La Tunisie à l’arraché ! : Un niveau insuffisant
On savait que l’équipe de Tunisie n’était pas prête pour rendre une copie parfaite. Mais le jeu proposé a été d’une telle pauvreté qu’il nous est interdit de jubiler pour cette victoire à l’arraché face à Madagascar.
Faouzi Benzarti n’était pas revenu aux manettes de l’équipe de Tunisie juste pour occuper le poste de son prédécesseur ou parce que la sélection lui manquait depuis 2019, mais bel et bien pour user de son savoir et de son autorité afin de remettre le onze tunisien dans le droit chemin, et aussi pour en finir avec les systèmes suffisants et prudents et proposer un jeu attractif et séduisant. Un jeu qui ne relègue pas au second plan la qualité pour se soucier uniquement du résultat et de l’efficacité. Nous l’avons abordé sur ces mêmes colonnes d’avant-match contre les Malgaches en posant la question suivante : Faouzi Benzarti, le grand adepte du pressing, pourra-t-il annoncer d’entrée la couleur et opérer le grand changement avec une équipe bâtie sur d’autres principes ? Sera-il en mesure de faire jouer l’équipe beaucoup plus haut alors que, des années durant, elle nous a proposé un bloc bas, un jeu défensif et principalement basé sur le contre ? Nous nous sommes demandés aussi s’il allait trouver le bon plan pour contourner le bloc hermétique de l’équipe visiteuse. Après la victoire à la toute dernière minute de jeu du temps additionnel grâce au double exploit individuel de Bilel Mejri avec son centre parfait et de Ferjani Sassi avec son coup de casque victorieux, après toutes les sueurs froides connues avant ce but libérateur où nous avons été à deux doigts du pire, sans les parades décisives du portier Amen Allah Memmich, nous pouvons dire qu’il y a encore un long chemin à parcourir et beaucoup de travail à faire pour réussir la grande métamorphose dans le jeu du team national.
crédit photo : © Mokhtar HMIMA
Casting précipité
On ne reprochera pas à Faouzi Benzarti d’avoir essayé de porter le costume de coach novateur en nous réservant trois surprises dans l’équipe type. Amen Allah Memmich dans les buts à la place de Béchir Ben Saïd, c’était un coup de poker réussi. L’arrêt réflexe de la 12e minute de ce gardien nous a évité d’être douchés très tôt sur le tir de Loic Lapoussin. Son envolée au ras du poteau gauche (59‘) pour détourner d’extrême justesse une frappe lointaine, soudaine, puissante et bien cadrée a fait revenir ses coéquipiers dans le match. Mais si le choix de Amen Allah Memmich a été porteur, on ne peut en dire autant pour la titularisation de Ben Ouannès et de Ali Youssef en attaque où on avait besoin de joueurs de vitesse et de percussion tranchants et pas de joueurs qui ont une technique de prise de balle et de passe raffinée sans être rapides et percutants. Surtout avec ce dézonage de Saifallah Ltaief sur le côté gauche et le placement de Radhouane Ben Ouannès sur le côté droit où il a eu toutes les peines pour imposer son pied gauche, se démarquer en pleine course et multiplier centres au millimètre ou passes bien exploitables en retrait. La rentrée tardive de Bilel Mejri (auteur du centre parfait qui a été derrière le but salvateur de Ferjani Sassi) montre bien que le choix de Ben Ouannès et de Ali Youssef ne nous a pas permis de prendre la défense malgache de vitesse et de ne l’inquiéter qu’une seule fois en première période sur une reprise de Mohamed Ali Ben Romdhane (25‘). La deuxième occasion parfaite durant ce match a été la dernière passe d’une extrême pureté de Hamza Khadhraoui pour Ali Abdi complètement démarqué dans les six mètres mais qui bute sur la sortie du gardien Sonny Laiton (83‘). Les deux joueurs, Mejri et Khadraoui, laissés comme jokers, ont fait mieux que Ben Ouannès et Ali Youssef qui ont été placés comme pions stratégiques sur l’échiquier de départ. Sans oublier le rôle de Raed Bouchniba sur le plan offensif. Certes, on ne demande pas à un latéral de marquer des buts mais son apport dans les montées et le surnombre en attaque doivent être palpables et déterminants.
Circonstances atténuantes
Certes, on peut invoquer les conditions pas du tout favorables dans lesquelles a été effectuée la préparation de ce match, le nombre élevé de piliers de la sélection qui ont été obligés de déclarer forfait (Yan Valery, Elyès Skhiri, Elyès Achouri et Youssef Msakni notamment) pour expliquer cette très mauvaise copie rendue par les Aigles de Carthage malgré la victoire sur le fil mais pas au point de s’y attarder et en faire un prétexte pour balayer les doutes, les craintes et la déception suscités comme a tenté de le faire l’entraîneur adjoint Kais Yâacoubi dans sa déclaration d’après-match. Kamel Idir, le président du Comité de normalisation, est, lui aussi, tombé dans le «piège» en se félicitant du «bon comportement des Aigles» qui ont bien joué «comme s’il avait assisté à un autre match». Oui, il y a eu ce grand retard dans le démarrage de la saison, le peu de matches dans les jambes des joueurs (locaux et expatriés), le stage très court pour bien peaufiner le groupe, mais la tâche d’un staff technique, c’est de savoir gérer un effectif même diminué. Le déficit physique, on peut le compenser par le potentiel et l’habileté technique, par le savoir de puiser au plus profond de soi- même pour se surpasser, par un mental assez fort et du caractère.
L’approche tactique de la rencontre, le plan B quand le système ne marche pas, la gestion bancale des joueurs, les changements planifiés à l’avance poste par poste et pas improvisés dans la hâte et suscitant stupeur et étonnement (comme Nader Ghandri arrière central aligné comme avant centre comme s’il n’y avait pas la solution Seifeddine Jaziri sur le banc), ce sont aussi des facteurs importants dans l’explication objective, lucide et constructive d’un sortie pas très convaincante ni rassurante malgré les trois points du succès qui comptent. Face à la Gambie demain, Faouzi Benzarti va devoir revoir la triste copie du match contre le Madagascar, ainsi que réétudier certains de ses choix approximatifs et de ses orientations tactiques. Bref, l’équipe doit absolument se remettre en selle.
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