L’Afrique en mutation : Une opportunité pour le secteur pharmaceutique tunisien et au-delà
Grâce à son positionnement géographique, la Tunisie peut tirer parti de son intégration économique au Comesa et des synergies avec l’Afrique subsaharienne. Les exportations tunisiennes vers cette région ont enregistré une croissance significative d’ailleurs, particulièrement dans les secteurs du pharmaceutique et des équipements médicaux.
Un workshop dédié aux opportunités et défis du secteur médical-paramédical en Afrique a été organisé récemment à Tunis, par une plateforme B2B. Il a été une occasion pour créer des synergies entre les acteurs économiques.
Entre infrastructures, dispositifs médicaux et téléconsultation, les experts se sont succédé pour dessiner les contours d’un continent en mutation rapide, et plein d’opportunités à saisir. Mais c’est surtout la présentation «L’Afrique en chiffres» de Mehdi Mili qui a donné le ton à cette journée d’échanges stratégiques.
Professeur en finances et expert en commerce international à Bahreïn, Mili a livré une image saisissante des dynamiques africaines. Le professeur souligne dans son intervention la diversité économique, linguistique et commerciale du continent, qui n’est pas une comme certains pourraient à tort le penser.
1,25 milliard d’individus répartis sur 54 pays
A l’appui, des données chiffrées : malgré un score moyen de diversification économique modeste, les zones comme le Comesa et la Zlecaf redessinent les lignes du commerce régional, où la Tunisie pourrait se positionner comme un acteur pivot. Mais au départ de tout cela, il faut savoir que l’Afrique est un marché de 1,25 milliard d’individus répartis sur 54 pays. En 2024, et alors que le monde, de l’Europe à l’Amérique, est en crise relative, le continent affiche un taux de croissance enviable de 3,8 %.
D’emblée, Mehdi Mili plante le décor et rappelle au public présent une vérité fondamentale : l’Afrique n’est pas un bloc homogène. La diversité de ses économies, langues et niveaux de développement constitue autant de défis que de leviers d’action. Le score moyen de diversification économique, qui atteint à peine 38,3 sur 100, est en fait une preuve supplémentaire de la dynamique et du potentiel de certaines zones économiques du continent, comme le Comesa ou la Zlecaf, qui permettent d’envisager une transformation profonde des échanges intra-africains.
Le commerce entre les pays du continent reste limité mais avec une marge de progression impressionnante. Il représente seulement 3 % des échanges mondiaux, loin derrière l’Europe (37 %) ou l’Asie (39 %). Toutefois, les accords comme la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) ne cessent de renforcer ces échanges.
Les génériques, comme porte d’entrée
Grâce à son positionnement géographique, la Tunisie peut tirer parti de son intégration économique au Comesa et des synergies avec l’Afrique subsaharienne. Les exportations tunisiennes vers cette région ont enregistré une croissance significative d’ailleurs, particulièrement dans les secteurs du pharmaceutique et des équipements médicaux.
L’une des données les plus marquantes de la présentation concerne le secteur pharmaceutique africain. Bien qu’encore sous-développé, il génère déjà 27,8 milliards de dollars d’opportunités sur un marché mondial estimé à 1.530 milliards de dollars. Les génériques, qui constituent 40 % des ventes, sont une porte d’entrée pour les entreprises tunisiennes qui cherchent à s’implanter durablement en Afrique.
Au-delà des chiffres, le professeur Mili a insisté sur l’importance de comprendre les risques pays et les environnements d’affaires. Des nations comme le Sénégal (B/B) ou le Maroc (A4/A4) offrent des opportunités stables, tandis que d’autres, comme l’Angola (C/D) ou le Burundi (E/E), nécessitent une approche plus prudente et stratégique.
Reconsidérer les risques pays
Cependant, lors de son intervention, Fayçal Hebiri, ingénieur consultant et conseiller en export, a indiqué que ces notes de risques pays sont des notes qui sont donnés avec une optique un peu trop occidentale. Il explique que lorsqu’il se rend dans divers pays africains, même ceux considérés risqués, il ne le perçoit pas au quotidien. Pour lui, ces données sur les risques pays sont à prendre avec des pincettes. Exporter un produit ou implanter une idée dans un autre pays, particulièrement en Afrique, ne relève plus parfois de la simple adaptation technique.
« Pour réussir une exportation, il est fondamental de prendre en compte les différences culturelles parfois insurmontables. Nous avons tendance à cataloguer les autres cultures de manière subjective, ce qui peut conduire à des évaluations erronées », prône Fayçal Hebiri.
L’Afrique, avec ses défis et ses opportunités, n’est donc pas un territoire à généraliser mais à comprendre dans toute sa complexité. Derrière les chiffres et les projections, elle offre un potentiel réel à ceux qui sauront s’y engager avec discernement, et le respect de sa diversité. Certaines entreprises tunisiennes y réussissent d’ailleurs très bien.
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