Culture

«La fille du 8 janvier», film de Marouane El Meddeb: Un film pour l’Histoire

Il n’y a pas de meilleure manière que de filmer la voix d’une militante née et grandie dans un quartier modeste de Menzel Bourguiba, un témoin des événements décisifs qui ont marqué notre histoire. Un film documentaire à voir aux JCC dans la compétition nationale du cinéma tunisien.

13 années de la vie de Kawther, une militante tunisienne dans une Tunisie post-révolution. Mère de quatre enfants, femme rebelle et engagée, elle vit son parcours depuis le discours marquant qu’elle a prononcé lors des événements du 8 janvier 2011 à la place Mohamed-Ali, à Tunis, devant la centrale syndicale Ugtt. Cette place, emblématique du mouvement syndical et protestataire de la Tunisie moderne, devient le symbole d’une résistance qui façonne son destin. Aujourd’hui, Kawther poursuit son chemin malgré les désillusions, rêvant toujours d’une Tunisie meilleure.

Marouane El Meddeb, réalisateur et enseignant universitaire en cinéma, est membre de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs depuis sa jeunesse. Il poursuit ce parcours de cette femme dans un film aux racines personnelles. «Qui parmi nous n’a pas rêvé d’un monde meilleur, d’une Tunisie juste et libre ?

En tant qu’étudiant, militant de la société civile, j’ai été témoin des violences exercées par le régime de Ben Ali contre les militants de gauche et ceux qui osaient critiquer ce système corrompu. Cette répression m’a convaincu que la liberté ne se donne pas : elle se conquiert, et il faut aller jusqu’au bout pour donner la parole aux Tunisiens, pour que la liberté et la justice ne soient pas seulement des illusions, mais une réalité vécue. S’exprime-t-il.

Et il poursuit dans sa présentation de son film : «Dans la lignée de mes engagements personnels et nationaux, j’ai croisé le chemin de Kawther Ayari, à l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), place Mohamed-Ali El Hammi. Nos rencontres se sont multipliées dans les comités de soutien aux grèves de la faim, dans les manifestations, mais c’est le 8 janvier 2011 que notre rencontre a pris une tournure décisive. Ce jour-là, Kawther est devenue une figure emblématique du combat tunisien».

Comme une étoile dans un ciel d’hiver sombre, elle a illuminé la place Mohamed Ali, encerclée par les forces de l’ordre.

Avec un courage immense, portée par son rêve d’un avenir meilleur, elle s’est frayé un chemin à travers les rangs policiers pour s’accrocher à une fenêtre et prendre la parole. Son discours appelant les Tunisiens à défier la dictature a résonné comme un acte de résistance.

La vidéo de ce discours s’est rapidement répandue dans les médias et sur les réseaux sociaux, marquant les mémoires et éveillant les consciences. «Cette jeune militante, avec sa présence saisissante et sa parole libre, a été une révélation pour moi. En tant qu’artiste, elle est devenue “la femme de mes rêves documentaires”. Comment retracer la révolution tunisienne à travers un film documentaire ? Comment donner une place juste à la femme tunisienne, qui a été au cœur de tous les combats et de toutes les grandes décisions, mais dont la contribution reste trop souvent ignorée par les historiens ?», confie-t-il avec émotion.

Il n’y a pas de meilleure manière que de filmer la voix d’une militante née et grandie dans un quartier modeste de Menzel Bourguiba, et est témoin des événements décisifs qui ont marqué notre histoire.

À travers ses confidences, ses récits, son engagement, ce film explore la mémoire de la Tunisie post-révolution, un voyage intime où la vie personnelle de Kawther se mêle à ses luttes militantes. «La fille du 8 janvier», à voir aux JCC.

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