’éducation par l’intermédiaire de plusieurs directions régionales. Le Centre national des technologies en éducation (Cnte) et la direction générale de l’informatique et de l’administration électronique (Dgiae) sont au cœur de cette transformation, relève le rapport en question. La stratégique numérique du ministère, qui inclut plusieurs plans stratégiques (2010/2025) vise à moderniser le système éducatif par l’intégration des TIC. La stratégie éducative 2023/2025 promeut l’intégration des technologies dans les programmes scolaires et la modernisation des infrastructures. Des indicateurs et des tableaux de bord ont été conçus pour suivre l’avancement des objectifs stratégiques.
Le rapport met en exergue l’importante progression de la connectivité en Tunisie entre 2019 et 2022, avec un taux élevé d’écoles secondaires et primaires connectées. Toutes les écoles sont presque équipées d’ordinateurs. Les élèves acquièrent des compétences numériques dès le primaire, puis bénéficient d’une formation approfondie dans le secondaire. La gestion des dossiers des élèves est numérisée, permettant des inscriptions en ligne et un suivi des performances académiques via des systèmes numériques.
Disparités interrégionales
Toutefois, c’est dans les zones rurales que les défis persistent. En effet, et selon le rapport, la fracture ville-campagne est significative en matière de compétences dans notre pays. Et d’ajouter à ce propos que les femmes utilisent moins internet que les hommes, et même si elles sont plus nombreuses dans le secteur de l’enseignement supérieur, les femmes sont moins nombreuses à obtenir un diplôme en science, technologie, ingénierie et mathématiques (Stim), soulignant ainsi une présence encore faible dans les domaines technologiques.
D’importantes disparités interrégionales existent en matière d’accès à la technologie et à la qualité de connectivité. Cette situation crée un écart considérable entre les habitants de la zone reculée et rurale et ceux des zones urbaines. Il est donc recommandé de continuer à investir dans les régions les plus défavorisées. En vue d’améliorer la connectivité des écoles. En raison de ces disparités, il ne semble pas souhaitable de dépendre exclusivement de méthodes pédagogiques en ligne pour assurer l’apprentissage tout au long de la vie. Le rapport préconise la mise en œuvre de solutions hybrides, alliant formation en ligne et en présentiel.
« Si la Tunisie s’est engagée dans une stratégie de transformation numérique de son secteur éducatif, l’intégration de l’intelligence artificielle en est encore à ses début ». A ce propos, le gouvernement explore activement son potentiel en établissant des partenaires avec des institutions internationales et des experts. La collaboration interinstitutionnelle est cruciale pour la transformation numérique de l’éducation, comme en témoignent des initiatives telles que le programme de l’école numérique qui équipe les écoles et forme les élèves à l’utilisation de la technologie. Certains partenaires et entreprises privées soutiennent ces efforts avec des projets, comme « GovTech », ou « Tunis Futur School ».
Difficultés liées à la performance du système éducatif
La Tunisie affiche une hausse significative des effectifs à tous les niveaux d’enseignement. En 2022, le pays comptait environ 2,5 millions d’inscrits dans l’enseignent primaire et secondaire, et 300 mille étudiants dans l’enseignement supérieur. Ces chiffres reflètent une hausse constante de la population scolaire, renforcée par une politique nationale visant à assurer l’accès à l’éducation à tous les enfants, ainsi qu’à encourager les jeunes à poursuivre des études supérieures. Toutefois, l’enquête, par grappe à indicateurs multiples (MICS) de 2023, indique, selon le rapport, certaines difficultés liées à la performance du système éducatif. La transformation numérique de ce système peut constituer un moyen efficace susceptible d’améliorer la qualité de l’éducation et de retenir les élèves dans le système.
Le taux d’utilisation d’internet a lui aussi enregistré une croissance remarquable, souligne le rapport. Entre 2019 et 2022, le pourcentage de la population connectée a bondi d’environ 7 points. Une tendance haussière qui se reflète aussi dans le secteur de l’éducation. En effet, 96% des écoles secondaires disposent désormais d’internet à des fins pédagogiques, marquant une hausse de 13 points en 7 ans. Les écoles primaires suivent la même dynamique avec 80% de connexion en 2022 contre 56% en 2017. Presque toutes les écoles sont équipées d’ordinateurs pour l’enseignement (95% des établissements primaires et 98% des établissements secondaires). En outre, la Tunisie consacre une part considérable de ses ressources à l’éducation, se positionnant parmi les pays les plus investis en la matière.
Travailler davantage sur l’équité et l’égalité
Le directeur général du Centre national des technologies en éducation au ministère de l’Education et membre du comité éditorial, Skander Ghenia, a mis en avant, dans son intervention, à cette occasion l’évolution rapide réalisée dans notre pays au niveau des infrastructures dans un contexte où l’intelligence artificielle prend une place très importante en matière de transformation digitale. Il a évoqué la vision de notre pays en matière d’intégration numérique qui a été entamée depuis les années 90. A ce propos, il a ajouté que le ministère de l’Education travaille sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement à travers plusieurs axes, dont celui de la transformation digitale avec la coopération d’autres départements ministériels, à l’instar du ministère des Technologies et de la Communication et les opérateurs.
Ghenia a fait savoir que dans le cadre de la stratégie de digitalisation, 4000 établissements scolaires sont connectés avec un très haut débit en Tunisie. En plus, 500 établissements scolaires sont connectés à travers les classes mobiles, et 2000 classes mobiles vont être bientôt généralisées. « Le rapport ne présente pas un cadre pour juger les pratiques de chaque pays, mais plutôt un cadre d’échange pour tirer les leçons et pouvoir avancer. Il faut toutefois insister sur l’équité et l’égalité des chances et permettre aux écoles d’accéder aux nouvelles technologies », a-t-il souligné.
Sur un autre plan, Hélène Guiol, Cheffe du programme Education au bureau de l’Unesco Maghreb, a souligné dans une vidéo projetée à cette occasion qu’il faut « déployer davantage de moyens pour intégrer toutes les dimensions du financement de la transformation numérique de l’Education avec les ressources appropriées, les mécanismes de financement possible et d’établir des partenariats ». Les cadres de financement doivent fournir aux institutions éducatives les ressources nécessaires pour l’acquisition et le déploiement des technologies d’éducation numérique en accord avec les objectifs politiques. Selon les experts, il est important que les pays investissent dans le développement des systèmes d’information et le changement de leurs législations inhérentes aux TIC.
Ce rapport est la première édition d’une initiative lancée par le bureau régional de l’Unesco pour le Maghreb. Il vise à analyser chaque année l’état d’une question fondamentale dans les pays de la région.
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