L’Afrique du Nord face à l’épidémie silencieuse : Le cancer du sein, un défi sanitaire à l’heure de l’innovation
Chaque année, des milliers de personnes en Afrique du Nord reçoivent un diagnostic de cancer, une maladie qui bouleverse des vies et pèse lourdement sur les systèmes de santé. Parmi les nombreux types de cancer, celui du sein reste le plus répandu chez les femmes, représentant près d’un quart des nouveaux cas dans la région. Si des progrès ont été réalisés, notamment en matière de dépistage et de sensibilisation, les défis demeurent immenses : accès aux soins, coût des traitements et disparités régionales.
La Presse — Le cancer, une maladie redoutée et en constante progression, pose un défi colossal à l’Afrique du Nord. Dans cette région riche d’histoire et de diversité, les projections sont alarmantes : le nombre de cas devrait doubler d’ici 2040, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Avec le cancer du sein comme principale cause de mortalité oncologique féminine, la question n’est plus seulement médicale, mais aussi sociétale et économique.
Consciente de ce constat alarmant, la société pharmaceutique Roche, en partenariat avec Lynx, a organisé le 25 novembre 2024 une Journée de presse au Caire, en Égypte. Cet événement a réuni des experts de toute la région pour aborder les défis posés par le cancer, discuter des solutions novatrices et renforcer la collaboration régionale. Les discussions ont mis en avant les besoins critiques : diagnostic précoce, accessibilité aux traitements et sensibilisation des populations.
Selon les données présentées, le cancer du sein représente 24,5 % des nouveaux cas de cancers féminins en Afrique du Nord chaque année. «En Égypte, par exemple, bien que le nombre de cas de cancer diagnostiqués reste inférieur à la moyenne mondiale, le taux de mortalité y demeure préoccupant, atteignant 1,6 %. Depuis le lancement d’initiatives nationales dans ce pays, 22 millions de femmes ont été dépistées, et 20 % d’entre elles ont bénéficié de traitements ayant conduit à une guérison», a indiqué Dr Mohamed Swilam, directeur général de Roche en Égypte.
La Tunisie en première ligne : un modèle à renforcer
La Tunisie, avec une population de 12 millions d’habitants, enregistre chaque année environ 3.000 nouveaux cas de cancer du sein, selon les statistiques de l’Institut Salah-Azaïz, principal centre oncologique du pays. Ce chiffre représente 30% des cancers féminins diagnostiqués. Si des progrès notables ont été réalisés, comme l’élargissement du dépistage à travers les centres de santé publique, des défis majeurs subsistent.
En effet, depuis 2006, le ministère de la Santé a inscrit la lutte contre le cancer du sein comme priorité nationale. À travers des campagnes de sensibilisation, il vise à encourager les femmes à se faire dépister précocement. Actuellement, près de 40 % des cas sont détectés à un stade précoce en Tunisie, un chiffre prometteur, mais encore loin des standards internationaux.
Par ailleurs, dans notre pays, des organisations comme l’Association Nourane jouent un rôle central dans cette lutte. Depuis sa création en 2016, l’association a permis d’établir des unités de mammographie dans plusieurs régions défavorisées, où l’accès aux soins est limité. «En 2023, plus de 10.000 femmes ont été dépistées grâce à l’unité mobile de l’association, et 1.000 cas nécessitant un traitement urgent ont été identifiés… Des actions comme les journées de dépistage contre le cancer visent à réduire les délais de diagnostic, permettant aux patientes de recevoir un diagnostic complet en une journée. Cela inclut des examens radiologiques, des analyses pathologiques et des consultations multidisciplinaires. Ce modèle innovant offre un espoir tangible, surtout dans les régions rurales où les infrastructures sont souvent insuffisantes», a expliqué Ghazi Jerbi, Président de l’association, lors de son intervention.
La collaboration régionale : une clé pour avancer
Pour sa part, Imène Ben Abdallah, directrice générale de Roche pour la Tunisie et la Libye, a insisté sur l’importance des partenariats régionaux.
Elle a rappelé que la Tunisie collabore activement avec des pays comme l’Algérie et le Maroc pour partager les bonnes pratiques. «En Algérie, depuis 2016, des plans nationaux ont permis de tripler les dépistages annuels. Au Maroc, des initiatives comme celles de la Fondation Lalla-Salma ont bénéficié à plus de 1,6 million de femmes, en facilitant l’accès aux traitements et aux campagnes de sensibilisation», a-t-elle précisé.
Ben Abdallah a également souligné l’importance d’intégrer des technologies modernes, telles que l’intelligence artificielle, pour améliorer les résultats des dépistages. «Le futur de la lutte contre le cancer repose sur l’innovation et la collaboration», a-t-elle affirmé.
En effet, selon le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), les coûts directs et indirects liés au cancer pourraient dépasser 1,5 milliard de dollars par an en Afrique du Nord d’ici 2030.
Cette charge économique s’ajoute au fardeau humain et social. Pourtant, les solutions existent. Le dépistage précoce, par exemple, réduit les coûts des traitements et améliore significativement les chances de survie.
Un rapport de l’OMS estime que pour chaque dollar investi dans le dépistage et la sensibilisation, les systèmes de santé réalisent un retour sur investissement de 2,5 dollars grâce à des économies sur les traitements à un stade avancé.
Cependant, l’accès aux médicaments innovants reste un défi. En Tunisie comme dans la plupart des autre pays de la région, bien que les traitements ciblés soient disponibles, leur coût élevé limite leur accessibilité. À cet égard, une meilleure régulation des prix et un renforcement des politiques de remboursement pourraient faciliter l’accès à ces thérapies pour un plus grand nombre de patientes.
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